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11 millions d'articles saisis par la douane: 94% des produits contrefaits proviennent de Chine

par Z. Mehdaoui

La Chine est le principal fournisseur de l'Algérie en produits contrefaits. En effet, 94% de ces produits introduits en toute «légalité» en Algérie proviennent de ce pays durant l'année 2016. C'est du moins ce qu'a affirmé hier Oumessaoud Youcef, un responsable des douanes algériennes, à l'occasion d'un séminaire organisé à l'hôtel El Aurrasi à Alger et consacré à la lutte contre la contrefaçon dans notre pays.

Entre 2008 et 2016, pas moins de 11 millions d'articles ont été saisis, a déclaré ce responsable qui souligne que le pic a été atteint en 2007 avec la saisie record de 2 millions d'articles. Tous les produits sont concernés. Les vêtements, les cosmétiques, les produits électriques, la pièce détachée pour véhicules, les médicaments, les produits agroalimentaires. Les Chinois disposent d'une capacité inouïe à «dupliquer» les produits d'origine sur simple demande.

Il faut savoir que la contrefaçon concerne 2,5% du commerce international. Cela représente la bagatelle somme de 461 milliards de dollars. En Algérie, les autorités, à leur tête la douane, trouvent d'énormes difficultés à lutter contre ce phénomène dont le terreau est le commerce informel. Parmi les lacunes révélées hier par le représentant de la douane le fait que les douaniers ne peuvent intervenir, y compris au niveau des ports, que sur demande d'un opérateur économique dont les produits sont contrefaits. En l'absence de cette demande, la douane ne peut pas émettre de bulletin d'alerte, dira Oumessaoud Youcef, inspecteur divisionnaire à la douane qui a présenté une communication sur « l'expérience algérienne en matière de lutte contre la contrefaçon ». Selon l'inspecteur divisionnaire, ce sont les entreprises étrangères qui recourent de plus en plus à la justice pour recouvrer leurs droits quand leurs produits sont contrefaits. « 60% des affaires traitées par la justice algérienne concernent des entreprises étrangères», a fait savoir l'inspecteur divisionnaire qui fait une réflexion en déclarant que « les étrangers connaissent mieux leurs droits que les Algériens ». Selon M. Oumessaoud, la douane ne peut pas faire grand-chose sans l'aide et la coopération des détenteurs des droits de la propriété intellectuelle. Les représentants de plusieurs départements ministériels ainsi que le responsable de l'INAPI (protection de la propriété intellectuelle) sont intervenus hier pour faire étalage comme à chaque fois simplement de la législation mise en place pour lutter contre la contrefaçon qui gangrène l'économie nationale. Le pays est-il condamné à vivre ce phénomène avec tous les dangers que cela représente sur le consommateur Algérien ? Non, la solution existe, selon Bruno Frentzel, vice-président de Condor-SICPA, une joint venture algéro-suisse qui propose de mettre définitivement fin à la contrefaçon à travers la technologie de marquage qui a montré ses preuves dans de nombreux pays. C'est en fait une combinaison unique de compétences en matière d'informatique de télécommunications et de contrôle de processus industriels ainsi qu'en matière de sécurité matérielle et digitale. Cela contribuera également à la protection de la santé des citoyens et de soutien aux gouvernements et aux opérateurs économiques par la mise à disposition de moyens technologiques permettant la responsabilisation de tous les acteurs de la chaîne d'approvisionnement, de l'avis de M. Bruno qui rappelle par ailleurs que toutes les monnaies (dollar, euro, etc.) sont sécurisées grâce à des technologies de SICPA. Selon lui, de nombreux pays (Malaisie, Turquie..) qui ont connu ce phénomène, à l'instar de l'Algérie ont tous ont pu sortir de l'ornière et ont réussi à gagner sur le plan fiscal et à augmenter leur PIB en un espace très court. « La fraude détruit le PIB et tue l'emploi», a déclaré le vice-président de SICPA qui souligne que « le marquage sécurisé et infalsifiable est absolument essentiel pour lutter contre la contrefaçon ». A noter que le projet de Condor-SICPA est sur la table du gouvernement. Ce dernier, d'après Bruno Frentzel, a montré un « intérêt certain » pour cette technologie utilisée déjà dans pas moins de 180 pays.