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Amnesty International réclame une «enquête indépendante»: Décès du journaliste Mohamed Tamalt

par R. N.

  «Les autorités algériennes doivent ouvrir une enquête indépendante, approfondie et transparente sur les circonstances de la mort du journaliste Mohamed Tamalt, survenue aujourd'hui, 11 décembre, à l'hôpital Lamine Debaghine, de Bab El Oued, où il avait été transféré suite à sa grève de la faim», a déclaré ?Amnesty International', dans un communiqué.

Amnesty rappelle que Tamalt avait été «condamné, le 11 juillet, à deux ans d'emprisonnement et à une amende de 200.000 DA, par le Tribunal de Sidi M'Hamed, à Alger, pour «outrage» au président et aux institutions publiques, en vertu des articles 144, 144 bis et 146 du Code pénal, en raison de messages qu'il avait publiés sur Facebook».

Cette condamnation avait été confirmée, en appel le 9 août. «Ses avocats avaient saisi la Cour de cassation, plus haute juridiction du pays, qui a le pouvoir d'annuler la condamnation, de la confirmer ou de faire rejuger l'affaire», précise Amnesty.

«?Amnesty International' avait exhorté les autorités algériennes à le libérer, immédiatement et sans condition et de veiller à ce que sa condamnation soit annulée. En ce qui concerne les infractions au Code pénal dont il avait été déclaré coupable, ?Amnesty International' estime que les actions en justice visant à protéger la réputation de personnalités publiques ou d'inconnus doivent relever d'une procédure civile et non pénale».

Dans un communiqué cité par l'APS, le ministère de la Justice confirme le décès de Mohamed Tamalt, rappelant que le défunt «purgeait une peine de 2 années de prison ferme, dans l'établissement de rééducation et de réadaptation de Koléa, relevant de la Cour de Tipaza». «Le dénommé Mohamed Tamalt qui purgeait une peine de deux années de prison ferme à l'établissement de rééducation et de réadaptation de Koléa, Cour de justice de Tipaza, est décédé, dimanche matin, 11/12/2016 au CHU Mohamed Lamine Debaghine (service des Urgences médico-chirurgicales) où il était admis depuis le 21 août 2016», précise le communiqué. Sur les circonstances du décès du journaliste, la direction générale de l'Administration pénitentiaire, au département de Tayeb Louh poursuit : «Dès son emprisonnement, le 28/06/2016, à l'établissement de rééducation et de réadaptation d'El Harrach, le concerné a entamé une grève de la faim, suite à laquelle il a été placé, à la même date, sous surveillance médicale. Il était ausculté, chaque jour, par le médecin de l'établissement qui mesurait sa tension artérielle et sa glycémie et contrôlait les signes de déshydratation et le degré de conscience».

Selon la même source, pendant sa grève de la faim, Mohamed Tamalt avait reçu la visite du «juge chargé de l'application des peines et le directeur de l'établissement de rééducation» pour «le persuader d'interrompre sa grève». «Des médecins et des psychologues sont, également, intervenus à cet effet mais, malgré tous les efforts consentis, il avait persisté dans sa grève», ajoute le communiqué du ministère de la Justice qui précise que «suite à une hypoglycémie, le 01/08/2016», Tamalt «a été mis sous perfusion de glucose et son état s'est amélioré». «Le 20/08/2016, Mohamed Tamalt présentant des difficultés de concentration, a été transféré en urgence à l'hôpital de Koléa où il a subi des analyses biologiques et un scanner qui n'ont mis en évidence aucun dysfonctionnement», indique la même source, ajoutant que «par la suite, il a été évacué au CHU ?Mohamed Lamine Debaghine' de Bab El Oued où il a été hospitalisé au service de réanimation pour subir une imagerie à résonance magnétique (IRM) qui a mis en évidence un accident vasculaire cérébral (AVC), dû à une hypertension artérielle, nécessitant une intervention en urgence, pratiquée par un neurochirurgien».

Le communiqué précise que «suite à cette intervention, le concerné a été placé, sous respiration artificielle et son état s'est amélioré, au point de reprendre conscience, de communiquer avec l'équipe médicale et de se remettre à une alimentation normale». «Cependant, il y a dix jours, les médecins ont décelé une infection pulmonaire et l'ont mis sous traitement, avant d'effectuer le 04/12/2016 un drainage pleural dont un échantillon a été envoyé à l'Institut Pasteur. Son état de santé s'est détérioré, le dimanche 11/12/2016, entraînant le décès», indique le communiqué. La même source indique aussi, que lors l'hospitalisation, «sa famille a pu suivre son état de santé et la prise en charge médicale qui lui a été réservée, à travers six visites de son frère, une visite de sa mère, deux visites de représentants de l'ambassade de Grande- Bretagne en Algérie et d'une visite de son avocat, maître Bachi Mecheri».