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Pétrole: L'Algérie veut parvenir à un bon accord à Vienne

par Yazid Alilat

L'Algérie veut parvenir à un bon accord lors de la réunion ministérielle ordinaire de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole le 30 novembre à Vienne. Le ministre algérien de l'Energie Nouredine Bouterfa est depuis le mois de septembre dernier sur la sellette et multiplie les entretiens avec ses homologues de l'organisation mais également avec d'autres producteurs comme la Russie, pour préparer un bon accord à Vienne, qui fasse remonter les cours. En fait, l'Algérie a déjà une proposition solide, qui sera soumise à la réunion du 30 novembre prochain des ministres de l'Opep, auxquels devront se joindre des représentants de pays producteurs non Opep. Cette proposition repose sur une réduction du plafond de production de l'Organisation, qui sera ramenée à 32,5 mb/j, avec des baisses des quotas de réduction pour chaque pays membres, et des mécanismes particuliers pour l'Iran, le Nigeria, la Libye et l'Irak. M. Bouterfa devra rencontrer ce samedi à Téhéran son homologue iranien Bijan Namdar Zanganeh autour de cette proposition algérienne qui a été acceptée et sera soumise par le Comité d'experts de l'Opep à la conférence ministérielle. «L'Algérie a mis sur la table une proposition. Nous estimons que c'est une bonne proposition. Elle est équilibrée et tient compte des préoccupations de toutes les parties», explique M. Bouterfa. Il a précisé, dans une déclaration à l'APS, que «c'est justement la proposition algérienne qui a été retenue par le Haut comité d'experts de l'Opep et qui a décidé, mardi dernier, de la soumettre à la conférence ministérielle de l'Opep du 30 novembre». «Nous sommes optimistes de voir notre proposition tenir lieu d'une bonne base de travail pour aboutir à un accord final» et la «proposition algérienne constitue également une bonne base de travail pour intégrer la contribution des pays non Opep à l'effort des pays Opep», a-t-il ajouté. Pour avoir tous les atouts en main, il a également ajouté que «nous poursuivons nos efforts pour parvenir à un accord consensuel, juste et équilibré qui mette en œuvre l'accord d'Alger», qui consiste à ramener la production entre 32,5 millions et 33 millions de barils par jour. L'Algérie mène de nombreuses consultations avec les pays membres et non membres de l'Opep afin de faire converger les points de vue et arriver à un accord susceptible de stabiliser durablement les marchés pétroliers», encore expliqué le ministre algérien, selon lequel les discussions «avec nos homologues» ont porté sur «des questions pratiques et nous restons optimistes pour que la réunion de Vienne conforte l'accord historique obtenu à Alger».

Le poids de la Russie

M. Bouterfa a rencontré depuis le mois de septembre, juste après la réunion extraordinaire de l'Opep d'Alger, ses homologues autant de l'Opep que des pays non Opep, dont le ministre Russe de l'Energie, Alexandre Novak, qui lui a réitéré le soutien de Moscou aux efforts de l'Algérie pour stabiliser le marché pétrolier, ramener la confiance et relancer les cours. Selon les experts, les pays Opep pourraient parvenir à un accord historique avec les pays non Opep pour une réduction globale de la production, un geste qui calmerait et redonnerait du mou à un marché sous pression.

L'Opep, qui tente de rallier les pays exportateurs non membres à une limitation concertée de l'offre, leur a proposé de réduire leur production de 500.000 barils par jour, a indiqué jeudi le ministre russe de l'Energie. Les autorités russes se sont dit prêtes depuis plusieurs mois à geler le niveau de production de ses entreprises pétrolières, qui a atteint des records ces derniers mois, privilégiant cette option à une réduction. Mais, à Vienne, la Russie, appelée par l'Opep et l'Algérie à contribuer à cet effort de stabilisation des marchés, pourrait faciliter les discussions en soutenant l'appel de l'Organisation à une réduction globale de la production de pétrole dans le monde.

Le ministre Russe de l'Energie a ainsi indiqué jeudi qu'un gel au niveau actuel de la production russe reviendrait à «une baisse de 200 à 300.000 barils par jour par rapport à la croissance prévue» et a ajouté que la Russie mène des discussions sur ce sujet avec d'autres pays non membres de l'Opep comme le Kazakhstan et le Mexique, mais pas avec les Etats-Unis.

Il s'est même dit optimiste sur l'issue de la réunion du 30 novembre: «Selon nos informations, les positions des pays producteurs de pétrole sont proches». La position de la Russie sera importante à cette réunion, ce qui a fait dire au PDG du géant pétrolier français Total, Patrick Pouyanné, qu'un accord est possible «sur une limitation de la production de pétrole.

A condition que la Russie y adhère». «Je pense aujourd'hui qu'il y a une dynamique vers un accord, a déclaré Patrick Pouyanné lors d'un forum énergétique à Paris. Maintenant, ça ne sera possible que si les pays non OPEP et donc la Russie, participent à l'accord parce que l'OPEP ne prendra pas sur elle toute seule un accord si la Russie n'y participe pas», a-t-il ajouté. Vendredi sur les marchés asiatiques, le pétrole était en baisse. Les prix baissaient en cours d'échanges européens dans un marché relativement calme. Vers 11h00 GMT (12h00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier valait 45,48 $ sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 55 cents par rapport à la clôture de jeudi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour la même échéance perdait 44 cents à 47,52 dollars.