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A partir de demain: La fonction publique renoue avec la grève

par Yazid Alilat

L'intersyndicale, un mouvement représentant une dizaine de syndicats des enseignants et de la fonction publique, reprendra demain lundi dans le secteur de l'éducation nationale notamment son mouvement de grèves cycliques pour demander le retrait du projet de loi sur la suppression de la retraite anticipée et sans condition d'âge.

Lors de la dernière réunion d'évaluation des résultats des quatre jours de débrayage organisé les 17-18 et 24-25 octobre derniers, les syndicats autonomes ont décidé de reconduire ce mouvement de protestation pour les journées des 21, 22 et 23 novembre, et devant être reconduites en principe les 27, 28 et 29 novembre, outre des sit-in à travers les wilayas et un grand rassemblement le 27 novembre prochain devant le siège de l'APN. Messaoud Boudiba, porte-parole du Conseil national des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapeste), a rappelé dans une déclaration au Quotidien d'Oran que «nos revendications sont les mêmes», à savoir «la retraite sans condition d'âge, la participation à l'élaboration du nouveau code du travail et la protection du pouvoir d'achat des travailleurs». M. Boudiba, qui a affirmé que «le ministère de l'Education nationale n'a pas contacté l'intersyndicale pour maintenir le dialogue», a souligné que «nos revendications ne peuvent être réglées par le ministère, le dossier est du ressort du gouvernement qui doit maintenant trouver les solutions.« Il a ajouté que »le ministère ne peut rien faire, mais en même temps, nous n'avons enregistré aucune tentative du ministère de maintenir le dialogue avec nous.» «Pour le premier dossier, celui de la retraite, nous demandons l'annulation du décret 97-13 relatif à la suppression de la retraite sans condition d'âge.

Pour le second, nous demandons d'être associés à l'élaboration du nouveau code du travail, et sur le volet du pouvoir d'achat, nous demandons au gouvernement de prendre en considération dans sa politique économique la dégradation des conditions sociales des travailleurs, et donc de préserver le pouvoir d'achat des travailleurs». L'intersyndicale, composée notamment des syndicats du secteur de l'éducation (Cnapeste, Snapest, Satef, CLA, Unpef, FNTE, ...), ne compte pas baisser la garde sur le dossier de la retraite.

Dans une précédente déclaration au Quotidien d'Oran, Messaoud Boudiba avait vivement réagi à la décision du gouvernement de supprimer la retraite anticipée et celle sans condition d'âge. «Nous refusons ces décisions, car nous n'avons pas été consultés», affirme-t-il, précisant que «les difficultés financières de la CNR (Caisse nationale de retraite) ne sont pas de notre responsabilité et ne nous concernent pas.» Pour Messaoud Boudiba, «si crise économique il y a, nous n'en sommes pas responsables.» Le gouvernement, à l'issue de la dernière tripartite de juin 2016, avait décidé de supprimer la retraite anticipée et celle proportionnelle, et a ramené l'âge légal de départ à la retraite à 60 ans. Depuis, c'est le «bras de fer» entre le gouvernement, à travers le ministère de l'Education nationale, et les syndicats des enseignants, auxquels se sont joints d'autres syndicats de la fonction publique. Lors des deux cycles de grève d'octobre dernier, le taux de participation avait atteint, selon un communiqué de l'intersyndicale, 75,3%, soit trois enseignants sur quatre. Par contre, la ministre de l'Education Nouria Benghebrit a affirmé que la participation n'a pas dépassé 19%. Dans ce bras de fer, il y a également un autre front ouvert par l'intersyndicale avec le ministre du Travail et des Affaires sociales, Mohamed El Ghazi. Celui-ci avait accusé les syndicats de «tromper l'opinion publique» sur le dossier du code du travail qui n'est pas «à l'ordre du jour», et leur a dénié le droit de participer à son élaboration.

Quant au gouvernement, il a justifié la suppression de la retraite sans condition d'âge et proportionnelle autant par les difficultés financières de la CNR que par la fin des conditions socioéconomiques qui avaient prévalu à la mise en place de cet arrêté, en fait imposé par le FMI dans la seconde moitié des années 1990 pour des réformes économiques et sociales draconiennes que l'Algérie avait appliquées, dans le cadre d'un plan d'ajustement structurel austère, en contrepartie de deux prêts du Fonds. Mais, les syndicats estiment que les chiffres avancés par le gouvernement sur le dossier de la retraite servent à justifier une fausse solution aux dépens des fonctionnaires.