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El Mactaâ sous toutes ses (belles) facettes: La preuve par la science

par G. O.

Les études scientifiques affirment que «la Macta représente un écosystème spécifique sur le littoral ouest de l'Algérie par sa position et la richesse de sa biodiversité».

Fragilisée, lit-on, par l'action anthropique, la Macta est classée en 2001 comme zone humide à protéger dans le cadre de la convention de Ramsar. «La Macta est parmi les 42 zones humides algériennes qui ont été identifiées et intégrées dans la liste mondiale des sites Ramsar» est-il souligné. «Cependant, mis à part le site d'El-Kala, qui est géré comme parc national et reconnu par un décret exécutif (Décret n° 83-462 du 23 juillet 1983 ? JORA, n°31, 1983), aucune autre zone humide n'a été officiellement classée en Algérie». Classement qui intègre, est-il indiqué, «avec des niveaux de protection différents, les trois zones composant ce milieu : les zones de marais, les zones de végétation naturelle et les zones agricoles». La superficie totale intégrant les trois secteurs est de 45000 ha. «Les marais de la Macta sont situés à 50 km à l'est d'Oran et à 40 km à l'ouest de Mostaganem. Ils occupent la partie en aval d'un grand bassin versant, celui de la Macta», disent les scientifiques. Ils estiment que «du point de vue administratif, la plus grande partie des marais se trouve dans la wilaya de Mascara, le reste est partagé entre les wilayas de Mostaganem et d'Oran». Autres précisions «la plaine de la Macta est une dépression de forme triangulaire, séparée de la baie d'Arzew par un cordon dunaire bordé au nord-ouest par la sebkha d'Arzew et au nord-est par la retombée sud du plateau de Mostaganem». Les scientifiques font savoir encore que «la plaine en amont de la zone humide de la Macta s'élargit fortement d'ouest en est. Vers le sud, elle remonte jusqu'aux contreforts des monts telliens, les monts d'Ouled Ali et des Béni Chougrane, au niveau de Mohammadia». Cette plaine est parcourue, est-il affirmé encore, « par une série d'oueds, dont les plus importants sont d'ouest en est : l'oued Sig, l'oued Habra et l'oued Tinn. Le premier alimente la basse plaine plus que les deux autres, partiellement canalisés jusqu'en aval du bassin versant, à quelques kilomètres du rivage. La confluence des trois oueds (Sig, Habra et Tinn), au niveau même de la zone humide de la Macta, forme l'oued Macta, lequel se jette en mer après avoir traversé le cordon dunaire à l'est de la localité de Mers El-Hadjadj».

Il est souligné que «dans les zones humides, la rétention de l'eau aux marais est due principalement à la topographie et à la nature imperméable des sols. Elle a favorisé l'accumulation de l'eau et des éléments nutritifs comme l'azote et le phosphore amenés par les différents oueds. Ces eaux stagnantes et les formations végétales qui les entourent forment un environnement très favorable à l'épanouissement et la multiplication d'une faune spécifique qui associe notamment des invertébrés, des oiseaux migrateurs et des poissons, comme l'anguille (Anguilla anguilla), la carpe (Cyprinus carpio), le barbeau (Barbus sp.) et la gambuse (Gambusia affinis). De nombreux amphibiens et reptiles sont également présents».

On apprend aussi que «la richesse ornithologique représente l'élément majeur de l'originalité des marais de la Macta et le principal facteur de classement dans le cadre de la convention de Ramsar (Conservation des Forêts, 2009). L'inventaire le plus récent de l'avifaune dressé par les services des Forêts de la région a recensé 47 espèces d'oiseaux d'eau, dont 17 limicoles, 11 espèces marines et 16 espèces de rapaces, y compris des espèces rares dont l'outarde canepetière (Tetrax tetrax) et la sarcelle marbrée (Marmaronetta angustirostris).

Parmi les quatre grands groupes d'oiseaux, on peut distinguer des espèces sédentaires, des espèces migratrices (hivernales ou estivales) et des migratrices partielles». Il est reconnu que « la région de la Macta présente aussi des potentialités économiques importantes, basées essentiellement sur l'agriculture et l'élevage.

La zone agricole de la Macta est la première région oléicole et agrumicole de l'ouest algérien, malgré les difficultés que connaissent ces activités depuis l'indépendance. «La protection durable de cet espace n'est pas chose facile, mais elle est toujours possible si elle utilise des instruments mieux adaptés aux enjeux réels, si elle intègre tous les acteurs concernés par la gestion du territoire et si elle prend en charge les interactions environnementales entre les écosystèmes de la zone humide et tout le bassin versant de la Macta», estiment les spécialistes.