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Jusqu' à 60% d'échec en 1ère année universitaire

par R. N.

Des pédagogues et des universitaires ont présenté jeudi à Alger des propositions pour la réforme du baccalauréat, à la lumière d'une série de rencontres avec l'ensemble des institutions et partenaires sociaux.

Lors d'un atelier national sur la refonte du baccalauréat, le recteur de l'université de Boumerdès, Abdelhakim Bentellis, a proposé la réduction de la durée des épreuves à moins de cinq jours pour atténuer la pression psychologique que subissent les candidats et leurs familles. Il a estimé que «la durée du baccalauréat algérien est la plus longue », proposant, en outre, d'organiser les examens des matières littéraires durant la deuxième année secondaire ou l'examen oral pour certains matières, notamment littéraires et d'habituer l'élève à faire des recherches.

Le directeur général de la recherche au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Abdelhafid Aourag, a mis l'accent sur les difficultés que rencontrent les étudiants de la première année universitaire en matière de langues étrangères, préconisant l'enseignement des matières scientifiques (mathématiques, physique et sciences naturelles) en langue française d'autant, dit-il, que la plupart des ouvrages disponibles sont en langue étrangère.

Pour l'inspecteur général du ministère de l'Education nationale, Nedjadi Messeguem, il y a la nécessité de revoir le contenu des programmes du baccalauréat. Alors que le conseiller au ministère de l'Education nationale, Mohamed Chaib Draa Tani, a indiqué que la tutelle a dégagé six propositions, allant de la réforme graduelle du baccalauréat et l'introduction de l'évaluation continue à la réduction de la durée de l'examen. Parmi ces propositions : le maintien de l'examen tel quel en amendant uniquement la programmation, la réduction de la durée à trois jours pour les matières essentielles, l'organisation d'une session en deuxième année secondaire et d'une autre en classe de terminale. Selon M. Chaib Draa Tani, les réformes seront graduelles et s'étaleront jusqu'a 2020. Pour lui, l'évaluation continue peut être introduite dès l'année prochaine pour les classes de terminale. Il a indiqué dans ce contexte que la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit, annoncera prochainement toutes les propositions et changements relatifs à cet examen. A noter que trois ateliers ont été constitués entre les deux ministères, le premier sur «la refonte du baccalauréat», le deuxième sur «la conception et l'élaboration des sujets» et le troisième sur «l'évaluation continue et autres innovations».

Une nouvelle conception du baccalauréat

Lors de ces débats il a été également question du taux d'échec en première année universitaire qui atteint 50% à 60% dans certaines spécialités, a indiqué le secrétaire général du MESRS, Seddiki Mohamed Salah Eddine. «Le taux d'échec en première année universitaire est élevé dans certaines universités et varie entre 50% et 60%, et ce en raison de la mauvaise orientation», a-t-il dit. Les sciences technologiques, ajoute le même responsable, figurent parmi les spécialités qui enregistrent le plus grand taux d'échec en première année.

Par ailleurs, l'analyse montre que l'examen du baccalauréat «ne reflète pas le savoir acquis par l'élève durant son cursus scolaire», a estimé le responsable pour qui la note du baccalauréat doit correspondre à l'orientation en comptabilisant par exemple les notes des matières essentielles.

Expliquant l'intérêt de la rencontre qui regroupe des experts des ministères de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et de l'Education nationale, M. Seddiki affirme qu'elle vise à «améliorer le système d'évaluation du baccalauréat partant d'une vision globale du système des examens nationaux et officiels». Il s'agit, dit-il, d'engager «une réflexion pour une nouvelle conception du baccalauréat, la rationalisation de son organisation, le renouvellement des méthodes d'élaboration des examens et le renforcement de la formation des formateurs spécialisés dans la préparation des examens peuvent constituer les premiers pas de la réforme globale du cycle d'enseignement secondaire».

La refonte du baccalauréat doit «avoir une approche globale, une démarche participative», a-t-il souligné. «La réforme du baccalauréat ne doit pas être considérée comme étant une fin en soi mais plutôt comme un processus de développement visant à améliorer les compétences des bacheliers et renforcer leurs connaissances». «Les efforts déployés à moyen terme pour la refonte et l'amélioration de cet examen doivent se concentrer sur le ciblage des connaissances à évaluer chez l'élève, outre la nécessité de faire la distinction entre les différentes branches, en réajustant les matières d'examen dans chaque branche et en s'assurant que chaque coefficient est établi suivant la nature et les caractéristiques de la branche», a indiqué M. Seddiki. Le secrétaire général du ministère de l'Education nationale, Abdelhakim Belabed, a annoncé que la refonte du baccalauréat inclura «la révision de l'organisation, du fonctionnement et des prérogatives de l'Office national des examens et des concours (ONEC), étant un organe technique et exécutif chargé de l'organisation de cet examen, pour devenir «une véritable institution capable de préparer le baccalauréat».