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La liberté : la loi et la justice !

par Yazid Haddar

Comment la liberté pourrait-elle garantir la justice ? La justice se réduit-elle à l'application de la loi ? A quoi sert         la loi quand le pouvoir juridique n'est pas libéré ? Et quand l'opposition politique n'est pas forte, ni organisée! D'une part l'opposition est dénuée de tout pouvoir législatif pour asseoir son assise et d'autre part, elle est minée par la culture de leadership ou l'homme providentiel ! Quand certaines institutions étatiques sont prisonnières de la volonté de quelques personnes ! Que faire ! Quand les libertés d'expressions médiatiques sont de plus en plus muselées, au nom de la loi ! Quand les libertés de consciences, garanties par la constitution, sont soumises au diktat de la morale religieuse, au nom de la loi ? (On veut des citoyens, mais croyant à la même confession !) Quand les libertés syndicales voient, de plus en plus, leurs actions se réduire ? Quand les budgets des organisations de la société civile dépendent de leur obédience au pourvoir exécutif ? Que faire ! Sommes-nous réellement dans une volonté, tant affichée, pour instaurer une société civile ?

L'Algérie vient d'être sévèrement classée au niveau cinq par l'Indice CSI des droits dans le monde pour l'année 2016. Ce rapport rapporte plusieurs évènements : il signale que «plusieurs syndicalistes et militants des droits humains arrêtés à la Maison des syndicats à Bab Ezzouar, le 6 février 2016, sur décision du wali d'Alger, pour empêcher la tenue d'une réunion dont l'objectif était de discuter de la situation sociale, économique et politique du pays». Il signale, également, une «répression incessante des mouvements sociaux dans le secteur industriel».

La presse quotidienne vient de nous rap-porter que deux jeunes de la wilaya de M'sila ont été mis en détention pour « acte blasphématoire et prosélytisme antimusulman ». On aimerait savoir selon quels critères ? Ces critères émanent-ils de la constitution ou d'une volonté des religieux ? Il est inconcevable d'envisager une liberté sans liberté « de dire », de « choisir » et d'exercer sa citoyenneté pleinement. Le seul garant c'est les lois de la République.

Si l'homme était par nature juste, il ne serait pas nécessaire d'établir des lois. Certes la raison humaine peut reconnaître ce que l'homme doit faire pour être juste, mais les passions, les ambitions, les cupidités et la liberté de chacun peuvent le conduire à agir selon son intérêt particulier.

D'où l'importance des lois, qui désignent l'ensemble des règles publiques qui organisent la vie sociale et institutionnelle dans un État. La loi précise nos droits et nos devoirs dans de multiples domaines lorsqu'elle s'inscrit dans une Constitution. Cependant, elle ne peut s'appliquer avec rigueur sans prendre en compte les circonstances, au risque d'être injuste. La loi est générale et ne peut entrer dans le détail des cas particuliers. Voilà pourquoi il faut distinguer la légalité et la légitimité, la justice et l'égalité car pour agir avec justice il ne suffit pas d'appliquer la loi, mais d'avoir une probité intellectuelle indépendante et infaillible, en respectant l'éthique et le libre arbitre.