![]() ![]() ![]() ![]() Même
sans grande conviction, l'attention des experts et des acteurs sur les marchés
pétroliers va se porter le 2 juin sur une cruciale réunion ministérielle de
l'OPEP, moins de trois mois après l'échec de la rencontre de Doha pour un
compromis de réduction de la production. Déjà, experts et opérateurs
s'attendent à une réaction des marchés à l'approche de cette rencontre,
notamment des déclarations qui viendraient à calmer le marché et stopper la
baisse des cours. Car, au sortir de la réunion de Doha, beaucoup avaient
vivement critiqué la politisation de l'organisation qui s'est, selon eux,
éloignée de sa politique de défense des prix au profit d'une confrontation
entre pays membres de l'OPEP menée particulièrement par l'Arabie saoudite qui,
en même temps, mène une politique de surproduction contre le schiste américain.
La réunion du 2 juin intervient dans un contexte de tension sur les prix du
brut qui ont grimpé la semaine dernière jusqu'à 50 dollars/baril pour refluer
progressivement vers les 48 dollars/baril. Pour les ministres des pays membres
de l'OPEP, la question est simple : il s'agit de trouver une issue pour sortir
du cycle infernal de la surproduction avec un message rassurant aux marchés,
ensuite de contenir l'arrivée du schiste américain et canadien dont l'abondance
de l'offre a perturbé le marché. Même si, pour les experts, le pétrole de
schiste ne peut être rentable à moins de 80-100 dollars, avec une importante
marge de cash flow pour les investisseurs. A
contrario, l'Arabie saoudite, qui pratique une politique de surproduction pour
faire baisser les prix, et donc pour littéralement ?'couler'' les producteurs
américains, n'est pas perdante même à 10 dollars/baril. Mais, loin de ce front
de bataille ouvert par Riyad contre la production de schiste américain, les
cours devraient rebondir, selon certains experts. Mais, d'autres sont
sceptiques quant à une reprise durable des cours, expliquant que le rebond de
la semaine dernière s'explique par une série de facteurs dont les incendies
autour de Fort McMurray dans l'ouest du Canada, qui ont fait baisser la
production pétrolière du pays, les troubles dans la région du delta du Niger au
Nigeria, la baisse des exportations pétrolières irakiennes transitant par le
Kurdistan ou la grève de trois jours qui a touché l'industrie pétrolière au
Koweït. De plus, la constitution de stocks par la Chine durant cette période de
bas prix est également un facteur explicatif de cette brusque remontée des
cours, explique Olivier Reich, expert pétrolier français et ancien de l'AIE
pour qui « ces éléments sont conjoncturels, la situation de fond n'a pas changé
». Plus grave, « l'Arabie saoudite, qui a orchestré cette surproduction et donc
cette baisse des prix depuis un an et demi, maintient sa stratégie » ; les
Saoudiens « ont la clé », relève-t-il. La sentence, pour lui, est claire: les prix ne vont pas aller au
delà des 50 dollars, car « le niveau mondial des stocks reste au moins
20% supérieur à la norme », et « la situation au Canada, qui explique environ
pour moitié cette hausse récente est en voie de stabilisation et comme je l'ai
dit, l'Arabie saoudite devrait maintenir sa production », affirme-t-il.
C'est dans ce contexte géopolitique et technique que la réunion de l'OPEP va se tenir, alors que nombre d'experts relèvent que l'organisation, qui met sur le marché 40% des besoins mondiaux, a cessé depuis un moment de jouer le rôle de régulateur du marché. Car l'introduction du gaz et du pétrole de schiste américain a bouleversé toute la carte énergétique mondiale, étant passé de 5 millions de barils/jour de pétrole à plus de 10 actuellement. |
|