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El Harrach : un drame national et l'urgence d'en finir avec le «terrorisme routier» !

par Cherif Ali *

Le vendredi 15 août 2025 restera une date sombre pour l'Algérie

En fin de journée, un bus de transport urbain a basculé dans les eaux de l'Oued El Harrach, entraînant la mort de 18 passagers et faisant plusieurs blessés.

Le choc a été immédiat, brutal, et l'émotion, nationale.

Ce drame, au-delà des chiffres, rappelle la fragilité de nos vies face aux défaillances techniques et humaines, mais aussi la force d'une solidarité spontanée, incarnée par de jeunes anonymes qui n'ont pas hésité à plonger pour sauver des vies.

Dans la douleur, un élan de solidarité s'est immédiatement manifesté !

De jeunes hommes présents sur le pont n'ont pas hésité à se jeter dans les eaux troubles du fleuve pour secourir les passagers piégés. Leur courage aussi discret que spontané, a permis d'éviter un bilan encore plus lourd.

Les autorités, présentes sur les lieux, ont mobilisé les moyens médicaux et humains nécessaires afin de prendre en charge les blessés et de soutenir les familles éprouvées.

De strictes instructions ont été données par le Directeur de cabinet de la présidence de la République et le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire pour garantir une intervention des secours et de la prise en charge des victimes, rapide et efficace.

Mais très vite, au-delà de l'émotion, des questions se posent :

- celles des responsabilités

- du respect de la déontologie médiatique

- et, surtout, de la sécurité des transports publics.

Il faudrait dire que la diffusion d'images intrusives par certaines chaînes de télévision a suscité une vive indignation !

La suspension de leur diffusion pendant 48 heures par l'autorité concernée, rappelle que la liberté d'informer ne peut se faire au détriment de la dignité des victimes et de leurs proches.

Le drame d'El Harrach s'inscrit, hélas, dans une succession d'accidents de bus qui endeuillent régulièrement nos routes : Touggourt, Tizi Ouzou, Djelfa, Aïn Defla, Sétif ou encore Souk Ahras.

Véhicules vétustes, absence de suivi technique, formation insuffisante des conducteurs, excès de vitesse et mauvais état des routes : les causes sont multiples et connues.

Les premières mesures correctives viennent, toutefois, de tomber : retrait de la circulation des bus de plus de 30 ans d'âge ont décrété les pouvoirs publics !

Pour l'immédiat, et lors d'une conférence de presse, le procureur de la République a annoncé des mandats de dépôt contre le chauffeur, le receveur, le propriétaire du bus mis en cause et le contrôleur technique, affirmant que la justice poursuivra toute personne impliquée, directement ou indirectement, dans cette affaire.

De ce qui précède, le drame d'El Harrach ne saurait rester un simple fait divers tragique.

Il s'inscrit dans une longue série d'accidents meurtriers que l'on qualifie désormais, à juste titre, de « terrorisme routier » !

Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a maintes fois réaffirmé que la lutte contre ce fléau est une priorité nationale.

La tâche a été confiée à la Délégation nationale à la sécurité routière (DNSR).

Le temps n'est plus aux constats mais à l'action ferme et durable : renouvellement du parc de transport, contrôle technique rigoureux, formation des conducteurs, responsabilisation des exploitants.

Parce qu'aucune modernité, aucun développement, ne peut se construire sur l'indifférence aux vies humaines, ce drame doit être le point de départ d'une mobilisation générale.

Pour que plus jamais un trajet ordinaire ne se transforme en tragédie collective !

*Ancien cadre supérieur de l'Etat