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Et l'Algérie se libéra, 1954-1962. Essai de Mahfoud Kadache. Edifuse éditions, Alger 2025 (Editions précédentes : Editions Paris-Méditerranée, 2003 et Edif 2000, Alger 2000 et 2003), 238 pages, 1.600 dinars. Il fut un des premiers ouvrages consacré à la Guerre d'Algérie écrit par un auteur algérien ayant eu accès à toutes les sources alors disponibles en Algérie. En fait, une sorte de résumé de ce qui avait été déjà fait auparavant. Une sorte de suite aux quatre livres déjà consacrés à l'histoire de l'Algérie de l'Antiquité à 1954. L'ouvrage est une présentation des grands faits et des grandes étapes de la guerre de Libération nationale. Pour, nous dit l'auteur, présenter l'essentiel devant être retenu par le grand public et surtout par notre jeunesse. L'ouvrage va du «déclenchement de l'action armée», des «offensives Aln dans le Nord-Constantinois en août 1955», «le Congrès de la Soummam, en août 1956», «la Bataille d'Alger et le «second front» en France», etc... aux «manifestations de décembre 1960», aux «négociations et les Accords d'Evian», etc... en passant par «les solutions et les manœuvres françaises» et»la bataille des frontières». C'est dire la richesse du contenu, les essais consolidés par des documents de référence aussi bien algériens qu'étrangers, la plupart provenant d'acteurs directs de la guerre. L'Auteur : Né en 2021 à Alger (Casbah). Universitaire, Historien-chercheur, ancien Président des Scouts musulmans algériens (1957 - 1962). A l'indépendance, chef de cabinet du ministre de la Justice, lors d'un bref passage. . Professeur d'Histoire à l'Université d'Alger puis Directeur de l'Institut de bibliothéconomie et sciences documentaires de l'Université d'Alger qu'il a poussé à la création. Auteur de 14 ouvrages. Son livre le plus important est L'Algérie des Algériens', édité en 2003 qui retrace toute l'histoire de l'Algérie, du paléolithique jusqu'à 1954 et regroupe l'ensemble de son œuvre après avoir publié cinq ouvrages majeurs traitant plusieurs périodes du pays : l'Algérie dans l'Antiquité, l'Algérie médiévale, l'Algérie ottomane, l'histoire de la guerre de Libération nationale et l'histoire du nationalisme algérien. Décédé le 30 juillet 2006 à l'âge de 85 ans Table des matières : Introduction : Guerre de Libération. Révolution algérienne / 24 chapitres /Conclusion : la fin de l'occupation coloniale. Extraits :»La Guerre de Libération (1954-1962) couronne ces longues résistances... Elle mérite une grande Histoire, le devoir de mémoire l'exige» (p 9), «L'ancienne stratégie numide demeure la force principale des moudjahidine... Sur le terrain, les Français ne sont pas adaptés à cette guerre» (p 27), «On a parlé de rivalités entre Arabes et Kabyles.Cette critique ne tient pas, la Révolution dépassant le régionalisme». (p52), «Avec un diplôme en plus, nous ne ferons pas de meilleurs cadavres ! (...) et nous, «les cadres de demain» on nous offre d'encadrer quoi? D'encadrer qui ? (...) Les ruines et les monceaux de cadavres, sans doute ceux de Constantine, de Tébessa, de Philippeville (Skikda), de Tlemcen et autres lieux appartenant déjà à l'épopée de notre pays ? Notre passivité face à la guerre, qu'on mène sous nos yeux, nous rend complices des accusations ignobles dont notre vaillante armée nationale est l'objet. La fausse quiétude, dans laquelle nous nous sommes installés, ne satisfait plus nos consciences» (Extrait de la motion de l'Ugema du 18 mai 1958 appelant à la grève générale, p 67), «Devant un ennemi le plus souvent invisible, l'armée française en arrive à considérer tout Algérien comme un djoundi. Ainsi se venge -t-elle sur les populations mechtas, brûle les gourbis, abat le bétail ou le vole, ne fait pas de prisonnier, n'hésite pas à mitrailler les suspects et les fuyards» (p 74), «La bataille des frontières a coûté très cher à l'Aln... C'est dire que l'armée des frontières a bel et bien combattu» (p 159), «En mai 1961, il y avait 2.075.000 personnes regroupées dont 900.000 dans les abris précaires» (p 189), «Pour le Cnra, la Révolution algérienne serait une «Révolution démocratique et sociale», sans autre approfondissement et sans allusion au socialisme» (p 224) Avis - On a eu un grand nombre, des centaines et des centaines, sinon des milliers d'ouvrages écrits sur la guerre de Libération nationale algérienne...mais il reste encore beaucoup à écrire et à dire tant elle fut longue, «riche» en événements douloureux et en exploits. Cet ouvrage résume le tout de manière presque complète, l'auteur étant un historien doublé d'un spécialiste du document. Note : Un oubli dans le chapitre consacré à la Bataille d'Alger (p 101): Hassiba Ben Bouali. Oubli involontaire ? Une «coquille» ? Ou... Citations :»Au regard de la longue durée des siècles de l'histoire de l'Algérie, la Guerre de Libération n'a été qu'une courte période de sept ans et demi, couronnée par l'indépendance et la souveraineté» (p 9), «La grande erreur que commettent la plupart de vos hommes politiques, c'est d'expliquer seulement le drame algérien par la faim, la misère ou l'absence d'écoles. Alors que sa racine est dans une revendication d'honneur , de justice et de liberté» (Robert Barrat cité, p 34), «La politique de domination coloniale a empêché l'expression des revendications politiques des nationalistes modérés et indépendantistes. Ni libertés, mais trucages électoraux et répressions... Le nationalisme algérien n'a trouvé, après plus d'un demi-siècle de luttes politiques pacifiques que la résistance armée» (p 187), «Les hommes qui ont martyrisé le peuple algérien sont les mêmes que ceux qui voulaient assassiner la démocratie française» (Germaine Tillon citée, p 203), «La lutte armée a pris plusieurs aspects : attentats révolutionnaires des fidas, guerre des partisans fidèles à la stratégie numide, insurrections populaires dans les djebels et les villes, et guerre classique sur les frontières» (p235) Mémoires d'une combattante de l'Aln. Zone autonome d'Alger. Livre d'Histoire de Zohra Drif . Chihab Editions , Alger 2013. 607 pages, 1.450 dinars (Fiche de lecture rédigée le 7 décembre 2013. Extraits pour rappel. Fiche de lecture complète, voir www.almanach-dz.com/histoire/bibliotheque dalmanach) Elle ne voulait rien dire, rien écrire sur son engagement dans la guerre de Libération armée et ses actions au sein de la fameuse Zaa. Durant de longues années, sans doute déçue par les «jeux» politiciens post-indépendance , certainement pour oublier le cauchemar vécu alors en pleine jeunesse, et les épreuves traversées , et pour ne plus penser qu'intimement à ses ami(e)s perdus à jamais, elle avait préféré se retirer de la vie politique en se consacrant à sa famille et à la défense, en tant qu'avocate, des citoyens . Puis, petit à petit, elle «revient à la vie», confortée en cela par l'émergence ou l'existence d'autres «femmes de liberté», et par une conjoncture politique nouvelle, correspondant parfaitement à son caractère et à son expérience ; la libération du paysage politique après Octobre 88 et le retour de la liberté d'expression, longtemps écrasée. Mais, il lui fallait bien plus pour «passer à confesse» et écrire ses mémoires... qui, pour un résistant de guerre (par pour les tortionnaires) sont, toujours, un accouchement douloureux. Un événement ! Un jour, il n'y pas très longtemps, au cours d'un débat public à Marseille, 50 ans après la fin de l'occupation du pays par la puissance étrangère qu'était la France, elle découvre «abasourdie» (un terme qui étonne ! mais il est vrai qu'elle avait rarement, sinon jamais, assisté à de telles rencontres outre-mer)»que la guerre dont nous étions censés célébrer le cinquantenaire de la fin n'avait jamais cessé de l'autre côté de la Méditerranée». Le déclic (...) La suite : Mon Dieu ! Quelles histoires. Quelle Histoire. Pour les moins de la soixantaine, la Révolution avec sa lutte armée urbaine telle qu'ils ne l'ont jamais imaginée. Des récits de vie décrits avec minutie. Des héros (on les connaît, car jusqu'ici, ils ont eu la part belle dans l'histoire de la Révolution : Yacef , Ali la Pointe, Larbi Ben M'hidi, Fettal, Petit Omar, Taleb Abderrahmane, Oussedik Boualem, Habib Reda, Ramel, Debbih Chérif, Louni Arezki, Rachid Kouache, Abdelghani Marsali...) , mais aussi et surtout des héroïnes. Jeunes, très jeunes même, instruites (ou non, lessentiel étant l'éducation et la culture) , issues de milieux aisés (presque petite bourgeoise), résolument engagées , courageuses jusqu'à l'inconscience : Hassiba Ben Bouali, Djamila Bouhired, Djamila Bouazza, Samia Lakhdari (celle-ci, un véritable «exemple» d'engagement et de courage, ...avec sa maman qu'il faut imaginer, assise à la Cafet', en tailleur de «gaouriate», elle, l'épouse d'un notable quelque peu conservateur, attendant sa fille qui doit déposer la bombe. Un film, à elles deux !) , Danièle Mine, Drif Zohra, Guerroudj Jacqueline, Peschard Raymonde, ...et toutes les autres, toujours là, toujours prêtes : la maman de Samia Lakhdari, Khalti Zohra, Belhaffaf Lalla, Khalti Baya, Khalti Zaghla, Drif Leila, Khalti Fettouma, Bouhamidi ,...les femmes artistes comme Fadhila Dziria, Farida, Fatiha Hattali... Des actions. Des portraits. Des situations. (...) Avis - Un véritable ouvrage de psycho-sociologie politique, mais aussi d'histoire... véritable «concurrent» des livres et du film sur «La Bataille d'Alger» (...) Madame, merçi ! Car, si vous avez permis à beaucoup d'entre-nous de nous remémorer certaines atmosphères (heureuses ou dramatiques et tragiques) du passé, votre «confession» sera le livre de chevet de nos enfants et de nos petits-enfants, etc. Extraits :«L'Histoire ne leur (les jeunes d'aujourd'hui) est enseignée ou présentée que sous une forme abstraite, dogmatique, stéréotypée, bref rebutante. Je voudrais leur raconter, non pas l'Histoire, mais des histoires vécues, dans l'espoir de donner à rêver et à réfléchir...» (p 14) (...) |
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