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Charte de l'éthique : L'optimisme de Benghebrit

par Yazid Alilat

Huit syndicats sur les dix qui animent le paysage syndical du secteur de l'Education nationale devront signer dimanche prochain la fameuse Charte de l'éthique et de déontologie, chère à la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit, qui a fait de la guerre aux «grèves» cycliques son cheval de bataille. Après plusieurs mois de discussions, de rencontres, et de volte-face, la ministre a annoncé, hier, à la radio nationale que son projet de Charte de l'éthique et de déontologie, décrié aux débuts des discussions avec les syndicats, sera signé dimanche par huit syndicats sur 10. Le Cnapeste dont le Conseil national a discuté du «principe» de la charte et non de son contenu, avait annoncé cette semaine avoir décidé de ne pas signer (la charte), car la priorité pour lui est la prise en charge par le ministère des revendications des enseignants et l'ouverture de négociations au niveau local et national. «Cela est suffisant pour dispenser les parties de s'engager sur un document ou un contrat sur la question».

Le Conseil des lycées d'Alger (CLA) a également annoncé sa décision de ne pas signer le document. Le 19 octobre dernier, «nous avions signé avec neuf syndicats sur une déclaration commune, qui définit un objectif, celui d'aller vers la stabilité et l'école de la qualité», a indiqué la ministre pour qui la stabilité de l'école algérienne «a besoin de certaines conditions». Sur cette Charte de l'éthique et de déontologie, Benghebrit souligne notamment qu'«on a laissé aux syndicats un temps de réflexion et de discussions pour enrichissement», avant de préciser que «nous allons signer maintenant avec huit syndicats», car «l'objectif est de garantir un climat scolaire apaisé et une école de la qualité». Pour la ministre, le secteur de l'Education «est un service public qui a besoin d'une responsabilité sociale, avec des lois et des droits, et a besoin d'un nouveau consensus. Tous les clignotants sont au vert, dit-elle, même si sur le terrain, personne n'est satisfait du produit final». Même si tous les syndicats ne vont pas signer le document dimanche prochain, Benghebrit a assuré que «nous sommes ouverts et notre objectif est d'aller vers une nouvelle dynamique. Ceux qui ne signent pas aujourd'hui pourront signer après».     Car la ministre de l'Eduction nationale a indiqué que pour elle, la priorité reste la prise en charge de «l'élève». «Il y a juste la manière à prendre pour améliorer la situation du secteur, avec la satisfaction des revendications des travailleurs. Il faut qu'on se mette d'accord sur un consensus minimum, celui de la prise en charge de l'élève», souligne-t-elle avant de faire remarquer que «la signature de cette charte ne prive aucun syndicat d'aller vers la grève, car la grève est un droit constitutionnel». Pour autant, elle tempère en estimant qu'avant d'aller à cette extrémité, «il y a cependant des solutions pour ne pas aller vers la grève et répondre aux revendications des travailleurs, car on a vu qu'il était très facile de fermer les écoles avec ces grèves». Une situation qui a créé «un climat scolaire malsain. Il est donc de notre devoir de protéger le droit de l'élève à l'éducation». La Charte de l'éthique et de déontologie fonctionne selon les lois qui régissent le pays et à l'échelle internationale, «en particulier pour les droits de l'enfant à l'éducation. Il faut que le secteur se réapproprie l'intégrité et la probité, qui font ses qualités», estime la ministre de l'Education nationale. Elle a par ailleurs souligné que chaque année, cette charte fera l'objet d'une évaluation de son application et «voir ce qu'on peut garder et développer, et ce qu'on peut supprimer». Un des principaux volets de ce document souligne que les partenaires sociaux «doivent œuvrer à faire prévaloir le recours au dialogue et à éviter, autant que possible, le recours à des formes d'action pouvant influer négativement sur la scolarité des élèves et les perturber psychologiquement». Ce qui est évidemment un appel à bannir le recours à la grève en cas de conflit entre syndicats et tutelle. Pour autant, le même document souligne que «la charte ne constitue en aucun cas une entrave au droit de grève des travailleurs de l'éducation, qui relève du droit constitutionnel. Elle renforce une posture selon laquelle l'éducation ne peut être qu'une œuvre commune, collective et collégiale». Le document prône en fait «une démarche consensuelle dans le renforcement de l'application de la réforme», comme il place comme objectif l'émergence d'une «école de qualité, défi principal du système éducatif», car «le niveau général de l'éducation a besoin d'être rehaussé de toute urgence», et pour cela, Benghebrit mise sur «l'adhésion libre et consciente, rationnelle et raisonnée» de tous les acteurs de l'école. C'est le 19 octobre dernier que le ministère de l'Education nationale et les représentants de neuf syndicats avaient signé la déclaration d'intention de la Charte d'éthique et de stabilité du système éducatif. Dimanche, il n'y aura, selon les déclarations de la ministre, que huit syndicats autour de la table pour signer «la paix des braves».