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L'individu, le citoyen et la société

par Benallal Mohamed

« En vérité, Allah ne change pas la situation d'un peuple, tant que celui-ci ne change pas ce qui est en lui-même » (sourate Le Tonnerre)

Le postulat même de la personnalité humaine qui hypothèque l'assurance de la personne est important, nécessaire et utile. Chaque personne prise individuellement préserve égoïstement, sauvegarde et défend à bon compte, à savoir:

1- sa vie,

2- sa raison (El f'hama !),

3- sa descendance raciale (E'rassa !)

4- et sa pro-génétique,

5- sa foi

6- et enfin sa richesse.

L'ordre de ces éléments sus-cités diffère selon la situation contextuelle de la personne, du système? Nous avons tendance à oublier que nous sommes issus de la nature et que nous en sommes dépendants comme d'une mère nourricière. Ce sont évidemment des valeurs conceptuelles d'ordre universel que l'homme s'enivre de ses mesures sacrées. La nature est ainsi la meilleure des éducatrices pour nous aider à concevoir un modèle de société viable, équitable et juste.

Une richesse spirituelle qui ne se dégénère pas au fil du temps mais se confine et s'enrichit encore plus par une valeur ajoutée immatérielle et même matérielle, si, et seulement si, la transmission de génération en génération n'est pas trop compromise par des intérêts matériels mesquins et d'autres de stature, d'orgueil personnel ou confessionnel. En se réaccoutumant soucieusement à son environnement sain, la société en tant que telle serait plus apte à sauvegarder le style naturel par des critères économiques plus humains tels que croissance économique, sociale et culturelle, emploi pour tout le monde et le bien-être contextuel au milieu de Madame la nature.

Dans tout système social, du primitif à celui d'aujourd'hui (hors du nôtre d'aujourd'hui), ont de tout temps préservé ces valeurs en période de paix et de calme. Certes, il y a d'autres valeurs morales, religieuses, éthiques, de normes et aussi de références qui cristallisent l'ordre social pour que le cadre de vie soit agréable, soit utile, soit joli, soit nécessaire pour le bien-être.

Par exemple, la durée du travail serait mieux réévaluée pour un bien-être utile, sa finalité sociale est bien sûr, c'est une activité humaine importante, si on arrive à avoir cette culture de l'autoproduction de biens matériels et de services. Le temps libre (oisiveté) permettrait de pratiquer de plus beau les arts, la science, la philosophie et autres activités enrichissantes, et cela dans l?unique but d'améliorer la vie en société. Depuis cet exemple, il se pourrait à même de favoriser considérablement l'éveil des qualités humaines. La quête d'une valeur matérielle et immatérielle ajoutée est toujours utile pour le bien-être de la société. Le progrès n'est sans doute pas dans l'évolution de nouveaux gadgets squattant le marché spirituel en biens et services, mais dans le réveil de nouvelles consciences sociales plus productives en valeurs ajoutées. Chaque lambda qui fait son quotidien à sa propre alternative qu'elle soit utile, agréable et nécessaire, tout est objet de connaissance d'être utile, de savoir et de savoir-vivre, et, par conséquent, le résultat social aurait là plus à y gagner qu'à y perdre pour une meilleure satisfaction de soi et de la société. Mieux vaut un jardin de fleurs dans chaque cité qu'une prison.

Toutes ces valeurs sus-citées peuvent être maculées, déréglées, perturbées et même empoisonnées par des substances matérielles à base d'alcool, d'opium, de «cachiette» (psychotropes), ou immatérielles à base de corruption, de mensonges, déliquescence, de dépravation, d'immoralité, de malhonnêteté, de pestilence, de prévarication, de malversation, de viciation, de charlatanisme, de contrevérité, d'hypocrisie, de mythomanie, d'injustice, de non-droit, de laxisme? pouvant manifester dans ce sens des nuisances et des perniciosités ou nocivités importantes à l'homme, à son entourage, à son esprit, à sa richesse et même à sa foi et encore plus à toutes les composantes essentielles du système social, économique, politique, culturel et même sportif.

Ces éléments mauvais, négatifs et funestes sus-cités sont prohibés par la loi en général, par nos coutumes et par notre religion.

Les érudits, les médecins, les professeurs, les enseignants, les psychologues, les sages, les religieux et les autres éminences sont presque tous d'accord pour dire, démonter et conseiller que les perniciosités sont préjudiciables pour la santé de l'homme (physique, spirituelle et contextuelle), de l'environnement et de la société en général. Pour ce qui est de ces maux, qui prennent une ampleur plus que considérable au niveau de notre société sans commune mesure, ni balisage réglementaire, ni autre forme de maîtrise de l'ordre pour ces fléaux?

Surtout dans nos sociétés dites musulmanes alors qu'elles n'ont rien de musulman où divers péchés sont permis, et ils sont admis comme un paramètre essentiel qui perturbe l'ordre social et peut créer accidents de la route et de toutes formes, divorces, suicides, meurtres, nuisances, disputes, hogra, injustice...

L'homme n'est rien d'autre que la série de ses actes. (F. Hegel)

Vouloir changer le contexte dans lequel on vit passe d'abord:

- par un changement personnel;

- chacun doit commencer à se reconnecter à son environnement. Chacun devrait balayer matériellement et spirituellement devant sa porte, selon notre adage.

- La société n'est pas quelque chose qui ne fait pas partie de nous, nous la forgeons tant bien que mal selon nos valeurs, nos crédits, notre force, notre avantage?

- La société civile lui revient l'honneur et la responsabilité d'engager un mouvement populaire de réappropriation du quartier, de la cité, du village, de la ville, de la région et du pays, afin d'empêcher la mal-vie qui fait naître une rupture scandaleuse, dangereuse, nuisible, pernicieuse et malfaisante qui s'intensifie de jour en jour et de pire en pire. Dans cette société gangrenée par les mensonges et autres fléaux et maux, où se trouve donc la vérité ? Sinon dans les valeurs universelles, morales, religieuses?

Tous les actes anormaux, tous les interdits, tous les tabous? deviennent possibles, l'esprit n'est plus maître mais capable de provoquer la négation du bien, du bon, du juste et du droit.

Pour terminer, il me vient à l'idée l'histoire d'un vieux Sioux, Cherokee ou Apache, qu'importe la tribu, l'important est qu'un de ces chefs parlait à son petit-fils du combat de la vie qui se déployait à l intérieur même de la personne humaine.

Il lui disait: Mon petit, il y a une lutte acharnée entre deux loups à l'intérieur de chacun de nous.

- L'un est le mal: c'est la colère, l'envie, la jalousie, le chagrin, l'arrogance, la cupidité, l'amertume, le regret, l'apitoiement, la culpabilité, le sentiment d'infériorité, le mensonge, l'orgueil, la supériorité et l'ego.

- L'autre est le bien: c'est la joie, l'amour, la sérénité, l'humilité, la paix, l'espoir, la vérité, la générosité, la bienveillance, l'empathie, la bonté, la foi et la compassion.

Le petit-fils de la tribu indienne réfléchit pendant un moment, puis il demanda à son grand-père:

- Quel est le loup qui va gagner ?

Le vieux sage grand-père apache, cherokee ou sioux a simplement répondu:

- C'est celui que tu nourris.

Merci à toi, grand-père apache, de ta formidable sagesse?