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Report du procès de l'autoroute Est-Ouest : A qui profite l'ajournement ?

par Z. Mehdaoui

Le procès de l'affaire de l'autoroute Est-Ouest a été finalement ajourné à dimanche. Le président du tribunal criminel d'Alger a décidé, à l'issue de délibérations, de reporter le procès après le retrait des avocats du principal accusé, Chani Medjdoub. Ce dernier voulait pourtant être jugé à tout prix, même sans avocats, mais il en a été décidé autrement.

Les avocats de Chani Medjdoub se sont retirés de ce procès après avoir constaté que le tribunal n'avait pas répondu à leur demande de nullité de la procédure judiciaire dans l'instruction de cette affaire.

En fait, dès l'ouverture du procès, dimanche dernier, les avocats de Medjdoub, qui passe pour être le principal accusé dans ce scandale de l'autoroute Est-Ouest, avaient annoncé la couleur en s'engageant dans une bataille procédurière pour tenter de démolir l'instruction.

Fait inédit, les avocats de la défense, épaulés par deux autres confrères du Luxembourg, sont allés jusqu'à exiger la présence du procureur, du juge d'instruction et des éléments du DRS qui avaient constitué le dossier d'accusation de Chani Medjdoub. Jamais dans les annales de la justice, un juge d'instruction ou un procureur n'a été appelé à la barre pour « témoigner » dans une affaire qu'il a eu à traiter, nous confiait hier un juriste qui souligne que le rôle du magistrat instructeur consiste à enregistrer des informations tirées de l'accusé, constituer un dossier et l'envoyer devant une juridiction (tribunal ou cour).

Bref, alors que tout le monde dans la salle d'audience s'attendait dimanche dernier à des révélations fracassantes sur les tenants et aboutissants de cette affaire, l'assistance a eu droit, comme c'était le cas aussi pour le procès de Sonatrach I qui a été reporté à juin prochain, à une guerre ouverte autour des procédures dans lesquelles avait été constitué le dossier impliquant 16 personnes, dont l'ancien secrétaire général du ministère des Travaux publics. Toutes ces personnes, ainsi que sept entreprises étrangères (Canada, Espagne, Suisse, Portugal, Italie, Japon et Chine) doivent répondre de plusieurs griefs allant de l'«association de malfaiteurs» au «blanchiment», en passant par la «corruption», «perception d'indus cadeaux», «trafic d'influence» et «abus d'autorité».

La stratégie des avocats de la défense de Chani Medjdoub est par ailleurs basée sur des attaques frontales contre les éléments du DRS qui ont arrêté et interrogé le prévenu en soulevant notamment le « non respect des procédures judicaires ».

Les deux autres avocats étrangers du principal accusé sont encore allés plus loin en menaçant clairement le tribunal de recourir aux instances européennes et ce, avant même que la chambre d'accusation ne tranche sur les demandes répétées de la défense.

En fait, la première journée du procès du « projet du siècle » a été consacrée à Chani Medjdoub et les procédures qui n'auraient pas été respectées par les enquêteurs et cela, au détriment de l'essentiel et du problème de fond, à savoir connaître à qui incombe la responsabilité dans cette affaire qui a porté un coup dur à l'image du pays.