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Hydrocarbures, gaz de schiste et crise libyenne : Les précisions de Sellal

par Ghania Oukazi

«Après les résultats appréciables en Tunisie et au Mali, on espère que la vision algérienne triomphera au profit du peuple libyen», a déclaré le 1er ministre hier au palais du gouvernement.

C'est au cours du point de presse qu'il a animé hier conjointement avec le 1er ministre portugais que Sellal a rebondi sur une question relative au premier round du dialogue inter-libyen qui s'est tenu hier à la résidence d'Etat El-Mithak sur les hauteurs de la capitale. Dialogue à propos duquel il a affirmé qu' «on espère que la vision algérienne triomphera au profit du peuple libyen. Nous sommes pour le partage du pouvoir mais contre le partage du pays». Près de 20 représentants des mouvements libyens étaient, selon lui, hier à Alger dans le cadre de ce dialogue. «On défend l'unité nationale de la Libye et l'intégrité de son peuple», a-t-il dit.

Le 1er ministre portugais a déclaré pour sa part que «nous sommes pour un dialogue inclusif ; c'est la seule façon d'atteindre deux objectifs, à savoir l'intégrité territoriale et que puisse se constituer un gouvernement d'union nationale». Il reconnaît que «l'Algérie a un rôle à jouer dans l'approfondissement de ce dialogue inclusif» et affirme que «cette voie passe par le dialogue auquel l'Algérie ne cesse de contribuer et qui donne de bons résultats». Il affirme que «l'Union européenne doit savoir qu'il est utile de profiter de la connaissance de l'Algérie du terrain». Il avoue qu'après ses discussions avec Sellal sur le conflit libyen «j'ai une masse d'informations que je vais transmettre au Conseil de l'Europe». Il affirme ainsi que «les enjeux de la transition dans la région exigent de nous une réponse partagée pour en faire une zone de prospérité». Il fait valoir en même temps «la même position que l'Algérie dans la lutte contre le terrorisme et le radicalisme religieux». Au titre de la stabilité dans la région, il estime que «le Conseil de défense nationale envisage de faire participer les forces du Portugal en République Centrafricaine». Le 1er ministre algérien a noté la convergence de vues et positions entre l'Algérie et le Portugal «sur les questions régionales et le développement dangereux au Moyen-Orient avec l'apparition de Daech. Nous sommes des adeptes de la paix, on doit aller aux solutions politiques avant de penser à une solution armée».

«ON NE POLITISE PAS NOS CONTRATS»

A propos des hydrocarbures, Sellal a précisé avant toute chose que «tous nos clients savent que quand l'Algérie signe un accord, elle s'engage et l'applique, on ne politise pas nos contrats». Il est évident que le 1er ministre lie ses propos à ceux de son homologue portugais qui a fait état de coopération énergétique avec l'Algérie à cause, entre autres, de la dépendance de l'Europe du gaz russe. «L'Union européenne a une vision pour assurer de plus en plus sa sécurité en matière de ressources énergétiques, nous avons déjà quatre projets avec elle dans ce domaine, on réfléchit avec l'UE pour faire démarrer le 4è qui passe par la Sardaigne», a expliqué Sellal. Il fera savoir par ailleurs, que dans le cadre du Nepad, l'Algérie participe à un grand projet dans les hydrocarbures qui relie le Nigeria à l'Europe. «Chaque année, on fait de nouvelles découvertes, rien que la semaine dernière on en a fait d'autres. Avant on parlait de 2025 mais depuis l'année dernière, grâce à ces découvertes, on parle de 2033, ceci même s'il y a une hausse importante de la consommation interne», ajoute-il. Le 1er ministre affirme alors que «l'année prochaine, on doit renouveler nos contrats avec nos partenaires par rapport à nos nouvelles découvertes et à nos réserves». Tout en évoquant le mix énergétique «qui nous intéresse», dit-il, Sellal a survolé la question du gaz de schiste pour lancer qu'«on s'est approché, on nous en a voulu alors que son exploitation n'est pas pour demain mais dans une vingtaine d'années».

UN PROJET DESERTEC BIS EN GESTATION

Le 1er ministre évoquera le projet Desertec initié il y a quelques années par l'Allemagne et proposé à l'Algérie pour produire de l'énergie solaire dans le Sahara. Projet qui a fait beaucoup parler de lui mais qui n'a cependant jamais démarré à ce jour. Il est probablement question de sa relance ou d'un projet identique parce qu'en donnant l'information, Sellal n'a pas précisé s'il s'agit de reprendre Desertec ou d'initier un nouveau projet pour l'exploitation des énergies renouvelables en particulier le solaire à partir du désert algérien. Selon le ministre de l'Industrie et des Mines, «ce n'est pas le même projet mais un nouveau».

Le 1er ministre fait savoir par ailleurs que l'Algérie prépare «un grand RDV économique avec les pays africains, une rencontre dans laquelle le FCE participera aux côtés d'hommes d'affaires de plusieurs pays africains, même les Qataris ont demandé à y participer. Qu'ils soient les bienvenus».

Dans le cadre de la coopération algéro-portugaise, Sellal a indiqué qu'il y a plusieurs sociétés mixtes sur la base de la règle 51/49 qui interviennent dans le marché algérien. Mais il semble que l'Algérie et le Portugal ne trouvent pas un terrain d'entente pour coopérer dans le secteur de l'Habitat. «Il y a 50.000 logements à réaliser par des sociétés mixtes algéro-portugaises mais les contrats ne sont pas encore conclus, ça va se faire prochainement», a-t-il dit. Son homologue portugais expliquera que «c'est pour des raisons d'ordre commercial qu'il a été difficile de concrétiser les opportunités dans le secteur de l'Habitat et aussi de participation des sociétés portugaises dans les avis d'appels d'offres». Il précise que «l'Etat ne peut rien imposer à ces entreprises parce qu'elles sont privées. J'ai transmis au 1er ministre et au ministre de l'Habitat ces difficultés. Nous ferons tous les efforts pour dépasser ces contraintes».

Sellal a appelé les Portugais à soutenir «la tendance économique nationale qui vise à lancer l'économie hors hydrocarbures à partir, entre autres, de l'industrie, l'agriculture, le tourisme, les TIC».