
Les unités de stockage du complexe de raffinage de Sonatrach, RA1K,
actuellement surchargées en gasoil, pour la première fois d'ailleurs depuis des
décennies, ont contraint, jeudi dernier, les responsables à prendre la décision
de réduire la production par l'arrêt d'un topping, en l'occurrence l'unité 10,
et la réduction du taux de marche du second topping, à savoir l'unité 11. La
baisse de production ira cependant de manière progressive jusqu'à l'arrêt total
des deux toppings. La valeur limite de stockage ayant été atteinte avec un
volume total de 487.620 tonnes. La nouvelle de l'imminence de l'arrêt total de
la production de la raffinerie a surpris plus d'un au sein de la plateforme
pétrochimique, à commencer par le collectif des travailleurs eux-mêmes, car
entraînant dans son sillage l'arrêt de production des autres matières produites
par ces toppings, à l'exemple du GPL comme matière première pour la production
de gaz butane et propane, très demandés en cette période de froid. En outre,
les clients de Sonatrach seront sevrés de kérosène, de Jet A1 pour les aéronefs
civils et Jet A pour les avions militaires. Cette situation est valable
également en ce qui concerne la production d'essence qui va s'arrêter puisque
les unités de production d'essence sont dépendantes de ces deux toppings qui
leur fournissent la matière première, à savoir la Naphta B. Cette grave
perturbation dans le système de production du complexe RA1K découle, selon les
explications fournies par des cadres de la plateforme pétrochimique, de la
décision irréfléchie d'autoriser l'importation d'importantes quantités de
gasoil dont la qualité laisse à désirer, car nettement moindre que le nôtre qui
est caractérisé par un taux de soufre très inférieur. Ces importations massives
de gasoil, décidées à l'échelle centrale de Sonatrach commerciale, ont
déséquilibré totalement le fonctionnement du complexe par la mise à l'arrêt des
toppings sans tenir compte de la rupture en chaîne des autres produits et la
désorganisation du marché qui va en s'amplifiant jusqu'à aboutir à des pénuries
des autres carburants. Au sein de la direction de la raffinerie, on s'essaie à
l'équilibriste pour tenter de surmonter cette grave crise annonciatrice de
conséquences ruineuses pour l'économie du pays.