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Son utilisation est à l'origine de nombreux cas de tuberculose : Le narguilé, une «mode» qui prend de l'ampleur

par J. Boukraâ

Le développement inattendu de l'usage du narguilé (chicha) à travers le monde, y compris en Algérie, est déjà qualifié d'« épidémie » par certains chercheurs. La sonnette d'alarme est tirée sur les pathologies potentiellement associées à l'inhalation d'une fumée de tabac préalablement filtrée dans un récipient à eau et réputée moins nocive. A Oran, comme dans les autres grandes villes du pays, le phénomène de la consommation de la chicha dans les cafés et les lieux publics semble prendre de l'ampleur, surtout parmi les jeunes. L'engouement des fumeurs des jeunes des deux sexes fait craindre un développement fulgurant de ce type de tabagisme avec toutes les conséquences qu'il peut engendrer. A Oran, même les plages ont été envahies par la chicha. Au niveau des plages, des groupes de jeunes autour d'un narguilé est une situation devenue très courante.

Même les filles ne se gênent pas pour prendre des bouffées. Le narguilé, qui semble supplanter les traditionnelles consommations servies dans les cafés et les salons de thé, a trouvé sa place parmi les estivants, filles et garçons. Et ils sont nombreux à consommer la chicha sur les plages. Bien que peu répandu en Algérie comme dans les autres pays arabo-musulmans, le phénomène suscite déjà moult interrogations. L'arrivée de cette pipe à eau orientale en Algérie et ses effets sur la santé du consommateur en sont les principales.

La consommation du narguilé serait aussi parmi les causes du retour en force de la tuberculose. Le tiers des nouveaux cas de tuberculose recensés, ces derniers mois à Oran, serait directement lié à la consommation de la « chicha». La consommation du narguilé expose à des risques de transmission microbienne, comme la tuberculose, car les fumeurs utilisent le même embout. S'adonner au rituel de la chicha est d'autant plus dangereux qu'il comporte des risques de transmission de maladies par l'eau, une mauvaise hygiène bucco-dentaire, vu que le rituel se base sur le partage du narguilé. 80% des fumeurs utilisent le même tuyau et le même embout. « La consommation du narguilé en groupe compte, en plus de l'inhalation de produits toxiques et cancérigènes, des risques de transmission de maladies infectieuses, notamment la tuberculose, surtout dans les pays à forte endémie », selon les médecins. La teneur en monoxyde de carbone de la fumée des narguilés est au moins aussi élevée que celle du tabac des cigarettes.

Le monoxyde de carbone, un poison des voies respiratoires, perturbe le transport de l'oxygène des poumons vers les autres parties du corps, surchargeant les fonctions cardiaques et circulatoires. Si une femme fume le narguilé pendant sa grossesse, la charge de monoxyde de carbone fait encourir le risque, chez l'enfant, d'une densité pondérale inférieure, des réactions négatives (selon le score d'Apgar) et de troubles de la respiration.

Au lieu de s'inspirer des pays européens qui interdisent l'usage du tabac dans les lieux publics, dans les cafés et bars, on voit se développer chez nous les formes classiques du tabagisme et, maintenant, le narguilé. Il y a lieu de s'inquiéter sérieusement de l'impact de cette mode qui

prend de l'ampleur.