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A l'initiative d'Alger : Les groupes maliens d'accord pour discuter avec Bamako

par Yazid Alilat

Les trois principaux groupes de l'opposition du nord du Mali, les Touaregs arabes, sont parvenus lundi à Alger avec l'aide du gouvernement algérien à un pré-accord qui ouvre la voie vers des discussions politiques plus profondes avec le pouvoir central à Bamako pour parvenir à une si difficile paix dans cette région du pays.

Le Mouvement national de Libération de l'Azawad (MNLA), qui avait un moment revendiqué l'indépendance du nord du Mali, le Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA) et le Mouvement arabe de l'Azawad (MAA) ont signé lundi dans la capitale algérienne «la Déclaration d'Alger». Dans ce document, ils ont affiché leur volonté de travailler à la «consolidation de la dynamique d'apaisement en cours» et s'engagent résolument dans le dialogue inter-malien «inclusif» mis en place par le président malien Ibrahim Boubacar Keita (IBK). Les trois mouvements qui avaient entamé leurs discussions à Alger jeudi dernier sous les auspices de l'Algérie réaffirment également leur volonté d'œuvrer «de bonne foi» à la «consolidation de la dynamique d'apaisement en cours» et de s'engager dans le dialogue inter-malien »inclusif tant réclamé par les Maliens eux-mêmes que par la communauté internationale», indique par ailleurs un communiqué du ministère des Affaires étrangères sanctionnant cette rencontre qui s'est tenue dans la plus grande discrétion.

Le même communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères précise que ce dialogue vise à trouver une solution «définitive» à la crise que connaissent les région nord du pays à travers «la prise en charge des revendications légitimes de la population locale dans le plein respect de l'intégrité territoriale et de l'unité nationale du Mali». En outre, l'adoption de la «Déclaration d'Alger» s'inscrit dans «l'esprit» des consultations exploratoires engagées par l'Algérie pour réunir les conditions de «succès» du dialogue inter-malien «inclusif». L'Algérie, «encouragée par cette dynamique» entend poursuivre, dans le cadre des mécanismes «appropriés» et de rencontre régulières, son accompagnement aux mouvements du Nord en vue de «parachever», avant le lancement du dialogue inter-malien «inclusif, le processus de rapprochement et d'harmonisation de leurs positions communes de négociations».

AGH CHERIF, UN «REPENTI» ?

En fait, les discussions entre les trois mouvements de l'opposition touareg en Algérie ont été orientées vers la conception des étapes allant dans le sens des préparations des négociations prochaines avec le gouvernement malien, a déclaré le secrétaire général du Mouvement national de Libération de l'Azawad (MNLA), Bilal Agh Cherif. «Les consultations que nous avons menées en Algérie ont été orientées vers la conception des étapes allant dans le sens des préparations des négociations avec le gouvernement malien», a-t-il précisé dans une déclaration à la presse au terme de la signature de la «Déclaration d'Alger». Bilal Agh Cherif, qui avait boycotté la première rencontre organisée à Aller en janvier dernier et avait en même temps atterri à Rabat où il a été reçu par des responsables marocains, a fait le vœu que le contenu de la «Déclaration d'Alger» soit une plate-forme «très solide» permettant de mettre fin notamment aux «souffrances» et aux «peines» de la population du Nord Mali. Avant de préciser qu'il place «beaucoup» d'espoir dans les futures rencontres qui se dérouleront en Algérie, car pouvant constituer un déclic servant à résoudre la crise au Nord Mali, seule solution pour ramener la paix et la stabilité dans cette région.?'La résolution de la crise au Nord Mali est une des étapes pour le règlement de la question de l'instabilité et des questions sécuritaires dans la région du Sahel», a-t-il expliqué avant de relever que ?'notre but est de faciliter l'opération de la paix au Nord Mali et au Mali en général pour que la population malienne puisse vivre dans un climat de paix, garantissant les libertés et la stabilité et favorisant le développement». Pour autant, rien n'a filtré des mécanismes de lutte contre les groupes armés d'Aqmi qui infestent cette région du Mali, et, surtout, les efforts de l'Algérie pour récupérer les diplomates algériens enlevés à Gao et toujours aux mains des groupes terroristes quelque part dans le nord du Sahel, entre le Niger, le Tchad et le Mali.

Les résultats de cette rencontre étaient par ailleurs très attendus à Bamako où le gouvernement malien a placé sa confiance dans les grandes capacités de négociations de l'Algérie pour faire signer pratiquement un accord de paix et de non-revendication de la sécession du Nord aux mouvements de l'opposition touareg, fortement noyautés par les groupes djiahdistes. Dès lors, rien n'empêche le pouvoir central à Bamako, les partis et l'opposition touareg de se mettre à la même table et discuter de l'avenir du pays, dont le développement du Nord et son nettoyage des groupes terroristes d'Aqmi.