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Oran : Une affaire de trafic de cocaïne devant le juge

par Houari Saaïdia

L'affaire du réseau de trafic de cocaïne, dont le dernier maillon de la chaîne (les présumés dealers) était basé sur la Corniche oranaise, démantelé début février dernier par les services de la police judiciaire du commissariat central, sera devant la cour d'Oran aujourd'hui. Etant passé sans grand bruit devant le tribunal de première instance d'Oran, ce dossier fait ces jours-ci un grand tapage autour de lui. A tel point où, à la veille de l'audience, ce sujet était sur toutes les lèvres au palais de justice, square Maître Thuveny, et bien au-delà. Plus que les faits et les «personnages» propres à cette affaire, qui en font un dossier pénal «ordinaire» au demeurant, ce sont les «vraies-fausses» rumeurs qui fusaient dans les milieux judiciaires au lendemain du verdict rendu le 6 mars dernier. Des familles de certains accusés dans cette affaire, qui avaient écopé de lourdes peines lors du jugement rendu par le tribunal correctionnel d'Oran, ont contesté le verdict. Elles ont dénoncé ce qui était à leurs yeux «une justice à deux vitesses».

Selon le jugement rendu par le tribunal de 1er degré, l'accusé ayant été condamné à 6 mois de prison avec sursis, B. S., 28 ans, a bénéficié d'une requalification des faits de la «commercialisation de stupéfiants» à la «détention de stupéfiant pour usage de consommation» (article 12 de la loi 18/04 relative à la prévention et à la répression de l'usage et du trafic illicites de stupéfiants et de substances psychotropes) étant donné qu'il n'y a pas de preuves ni de présomptions que celui-ci a pratiqué la commercialisation ni aucun autre acte lié au trafic, tout en lui accordant les circonstances atténuantes du fait qu'il est étudiant.

La genèse de l'affaire remonte au 16 février 2014, jour où la perquisition du domicile de Gh. S., 29 ans, situé dans le quartier d'El-Hamri, s'est soldée par la découverte de 20 boulettes de cocaïne, d'une pesée totale de 14 g, 22 comprimés psychotropes de marque Ecstasy et 27 millions de centimes en liquide. Arrêté, le mis en cause a reconnu que la marchandise saisie était la sienne, qu'il l'avait achetée à raison de 8.500 DA le gramme pour la revendre à 5.000 DA pour 0,4 g, et ce sur la Corniche oranaise notamment, tout en citant les noms de ses fournisseurs, ses clients «réguliers» et les lieux des transactions. De fil en aiguille, d'aveu en aveu, les enquêteurs sont parvenus à démanteler la bande, identifiant notamment 10 membres, dont 5 arrêtés et 5 autres encore en état de fuite. Un des mis en cause arrêtés, B. N., 31 ans, a avoué pour sa part avoir réussi à faire disparaître les traces d'une quantité de 10 g de cocaïne, «en tirant la chasse d'eau des toilettes» juste avant que les enquêteurs n'entrent chez lui pour opérer une perquisition. Sauf que sa copine témoignera l'avoir bel et bien vu en possession de plusieurs boulettes de drogue dure, plus une cinquantaine de comprimés d'ecstasy. Poursuivant ses investigations, la police a perquisitionné, le 18 février 2014, au domicile de B. S. et a mis la main sur 1,4 g de cocaïne, ainsi qu'une assiette et un tube de stylo que l'analyse a démontré qu'ils étaient utilisés par le mis en cause pour sniffer.

Au procès du 6 mars 2014, six accusés ont comparu détenus, donc, sous les chefs de «association de malfaiteurs» (articles 176-177 du code pénal) et «détention et commercialisation de stupéfiants et de psychotropes» (articles de 12 à 17 de la loi 18/04). Au terme du jugement dans le cadre du flagrant délit, la charge de «association de malfaiteurs» n'a pas été retenue par la juge car ses éléments n'étaient pas fondés, selon elle. Trois accusés ont été condamnés à 10 ans de prison ferme, deux autres à 5 ans de prison ferme. Quatre autres, en fuite, ont été condamnés à 10 ans de prison ferme par défaut, et un mandat d'arrêt a été décerné contre eux. B. S., l'étudiant, quant à lui, a écopé de six mois de prison avec sursis.

Trois jours après, le 8 mars 2014, le parquet de la République du tribunal d'Oran a fait appel de la sentence prononcée contre les deux accusés ayant écopé de 5 ans d'emprisonnement ainsi que de la peine légère avec sursis pour le cas B. S.