Le ministre
français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, sera demain et jusqu'à mercredi à
Alger où il doit notamment rencontrer le président Bouteflika.
Le Drian devra
également s'entretenir avec le vice-ministre de la Défense, Ahmed Gaïd Salah,
le ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra, et le Premier ministre,
Abdelmalek Sellal. Une visite qualifiée par les Français d'«importante» et où
seront notamment évoqués, selon le menu établi, «les dispositifs de lutte
contre le terrorisme au Sahel» et «la situation au Mali». Deux dossiers en
commun entre les deux pays puisque Paris, qui revient en force sur la scène
africaine ces dernières années, s'est impliquée militairement au Mali et a fait
de la lutte antiterroriste dans la sous-région du Sahel le cheval de bataille
de sa politique extérieure. La France, qui a déployé près de 6.000 soldats
entre le Mali et la Centrafrique, cherche à s'appuyer davantage sur l'Algérie
pour une coopération plus étroite concernant l'aspect sécuritaire dans la
région d'autant plus que la France est sur le point, même si elle le dément,
d'ouvrir un nouveau front au Nigeria. Cette visite en Algérie, la première du
ministre français de la Défense depuis sa nomination en 2012, survient aussi
alors que la région connaît un regain de violence que ce soit en Libye ou au
Mali plus précisément à Kidal où Bamako n'a jamais repris véritablement le
contrôle malgré l'intervention militaire française dans le nord du pays en
janvier 2013. Dans son entrevue avec M. Lamamra, il sera certainement question
de la situation au Mali, l'une des étapes de la tournée du chef de la
diplomatie algérienne dans les pays du Sahel, avec la Mauritanie et le Burkina
Faso, dans le prolongement de la réunion interministérielle sur la région tenue
à Alger en avril 2014. Parmi les préoccupations communes, trouver une solution
pacifique au problème politique malien qui n'a pas encore été solutionné et qui
pourrait rebondir sur le terrain de la confrontation armée entre Bamako et le
Nord. Quant à la Libye, la situation est, le moins que l'on puisse dire,
explosive avec la tentative déguisée d'un putsch militaire menée par le général
à la retraite Khalifa Haftar que l'on dit téléguidé par Washington. Rappelons
que l'Algérie a rapatrié ses diplomates en poste en Libye après des
informations faisant état d'une tentative visant à les kidnapper. L'autre
dossier «chaud» de la France est celui de Boko Haram. Paris a accueilli ce
samedi cinq chefs d'Etat africains pour un sommet international consacré à la
sécurité du Nigeria après le rapt de 200 lycéennes. S'il n'est pas question
d'une intervention militaire occidentale contre Boko Haram, répète l'Elysée, la
France propose et impose sa présence logistique et son capital expérience,
d'autant plus qu'elle dispose de troupes au Mali et en Centrafrique, mais aussi
au Tchad et au Niger. Jean-Yves Le Drian évoquera lui, en parlant de la
réorganisation du dispositif militaire français en Afrique, d'«une conception
régionale du contre-terrorisme». Paris attend en contrepartie que les pays
concernés élaborent un plan avec des mesures communes, comme le partage de
renseignements et un soutien des partenaires occidentaux à ce plan. Un concept
qui sera certainement débattu avec son homologue algérien. Même si le Nigeria
reste loin des préoccupations régionales de l'Algérie, la France met en avant
la porosité des frontières terrestres africaines et craint une interconnexion
entre Boko Haram et les autres groupes djihadistes dans le Sahel à travers ses
frontières avec le Niger ou encore le Tchad. Cette visite de Le Drian sera
suivie par celle de son collègue des AE, Laurent Fabius, le 8 et 9 juin
prochains.