Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Crise en Ukraine : Et maintenant, guerre ou paix ?

par M'hammedi Bouzina Med : Bruxelles

La Russie a gagné la première manche dans la crise en Ukraine. Les Européens, en ordre dispersé, sont paralysés. Après le Sommet de l'UE de vendredi, Barck Obama arrive mardi à Bruxelles pour le Sommet de l'Otan. Il sera suivi du Sommet UE-Chine. Le bras de fer Occident-Russie n'est pas fini.

Vendredi dernier, à la clôture du Sommet européen consacré essentiellement à la crise en Ukraine, les Européens ont découvert toute l'étendue de leur échec dans leur aventure aux frontières russes. Plus de 3 mois de va-et-vient à la place « Maidan » de leurs meilleurs diplomates, de battage médiatique soutenant les « révolutionnaires » ukrainiens et de menaces à la Russie accusée de velléités expansionnistes ont fini par réaliser, justement, les calculs de Moscou : annexer la Crimée, renforcer ses forces militaires, notamment celles de dissuasion nucléaire en mer noire et déstabiliser l'ordre politique et social dans le reste de l'Ukraine. Les sanctions prises en « représailles » par l'Union européenne visant quelques personnalités et oligarques russes sont si insignifiantes au regard de l'enjeu géostratégique qui se joue dans toute la région de l'Asie mineure qu'elles n'ont même pas le souffle d'un « baroud d'honneur ». Depuis vendredi soir, la question n'est plus celle de l'avenir de la Crimée, mais celle du reste de l'Ukraine. Les régions de l'Est, celle de Donetsk notamment, sont en ébullition : des manifestations des russophones lancent des appels à Moscou pour imiter la Crimée. A Kiev des heurts sont signalés entre pro-européens et pro- russes. Vladimir Poutine s'en tient à la même stratégie qu'avec la Crimée : « Nous n'avons aucune intention belliqueuse en Ukraine et nous ne voulons pas la guerre », répète-t-il en substance. Il ajoute que le plan d'aide financier accordé à l'Ukraine en décembre dernier d'un montant de 136 milliards de dollars, dont15 milliards pour cette année 2014, ainsi que le rabais de 30 % sur le prix du gaz ne seront pas remis en cause, du moins pour l'heure et tant que le nouveau gouvernement de Kiev respectera les intérêt russes. En vérité, Vladimir Poutine s'adresse aux Européens en leur « conseillant » la modération dans leur soutien inconditionnel aux pro-européens à Kiev et de préférer plutôt la voie de la négociation diplomatique.

L'Europe entendra-t-elle ce message et saura-t-elle tirer la leçon de Crimée pour éviter une autre partition de l'Ukraine ? Depuis le début de la crise ukrainienne ouverte fin novembre 2013, l'Europe s'en est allée dans une surenchère du discours politique radical et anti-russe qui a poussé Moscou à agir ouvertement en Crimée et accélérer son retour à la Russie. L'Europe reproduira-t-elle la même « imprudence » au cas où les régions de l'est de l'Ukraine manifesteront leur opposition au gouvernement de transition de Kiev ? Vendredi dernier, l'Europe s'est empressée de signer un accord politique avec le gouvernement de transition de Kiev en prévision d'un futur Accord d'Association. Dans le même temps, le président français, François Hollande, annonçait l'annulation du Sommet Europe-Russie prévu en juin prochain. Américains et Européens ont déclaré l'exclusion de la Russie du « G 8 ». Le partenariat stratégique avec Otan-Russie est paralysé. Enfin, des menaces d'autres sanctions économiques sont brandies par les Occidentaux au cas où Moscou entrerait plus en Ukraine. A aucun moment, les Occidentaux n'ont soulevé leurs limites à eux. Jusqu'où iront-ils en Ukraine ? Plus clairement, jusqu'où, par Ukraine interposé, les Occidentaux pousseront-ils leurs pions aux frontières russes ? Les mouvements diplomatiques en Occident, prévus les jours qui viennent, laissent planer le doute à un retour à la voix de la raison et du dialogue avec Moscou. Mardi prochain, le président américain, Barack Obama, débarque à Bruxelles avec une délégation de plus de? 900 personnes. Il y restera deux jours et assistera au Sommet de l'Otan. Il sera question au Sommet de l'Otan de bouclier antimissile, de déploiement de forces armées aériennes dans les pays baltes, frontaliers de la Russie.. etc. Moscou n'est pas dupe et interprète cette volonté de parade militaire de l'Otan comme une intimidation. Une inconnue dans ce ballet diplomatique et militaire en Europe : la tenue, juste après la réunion de l'Otan, du Sommet Europe-Chine à Bruxelles et de celui Europe-ACP(Afrique). Beaucoup de mouvement diplomatique. Bruxelles, capitale de l'UE est en alerte 3 sur une échelle de 4.