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Frontières : Alger et Bamako renforcent leur coopération militaire

par Yazid Alilat

L'Algérie tient, plus que jamais, à sécuriser ses frontières sud et à y installer un dispositif de sécurité transfrontalier qui lui permette, autant de contrôler cette vaste région désertique, que de renforcer la sécurité au nord du Mali. C'est, en gros, les termes de l'accord de coopération de défense, conclu, hier, à Alger, entre les militaires des deux pays. En déplacement dans la capitale algérienne, le ministre malien de la Défense Soumeylou Boubeye Maïga, a souligné, dans une déclaration à la presse, qu'Alger et Bamako vont «relancer (notre) coopération sécuritaire, dans les zones transfrontalières qui avait été suspendue par la force des choses, parce que le Mali n'arrivait plus à contrôler ces régions». Il a précisé, après avoir rencontré le chef de la diplomatie algérienne Ramtane Lamamra, que «nous allons renforcer notre coopération, dans le domaine de la formation et des actions conjointes que nous pourrons mener, ensemble, pour mieux contrôler les différents trafics, dans ces régions». La présence, à Alger, des ministres maliens de la Défense et des Affaires étrangères, Zahabi Ould Sidi Mohamed, intervient dans le processus de renforcement des relations, en matière de sécurité entre les deux pays, à travers la tenue de la 7ème réunion de la Commission mixte algéro-malienne, chargée de la coopération militaire et technique qui s'est achevée par un accord de coopération, en matière de défense.

Les démarches actuelles déployées, notamment par l'Algérie, dans cette partie, devenue sensible, du Sahel, interviennent, par ailleurs, à la suite de l'appel des autorités maliennes pour sécuriser le nord du Mali, dégager une voie de négociations entre le pouvoir central de Bamako et les différents groupes de la rébellion, notamment touareg, et, enfin démilitariser la région, pour ouvrir la voie à la reprise du développement économique et social, dans cette partie du Mali, et particulièrement à Tombouctou et Kidal.

L'APPEL DE BAMAKO

En fait, ce sont les nouvelles autorités maliennes qui ont sollicité l'aide de l'Algérie pour leur faciliter l'organisation d'un dialogue inter-malien avec les groupes de la rébellion touareg. Selon le ministre malien de la Défense, «l'Algérie avait été sollicitée par le Mali afin d'engager des pourparlers exploratoires, par rapport à la crise du Nord Mali». L'Algérie avait, faut-il le rappeler, organisé, au mois de janvier dernier, une rencontre avec les mouvements de la rébellion malienne, à Alger. Seul le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), avait boycotté cette rencontre pour aller, à Rabat, solliciter une médiation marocaine. En recevant son homologue malien, hier samedi, le ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra a affirmé, de son côté, que «la sécurité du Mali est d'une grande importance pour la sécurité de l'Algérie». La coopération bilatérale pour la recherche de solutions aux causes «profondes» de la crise malienne, nécessite la conjugaison des efforts et des moyens des deux pays frères.

«La coordination entre les deux pays intervient, conformément à ce qui a été convenu pour mener une action multilatérale, en vue d'unifier les efforts internationaux visant à trouver des solutions nécessaires à la crise malienne», a souligné M. Lamamra, selon lequel les efforts se poursuivent pour faire avancer les pourparlers exploratoires, tenus à Alger. «Un travail se fait en vue de tenir des réunions regroupant l'Algérie, le Mali, d'autres pays de la sous-région et tous les Etats membres de l'Union africaine pour contribuer au règlement de la crise dans le nord du Mali ainsi que les problèmes communs au pays du Sahel», a-t-il ajouté. Pour le ministre de la Défense malien, «le plus important, c'est de consolider, chaque fois, les acquis que nous aurons engagés et d'avancer. Je pense qu'il y a une volonté commune de travailler ensemble». Pour lui, les autorités maliennes sont conscientes «du fait que toute solution que nous devons apporter doit tenir compte des impératifs de stabilité et du Mali et de l'ensemble de nos voisins».

Le ministre malien de la Défense, sans l'avouer, reconnaît que le dialogue avec l'opposition du Nord, dont les touaregs, est actuellement chahuté par des parties aux intérêts différents des pays sahéliens. D'autant que certains groupes de l'opposition tentent de trouver d'autres sources de médiation dans la crise malienne, notamment à Rabat dont l'agenda, selon des diplomates, n'est pas celui d'encourager un dialogue entre les autorités légitimes à Bamako et l'opposition. Mais plutôt d'encourager une partie contre l'autre, dans un conflit qui dure depuis plus d'une dizaine d'années, et que ni la France, encore moins les pays africains, dont le Burkina Faso, qui ont été sollicités pour une médiation entre les différentes factions maliennes, n'ont pu résoudre. D'autant que le Maroc, qui veut s'ingérer dans la crise malienne, en soutenant des mouvements de l'opposition d'origine touareg, n'a d'autres objectifs que de chahuter le processus de paix enclenché par l'Algérie au nord du Mali.

Par ailleurs, l'affaire des diplomates algériens enlevés au nord du Mali, en 2012, constitue une question «constamment à l'ordre du jour» dans les discussions algéro-maliennes, a assuré le chef de la diplomatie algérienne. «C'est une question, constamment, à l'ordre du jour dans nos discussions avec les frères maliens et également avec d'autres acteurs régionaux et internationaux», a-t-il dit.