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Les «largués» du logement location-vente AADL en colère

par Yazid Ferhat

La décision du gouvernement de relancer la formule de logement location-vente AADL a laissé beaucoup de demandeurs sur le carreau. Cette relance annoncée en grande pompe au début de l'année par le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, Abdelmadjid Tebboune, enchaîne les lacunes.

Il y a d'abord eu les retards enregistrés dans l'opération de l'actualisation des anciens dossiers en « souffrance » chez l'agence AADL. La date de 25 juin au plus tard a été fixée pour la fin de l'opération de l'actualisation des dossiers des années 2001/2002 pour ensuite passer à la prise en charge de ceux des années 2003/2004/2005. Au lieu du 25 juin, la première opération ne s'est achevée que le 31 juillet dernier. Le directeur général de l'Agence nationale de l'amélioration et du développement du logement (AADL), Lyès Benidir avait expliqué ce retard, le 12 août dernier, par les « lenteurs » liées à l'activité durant le mois de ramadhan.

A cette occasion également, le Directeur Général de l'AADL a confirmé la mauvaise nouvelles pour les « largués » de la formule : les dossiers des souscripteurs des années 2003 à 2005 ne seront pas actualisés comme prévu au départ. Ils devront, selon lui, présenter de nouveaux dossiers au même titre que les nouveaux demandeurs dès septembre prochain. Ce n'est pas une nuance pour beaucoup, ce sont des années « d'attente et d'espérance » qui « tombent à l'eau » dit un « largué ».

40 000 DOSSIERS EN ATTENTE D'ACTUALISATION

Combien sont-ils concernés par cette mesure ? Près de 40.000, selon les chiffres avancés le « Collectif AADL 2003/2004/2005 » constitué pour défendre leurs droits. Les « largués » ont lancé une page Facebook où ils donnent libre court à leur indignation et envisagent d'attaquer l'agence AADL en justice. Pour eux, il est absolument incompréhensible de constater que les dossiers de 2001/2002 ont été actualisé mais pas ceux de 2003 à 2005 ».Et pourtant, rappellent-ils, le ministre de l'Habitat ainsi que le DG de l'AADL avaient insisté sur « le respect de l'ordre chronologique des demandes ».

Cette catégorie de souscripteurs, qui a attendu près de dix ans, s'estime lésée par cette mise à l'écart. «Nous nous posons la question pourquoi des gens qui n'ont pas fini la mission qui leur a été attribuée, c'est-dire, assainir le passif de tous les souscripteurs AADL ?' veulent entamer de nouvelles inscriptions ? Nous sommes en droit d'avoir des doutes sur leurs intentions, leurs motivations et leurs objectifs », dénonce ce collectif dans une lettre ouverte au Président de la République.

AU-DELA DE 70 ANS LE TICKET N'EST PLUS VALABLE !

Si les souscripteurs de 2003 à 2005 peuvent fournir de nouveaux dossiers dès septembre, ce n'est pas le cas d'une autre catégorie qui a été carrément exclue du programme. Celle des demandeurs ayant dépassé l'âge de 70 ans en 2013, soit au moment de l'actualisation des dossiers, ont vu leurs dossiers rejetés bien qu'ils soient déclarés éligibles par la commission de logements à la date de dépôt de leur demande. « Le dossier de cette catégorie qui compte près 2000 souscripteurs est toujours en suspens », nous a déclaré Kamel Slimani, du Collectif des souscripteurs AADL. « Nous avons adressé une correspondance au ministre de l'Habitat et nous attendons encore sa décision », a-t-il ajouté. Selon lui, ce n'est pas la faute aux souscripteurs si le programme AADL a pris dix ans de retard. « C'est une aberration de l'administration », a-t-il asséné.

CE N'EST PAS MOI, C'EST L'AUTRE

Contacté par Maghreb Emergent, le directeur de la communication au ministère de l'Habitat affirme que la régularisation de cette catégorie est du ressort du DG de l'AADL, alors que ce dernier se mure dans la posture d'un exécutant qui n'a aucun pouvoir de trancher. Le sort de milliers de familles se trouve ainsi otage de ce « renvoi de balles » entre les deux institutions. La relance de la formule AADL a par ailleurs failli exclure la catégorie des retraités de moins de 70 ans et des ayants droit des souscripteurs décédés, avant qu'elle ne soit rétablie dans l'opération d'actualisation des anciens dossiers et des nouvelles souscriptions.