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Vacances d'hiver et fêtes de fin d'année : Les Algériens «envahissent» la Tunisie

par A. Ouelaâ & Moncef Wafi



Mêmes causes, mêmes effets, pourrions-nous dire, avec les images qui semblent se répéter en boucle au niveau des deux postes frontaliers avec la Tunisie d'Oum Tboul et El-Ayoun, dans la wilaya d'El Tarf. Ils sont submergés de centaines de touristes algériens en partance vers les stations balnéaires de Hammamet, Sousse et Hammamet El Yasmine. Malgré les informations sécuritaires distillées sur la situation en Tunisie, les Algériens, fidèles à une destination "de cœur" mais également de "promotion", n'hésitent pas à passer leurs vacances dans les stations balnéaires tunisiennes réputées être davantage plus abordables que certains complexes hôteliers nationaux vieillots et coûteux aux prestations de service pour le moins bancales. Ce début de vacances scolaires conjuguées aux fêtes de fin d'année a encouragé plus d'un à rallier la capitale tunisienne et les villes côtières pour profiter des tarifs promotionnels offerts par les prestataires tunisiens.

Cette affluence record a mis à rude épreuve les préposés aux formalités de sortie du territoire, renforcés en la circonstance. En effet, dès la nuit du jeudi à vendredi, des files de voitures particulières et des bus affrétés par des agences de voyage, venus d'un peu partout de l'Algérie, se formaient. Après la saturation des parkings pouvant contenir jusqu'à 300 véhicules, de longues files de voitures se sont formées de part et d'autre de la chaussée sur une distance de presque deux kilomètres. Situation qui a fait dire à plus d'un, habitués des frontières, que même durant l'été connu par ses pics de sortie avoisinant en moyenne 6.000 personnes/jour, l'on avait vu pareil déferlement sur les postes frontaliers. Les dernières images renvoient au mois d'août dernier juste après le Ramadhan qui a vu des milliers d'Algériens "envahir" la Tunisie quelques jours avant la fin des vacances d'été et le début de la rentrée sociale. Sur place, de nombreux jeunes, des familles aussi après une attente qui aura duré plus de deux heures ont préféré rebrousser chemin et regagner leurs domiciles dans les wilayas d'El Tarf, Annaba et même Guelma. Les autres, venus de wilayas lointaines comme ces quatre jeunes de Béjaïa, diront que cela fait quatre heures qu'ils sont là et attendront le temps qu'il faut pour passer en Tunisie. Un père de famille, les yeux hagards et avec beaucoup d'amertume, dit avoir regretté d'être là. La déception se lisait ainsi sur tous les visages surtout chez les femmes et les enfants restés cloîtrés dans les voitures. Du côté de la PAF où les équipes ont été renforcées, des

passeports étaient entreposés sur la paillasse en marbre du comptoir et la foule était compacte. Scènes d'énervements, ennui et attitudes hostiles ont pris le pas sur l'ambiance bon enfant et calme qui caractérise en général ces lieux. Maintenant, qu'est-ce qui explique un rush aussi exceptionnel vers ces postes frontaliers ?

Un des responsables au niveau de la PAF l'a imputé aux incertitudes des routes empruntées par les Algériens à partir du poste frontalier de Bouchebka à Tébessa vers la Tunisie et l'agitation que connaissent certaines villes du sud tunisien comme Kairouan et Gafsa contrairement à celle de Tabarka qui passe par Nefza, Béja puis Tunis la capitale réputée plus sûre. Du coup, les habitués des postes frontaliers de certaines villes de l'Est ont préféré les postes frontaliers d'El Tarf. A cela s'ajoutent, évidement, les tarifs promotionnels avec des départs prévus à partir de 30.000 DA par voie terrestre, en bus, incluant quatre nuitées en demi-pension ainsi que le dîner de fin d'année. Une perspective qui va forcément accentuer l'afflux touristique des Algériens en direction de la Tunisie avec en toile de fond la validation de l'allocation touristique dont l'augmentation du montant a été annoncé sans qu'il soit fixé pour l'année prochaine. Au plus fort du tourisme tunisien, en 2009, le nombre de touristes algériens est revu à la hausse avec 85% d'entre eux qui prennent la route, notamment le passage d'Oum Tboul qui enregistre une affluence de 6.000 Algériens par jour. L'été dernier et selon Hassouna Chakroune, représentant adjoint de l'Office national du tourisme tunisien à Oran, le mois de Ramadhan a freiné, comme attendu, le flux de touristes algériens vers la Tunisie comme le montrent les chiffres allant du 21 juin au 31 juillet avec 15.581 entrées, ce qui représente 52,8% de moins que l'an dernier et 84% de moins en 2010. Les derniers évènements de Sidi Bouzid ne semblent pas pour autant refroidir l'envie des Algériens de passer leurs derniers jours de vacances dans les complexes tunisiens puisque, et toujours selon M. Chakroune, les hôtels à Hammamet, Sousse et Hammamet El Yasmine ont affiché complet du 23 août au 10 septembre derniers. Accueillant en moyenne sept millions de touristes par an, dont deux millions de Libyens, plus d'un million d'Algériens et plus de quatre millions d'Européens, dont 1,4 million de Français, la Tunisie a vu fondre ses entrées en devises fortes sous le soleil d'une insécurité ambiante et a enregistré, en 2011, "la pire saison touristique de son histoire", selon le constat de Mehdi Haouas, l'ex-ministre du Tourisme dans le gouvernement provisoire de Béji Caïd Essebsi. Si les Français restent toujours à la tête du hit-parade du marché, avec 568.896 entrées entre janvier et juillet 2012, les Algériens sont encore accrochés à la deuxième marche du podium avec 421.972 touristes enregistrés durant la même période. En termes de pourcentage, et pour confirmer cette tendance à la hausse, les touristes algériens ont été 21% de plus à visiter la Tunisie par rapport à 2011 mais loin de l'année référence du tourisme tunisien qui a affiché des records d'affluence en 2010.