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Alain Rolland et Jean Rizk font le bilan du Centre commercial et de loisirs de Bab Ezzouar : «Nous nous identifions comme un centre de destination de la famille algérienne»

par Yazid Ferhat

En deux ans et demi, le Centre commercial et de loisirs de Bab Ezzouar a atteint ses objectifs expliquent le Président du Conseil d'administration Alain Roland et son Directeur Général, Jean Rizk. Chiffres à l'appui, ils soulignent que le Centre est devenu une destination «réfléchie» des familles algériennes et il s'identifie comme tel. Et, expliquent-ils, le Centre commercial et de loisirs d'Oran qui

sera lancé avant la fin de l'année va profiter de tout ce qui a été appris à Alger.

Le président du Conseil d'administration du Centre Commercial et de Loisirs de Bab Ezzouar, Alain Roland et son Directeur Général, Jean Rizkreviennent dans cet entretien sur l'évolution de l'établissement près de deux années et demie d'exploitation. Chiffres à l'appui, ils nous en disent plus sur l'évolution des habitudes de consommation des Algérois.

Près de deux années et demie depuis l'inauguration du centre commercial de Bab Ezzouar. Quel bilan faites-vous ?

Alain Rolland - : Aujourd'hui, nous pouvons dire, dans l'ensemble, que tous nos objectifs ont été atteints depuis que ce centre a été ouvert. Il a été construit en trois ans. On a lancé les travaux en août 2007 pour une ouverture en août 2010. Trois annéesde travaux ont été nécessaires pour faire sortir cet édifice de commerce et son business center, et depuis presque deux ans et demi d'exploitation. Les premiers résultats nous renseignent sur deux choses. Premièrement nos objectifs ont été atteints. Ensuite, nous nous rendons compte que nous n'avons pas accordé peut-être assez de surfaces pour les commerces. Aujourd'hui, il y a 32 000 M2 de surfaces commerciales qui sont toutes louées et nous avons une demande de 5000 M2 à laquelle nous ne parvenons pas à répondre. Il est évident que nousne pourrons pas le faire puisque le bâtiment est déjà construit. Donc, il faut s'orienter ailleurs. D'où l'idée de se développer avec un projet similaire à l'ouest d'Alger. Et nous sommes prêts à faire en sorte que d'autres investisseurs y soient associés.Il y a un réel besoin en centres commerciaux et de loisirs. Un centre commercial pour juste 5 millions d'habitants, c'est dérisoire. Alors qu'à Genève ce sont 600.000 M2 de centres commerciaux, à titre d'exemple.

Ces objectifs atteints, cela correspond à quoi en chiffres ?

A.R - Durant cette année, plus de 6 millions de visiteurs ont fréquenté l'établissement dont 60 % d'acheteurs. Dans d'autres pays comme la Suisse c'est 80 à 85 %. Il y a encore l'effet de curiosité, certes mais la tendance évolue dans le bon sens. Nous sommes loin des résultats des 6 premiers mois où il y n'avait que 30 % d'acheteurs.Les locatairesdes commerces qui sont à l'intérieur demandent aussi plus de surfaces, ils veulent s'agrandir et y installer d'autres enseignes. Ce sont 5000 M2 de demandes auxquels nous ne pouvons pas répondre. L'autre indicateur est que dans d'autres wilayas, nous sommessollicités pour développer ce type de centres commerciaux. Pour le chiffre d'affaires, nous en gérons deux types. Les recettes locatives d'une part et le chiffre d'affaires des locataires. Cette année, on va arriver à 7 ou 7.5 milliards de DA (70 à 75 millions d'euros), selon les chiffres déclarés par les locataires. Comparativement à d'autres centres commerciaux hors d'Algérie, en comparant le salaire moyen et le pouvoir d'achat et le nombre de clients, je peux vous dire que nous sommes étonnés par ce résultat. C'est un résultat satisfaisant.

Vos statistiques permettent de dégager une tendance des habitudes de consommation du client algérien ?

A.R - Le chiffre d'affaire est surtout réalisé par tout ce qui est textile.Vient ensuite l'alimentaire (supermarché UNO) et enfin les restaurants. Dans ces statistiques,il y a 21 restaurantsqui représentent 12 % de la surface totale. C'est la première fois d'ailleurs que nous faisons un centre commercial avec plus de 6% de surface réservée à la restauration. Ici, nous savons que le visiteur aime consommer avec sa famille dans des restaurants. Il y a 5 à 6 % de surface réservée à la restauration dans les grands centres commerciaux à Genève, par exemple. A Alger, nous sommes obligés de faire le double parce qu'il y a une importante demande.

Vous avez donc identifié les besoins du consommateur algérien?

A.R - Il faut savoir avant tout que le centre commercial est un commerce de périphérie qui est un centre de destination. On ne vient pas par hasard à Bab Ezzouar, on décide d'y venir, il y a une réflexion. Contrairement aux commerces de centre-ville qui sont des commerces de proximité. Les besoins des clients du Centre commercial se tournent vers les loisirscar il y a un déficit de lieux de de loisir en Algérie. Les loisirs sont très importants pour la famille algérienne et nous-nous identifions comme un centre de destination «pour la famille ». On s'est, dans ce sens, adapté au contexte algérien, aucun restaurant ne sert de l'alcool. Nous avons mis tous les ingrédients pour que ce soit un centre de destination pour la famille. Notre clientèle c'estla famille. Nous le constatons, chaque voiture qui rentre représente en moyenne 2.5 de personnes, selon nos statistiques, comparativement toujours à la Suisse où cela est de 1.5 ou 1.6 personnes.

Comptez-vous investir davantage en Algérie ?

A.R - Il y a le projet d'Oran, il va être lancé avant la fin de l'année. Pour nous,il sera très intéressant. Nous allons y appliquer tout ce que nous avons appris ici à Alger. On apprend toujours, surtout dans un pays que nous ne connaissions pas malgré le fait que nous sommes des professionnels de ce métier.

L'ouverture du nouveau centre commercial ARDIS ne vous a-t-elle pas fait de l'ombre ?

Jean Rizk : L'ouverture d'ARDIS n'a pas fait de l'ombre au Centre Commercial de Bab Ezzouar. A Alger, il y a de la place pour plusieurs Centres Commerciaux, la vraie question est celle sur la qualité de l'offre. Ce que le client recherche c'est-à-dire la qualité, la variété et le Prix, le tout dans un écrin qui lui permette de se divertir et de faire ses courses, un lieu de convivialité et qui reste un rendez vous familial. Le client a désormais une base de comparaison avec l'ouverture d'ARDIS, ce qui est primordial pour avoir un contexte commercial sain. De plus la fréquentation du Centre n'a guère fléchie, au contraire, au mois de juillet par exemple, à la veille du Ramadhan, on a reçu 750.000 visiteurs. En augmentation de 30 %, par rapport au mois de juin 2011, qui est lui-même, un mois record en termes de visites. Depuis, le mois de juillet 2012, nous faisons systématiquement 30 à 35 % de plus en fréquentation du Centre. Pour une moyenne de 20.000 visiteurs / jour. Ce mois de Novembre, nous allons dépasser les 600.000 Visiteurs. Au total depuis l'ouverture du Centre nous avons dépassé les 12 500 000 Visiteurs.Cela dépasse les prévisions initiales, ou nous conforte dans l'idée que le Centre s'installe dans le paysage de la ville comme un lieu de destination incontournable. Il y a un apport de plus en plus positif du quartier d'affaires environnant, qui nous apporte de jour en jour une catégorie de visiteurs complémentaires. Avec ces résultats, nous commençons à toucher au niveau de fréquentation des grands centres commerciaux européens. ARDIS ne nous a donc pas causé de tort, il est dans un autre format commercial, un autre concept, et comme nous l'avons déjà dit il y a de la place pour d'autres Centres Commerciaux compte tenu de la demande. A charge d'offrir la qualité et de garantir cela dans la durée en se concentrant sur les détails de notre métier. Deux ans et demi après son ouverture le centre commercial et de loisirs de Bab Ezzouar maintient les promesses qui furent celles du projet initial.

Les récentes revalorisations salariales des fonctionnaires ont contribué aux performances enregistrées?

Alain Rolland- Cela est constaté au niveau de la fréquentation mais surtout dans l'évolution du panier moyen. Effectivement la revalorisation de la masse salariale qui se répercute sur le pouvoir d'achat, nous le ressentons. Cependant, la part du budget réservée aux loisirs reste dérisoire par rapport à bien des pays où elle représente 20 % du budget de consommation.

Jean Rizk - Il faut dire par ailleurs que depuis le mois de juin 2012 nous sentons un frémissement au niveau de la consommation et l'estimation du chiffre d'affaires. Quoi qu'il en soit, l'évolution des résultats de l'exploitation d'uncentre commercial est une courbe ascendante jusqu'à la troisième année en général, avant de commencer à stagner. Et c'est à ce moment qu'il faut être créatif et réactif pour relancer le chiffre d'affaires. C'est tout le sens de notre démarche en renforçant notre tenant mix par l'arrivée de nouvelle marques et nouveaux concepts.