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La stratégie, entre conception et approche

par H. Miloud Ameur (*)



«Le bonheur s'acquiert par l'exercice de la raison, la pratique de la vertu et l'usage modéré des plaisirs».Enuy Clopé Die

La politique étant considérée comme art de gouverner vise à éviter à la société du désastre pour vivre dans l'ordre, l'organisation et le progrès. C'est un stade de gestion du haut degré des affaires communes que chaque société atteint à travers son histoire et sa culture. L'évolution politique est liée à l'homme, au système de vie et au territoire comme cadre de référence. Mais chaque évolution doit être conditionnée en fonction de la conscience commune par le biais de ce qui oriente les efforts, encadre les désirs et arbitre les choix d'un peuple donné.

Ceux-ci sont gouvernés par une organisation qui s'appelle l'État. Il est important puisqu'il dirige la puissance publique d'une société quelconque. Cette dernière ne peut vivre qu'à travers l'État. Dès lors, l'État doit faire face à ses ennemis mais aussi de contribuer à défendre l'intérêt commun de la société. Or, la politique devient politique quand elle met l'ordre, engage des réformes, porte des projets et contribue à proposer des solutions adaptées en fonction des intérêts vitaux. Ils sont considérés stratégiques par le fait qu'ils incarnent l'intérêt général alors arbitré par les pouvoirs publics. Il n'y a pas de politique sans que le politiste soit au service du politicien. La vision politique demeure en effet un choix d'État ayant des fondements socio-culturels au sein de chaque société.

C'est pourquoi la politique moderne vise à dépasser les clivages personnels sans prendre le pouvoir en otage afin d'équilibrer les jeux et maintenir le sens de la gouvernance. La politique, au-delà d'un groupe donné, voire une tendance partisane, à savoir le projet pour lequel on se bat a pour but de l'engager en l'adaptant à sa population et ses besoins. La politique n'a jamais été contre personne, au contraire elle veut instaurer l'ordre, gérer l'État et équilibrer les pouvoirs. C'est une forme intégrationniste du lien social. C'est ainsi que l'enjeu est de taille quand un pays est bien géré par le fait que ses élites, ses cadres et ses instituts sont en mesure de fournir ce qui va avec l'évolution positive. En effet, c'est la force du caractère personnel du pays ainsi que la puissance de sa culture que les hommes agissent pour servir l'idéal au travers l'intérêt général. Mettre l'ordre et aller au-delà de celui-ci c'est être conscient de la tâche pour servir autrui. C'est là qui fait la distinction entre la richesse de l'homme et le sens de la conscience partagée avec les autres.

Loin de la violence que la politique vise à encadrer les besoins de la société en gérant la tête d'un pays connu par l'État. La violence, pour qu'elle soit vaincue, il faut du dialogue social entre les partenaires sociaux. L'emprise du droit joue aussi un rôle majeur dans le fonctionnement institutionnel face à la justice et à la crédibilité de l'administration. L'État de droit c'est une émanation de tous les acteurs quels qu'ils soient pour arriver à cet état d'esprit et d'appartenance d'un peuple à lui-même.

Là réside la construction réelle et effective d'un pays à long terme dont les élites et cadres jouent un rôle sans cesse dans son évolution non pas par les postes qu'ils occupent mais par ce qu'ils proposent et inventent. Au-delà de l'image personnelle, il y a le poids de l'intelligence, la volonté partagée, la conscience philosophique, la stratégie effective. C'est ainsi que le sens de l'histoire joue un rôle majeur dans l'action d'un peuple sans qu'il soit victime de son évolution. Justement celle-ci doit être maintenue au service de l'intérêt général. Cette ligne directrice est conditionnée par le fait qu'un pays ne soit un foyer déstabilisé et une source de violence. Il ne faut surtout pas se plaindre sans faire quoi que ce soit ou critiquer ce qui a été fait ou se sentir coupable lorsqu'on est victime d'une donnée plus forte dont notre force nous guide au moins à ce qu'on espère. Pire encore, on se souvient qu'en plein terrorisme frappant l'Algérie, un journal arabe installé à Londres écrit que « les Algériens n'ont qu'a trouvé une solution à leur problème alors que les autres (pays arabes) ont fait leur devoir durant la guerre de libération et, que cela ne recommence plus ». Cette logique liée à l'inconscience et au manque de la maîtrise de la réalité fait souvent rêver pour ne pas faire ce qu'on doit faire, mais ce qui est contraire peut être à ce qu'il doit être fait.

C'est la philosophie de l'acte et l'action morale dont l'homme du pouvoir ou celui de la rue doivent trouver un terrain d'entente sur lequel se mesurent les nécessités d'urgence et se cohabitent les volontés pour ne pas déliter le lien qui les lie sans qu'ils tenteraient de vivre loin de lui.

C'est une tradition administrative et un choix politique que la gouvernance doit tenir compte de liens qui régissent le pouvoir afin d'y contribuer loin de tout ce qui nourrit les discordes quelle que ce soit leur nature. On ne peut pas être concerné que par l'image, l'habit et l'outil de la communication par ce qu'il invente l'étranger en écartant tout ce qui est de notre responsabilité, sinon on est au bout de la contradiction.

C'est la raison pour laquelle les pays civilisés ou anciennement enracinés dans l'histoire de l'humanité se portent au travers leurs références morales, philosophiques et culturelles à s'adapter en fonction du temps, de l'espace et du monde. Car ce n'est pas les étrangers que ce soient colonisateurs ou investisseurs qui vont porter un intérêt à un pays quiconque pas plus que le leur, mais c'est aux élites et aux cadres de celui-ci qui sont concernés avant tout pour y penser afin de le faire fonctionner autrement.

Le phénomène des pays émergents nous concerne beaucoup plus. Un nouveau défi important qui reflète une certaine puissance interne et une forte démonstration extérieure. C'est une construction d'un système qui vise l'homme à travers lequel s'organise ce qui est un pays : la stratégie.

ÉLEMENTS DE STRATEGIE

Elle naît d'une grande préparation morale, historique, philosophique et politique. Elle ne concerne pas que le domaine de la guerre pour confronter les militaires, au contraire elle vise un domaine plus large que possible. L'œuvre de Sun Zi (IV e siècle avant J.-C.) intitulée « l'art de la guerre » a évincé celle-ci aux Chinois pour qu'ils deviennent vingt siècle plus tard une puissance mondiale exceptionnelle. Il ne s'agit pas que la guerre en question, mais la paix aussi, sinon la paix de la guerre. Comment oriente -t-on quand l'ennemi n'est pas là pour lui déclarer la guerre ? Comment celle-ci serait remplacée notamment en période de paix ? La stratégie c'est elle qui fait la distinction entre la guerre et la paix. La première a son art, tandis que la seconde a sa stratégie. D'où Mao Zedoung ( 1893-1976) s'inspira plus tard de cet art non pas de celui de la guerre, mais plutôt celui de la paix : «Notre stratégie est contre dix, notre tactique à dix contre un. Quand l'ennemi avance, nous reculons, quand il se retranche nous le harassons, quand il est épuisé, nous attaquons, quand il bat en retraite, nous le poursuivons.» a-t-il dit. Il s'agit comment interpréter le passé notamment l'héritage moral et intellectuel d'un pays donné au service de ses habitants pour afficher sa puissance. Une telle référence majeure ne peut que sensibiliser la conscience commune pour se démarquer de telle étape afin d'en vaincre une autre. Le cycle de l'histoire est basé sur la contribution des hommes à travers leurs idées au service des autres. Cette pensée stratégique a maintenu le Chinois dans un état d'esprit pour qu'il pense enfin à la limite de la guerre contre l'ennemi en aimant son pays. Autrement dit entre la guerre offensive et la guerre défensive. C'est ce que Gandhi ( 1869-1948) a médité en prônant la non-violence contre les Britanniques ; une arme politiquement efficace alors considérée d'autant plus que la violence elle-même : «Mais je sais que la non-violence est infiniment supérieure à la violence, que le pardon est plus viril que le châtiment.» écrit Gandhi.

Le cas de la Chine et de l'Inde n'est qu'un exemple cité parmi d'autres. Au-delà du résultat obtenu, il y a un héritage si riche soit il qui s'est développé en formes et en comportements pour ne pas vivre loin de son histoire et indépendamment des autres. Un fait philosophique mais aussi stratégique. Or la question qui se pose sur la Chine en particulier c'est comment ce pays a pu dépasser la guerre - du communisme de Mao à l'économie de marché sans aucune goûte de sang - si ce n'est que son art qui a peut être sauvé plus d'un milliard de Chinois. Une maîtrise du potentiel intérieure et une avancée significative sur des plans sûrs et des projets certains. Tout se résume à partir de la stratégie ou l' «unification de la conscience» commune alors ciblée pour atteindre des objectifs porteurs d'avenir. Selon Lucien Poirier, la stratégie «caractérise l'ensemble des opérations intellectuelles et physiques pour concevoir, préparer et conduire toute activité finalisée en milieu conflictuel » alors elle est selon J.P.Charnay comme étant une « poursuite de l'actualisation du désir ». Son action est d'agir sur l'autre. Elle peut devenir un développement en direction d'un territoire comme si c'était une chose ou la nature. Quant à la tactique, elle est considérée comme un art d'un passage à l'acte. Elle concrétise ce que la stratégie a mis en théorie. Ses objectifs sont plus concrets et ses engagements plus opérationnels et mesurables qu'une stratégie. La tactique est peut être le moyen vers la stratégie ou un outil qui encadre soit la politique, soit la stratégie politique. La tactique est liée à un objectif bien défini dans le temps, tandis que la stratégie engendre le système entier.

STRATEGIE COMME ART

Le terme de stratégie coûte cher à une culture et un territoire sinon leur interaction commune autour de l'acte final. La stratégie ne touche pas seulement que le cadre militaire en termes de guerre, mais elle fait partie du cadre global pour parler de la stratégie de l'énergie, de la culture, de l'enseignement et de télécommunication, etc. Autrement dit, la stratégie ne peut être liée à la guerre, mais aussi à la paix dans une société donnée afin d'éviter la guerre au sein de celle-ci . Justement c'est la conception de la stratégie qui s'occupe d'autrui afin de le sensibiliser pour réaliser ses objectifs et ses désires à l'égard des autres. De ce fait, l'émergence de la stratégie ne fait que choisir ou combiner le sens donnant chaque aspect de la vie commune. L'État peut aussi avoir une stratégie globale qui rassemble plusieurs politiques en une seule. C'est la chose qui détermine la nature de la stratégie comme telle en créant des conditions préalables pour arriver au but. C'est un fil conducteur de la conscience commune en fonction des intérêts vitaux que la stratégie s'organise par les stratégistes afin qu'elle soit appliquée par les stratèges. Dire que toute stratégie est qualifiée comme stratégie, il faut qu'elle porte des projets valeureux et des processus qualitatifs.

Il est certain que le mot stratégie est né dans le champ de batailles par les militaires eux-mêmes pour qu'il soit enfin un terme non partagé quand cela relève du bien-être de tous. Au contraire, le mot stratégie désigne avant tout l'encadrement de l'effort consenti vers un objectif que ce soit guerrier ou pacifique. Car il relève du sens de l'intégrité de tous les acteurs influents d'une société bien organisée alors animée d'une culture riche. Au-delà de la guerre contre l'ennemi, la stratégie fixe les bornes et donne les moyens tactiques et intellectuels pour réaliser la paix. Celle-ci ne peut aboutir qu'en compagnie d'une prise de conscience objective. Il n'y a pas que la guerre qui compte malgré son poids qui pèse très lourdement sur la stabilité d'un pays contre la menace de l'étranger, mais il y a aussi la paix qui instaure l'ordre, réalise l'équilibre et construit la civilisation . Tant que la culture n'étant riche, tout territoire reste instable. Il s'agit en fait de définir le rôle de chaque culture à partir de laquelle s'intègrent individus et groupes au nom de la stratégie. Cette dernière mène souvent au progrès social qui propose de nouvelles équations non pas par rapport aux besoins d'urgence mais aussi aux enjeux constants. Loin de la paix, la stratégie organise les contours du développement humain afin qu'il soit maître de la nature, de l'idée et de la technique sans lequel il reste dépendant des autres. Avant, la stratégie visait la chasse de l'animal, mais maintenant elle s'occupe à réaliser des intérêts et à raccourcir des chemins pour y parvenir. Il ne s'agit pas d'aligner sur un clan au détriment des autres, mais l'ensemble qui doit être sensibilisé de la question commune quant à la construction d'un fait majeur et commun. La stratégie ne relève guère d'une tendance philosophique ou une doctrine dogmatique mais des liens communs qui s'engagent à les protéger en fonction des buts assignés.

C'est le degré de la sagesse du politique, voire du culturel possédant chaque territoire que la stratégie créée a pour but de réaliser ses objectifs à partir desquels elle s'assure la substance afin d'encadrer l'équilibre entre État et société. Le lien entre eux est basé sur une telle stratégie si on veut éviter la collusion entre eux. Toute stratégie intelligente c'est celle qui évite le désordre et réalise l'ordre. Quoi qu'il en soit, toute stratégie est pensée sous l'idée de servir un objectif majeur de telle sorte que l'homme est capable de fournir aux siens.

 C'est un poids lié à l'histoire, à la science et à la civilisation. C'est un effort majeur que fournissent les pouvoirs publics autour d'une stratégie au-delà des périodes instables et des moments cruciaux. A mesure de limiter le danger que la stratégie vise à refléter un mode de vie et à engager un cadre organisationnel d'un peuple donné en dehors de la conjoncture limitée dans le temps et dans l'espace. C'est aux unités productives donc qu'il faut miser pour encadrer la pensée réfléchie et protéger l'acte destiné.

 Toute conduite qu'elle quelle soit collective ou individuelle porte une mécanique légitime entre État et société. Sortir du divorce entre eux c'est penser la stratégie. Celle-ci demeure une organisation équilibrée entre idées et projets de manière à ce que l'évolution soit agencée vers le bien-être de tous sans nuire à personne.

L'ordre est-il dû à la guerre ? La paix devient un art quand  la guerre fait penser de l'éviter en profitant de ce que l'esprit puisse proposer pour conserver cet acquis. Or la paix ne devient une paix que si la guerre devient un moyen pour lutter contre la menace probable ou l'agression de l'étranger. L'art de la paix contribue à ce que l'homme puisse faire afin de devenir une force redoutable. Cette puissance majeure est le reflet de ce que la culture appartenant à cet homme demeure essentielle quoique la politique devienne un moyen, tandis que la stratégie est son outil. De la guerre à la paix qu'il y ait un chemin à faire, d'où la distinction entre elles est un choix à saisir dans une culture si riche soit-elle. La première est dirigée contre l'ennemi en employant tous les moyens possibles : cavaliers, altérée, infanterie. La seconde conduit ce que la première a détruit ou de contrer éventuellement ses objectifs stratégiques. C'est un processus qui engendre toutes les capacités, les efforts et les consensus d'un fait positif par rapport à l'effort consenti. C'est un attachement à un idéal certain que la construction intérieure vaut plus que l'attaque de l'ennemi, sinon une puissance à maîtriser à proprement dire contre toute opération qu'elle quelle soit sa nature. Toute nation forte c'est telle qui fait la distinction entre les objectifs porteurs d'intérêts centraux et ceux qui ne l'ont pas. En définissant une série d'objectifs, la tâche devient de plus en plus moins dure - dépasser le destructif du premier et remodeler le commun du second -. Autrement dit ; c'est faire l'équilibre entre le voulu de l'agresseur et le subi de l'agressé. C'est là où tout se résume notamment ce qui relève du génie grandissant sans vivre dans des logiques infernales. Elle est une lutte sans cesse majeure notamment psychologique, mentale et sociologique d'une idée de l'un et l'acte de l'autre.

La stratégie n'est que l'encadre ment de la « violence légitime » qu'il exerce l'ennemi. Mais il ne faut pas que celle-ci soit un moyen employé pour s'emparer de l'appareil répressif et coercitif. Placer la « violence légitime » dans sa place c'est l'orienter pour pousser l'autre partie que contient l'homme en tant que tel qui est d'ailleurs la partie non-violente. Celle-ci contribue plus à faire la guerre dans un contexte de paix au niveau de l'homme lui-même sous forme de révolution contre tout ce qui le rend inefficace, afin d'aller au-delà de l'étape traversée. L'aspect militaire existe et existera toujours dans chaque nation, à savoir son agencement pour équilibrer l'équilibre entre dissuasion, terreur et violence. Toute stratégie est basée sur ces données clés afin de les exercer là où il faut afin d'éviter leur emprise sur la culture commune. La force d'un pays compte par son armée en période de guerre mais aussi par son savoir-faire en encadrant la violence effective pour ne pas subir les retombées de la guerre. La paix réelle cultive le non-retour à la guerre déclenchée contre l'ennemi. C'est pourquoi la paix constitue une grande valeur qui montre ce que l'homme sache faire aux siens et en proposer au monde. Il ne s'agit pas d'un corps au détriment des autres, mais l'ensemble qui est concerné. L'intégration de tous les acteurs déterminants autour d'une perspective est le reflet de la capacité du tissu social. Du point de vue stratégique, l'ennemi invisible, dans un pays donné, n'est pas celui des personnes qui sont en question, mais plutôt les idées qu'on porte qui ne sont pas en mesure pour penser un tel projet commun pour en dépasser. Il est fort possible que la mobilisation de son appartenance soit consciente des enjeux pour réunir toutes les conditions humaines et financières afin de débattre ce qui est commun afin de le renforcer davantage : car il y aura plus d'intérêt bénéfique dans l'immédiat et dans l'avenir si cela n'est pris en considération dès maintenant. Le véritable décollage ( take off best) est un ordre stratégique plutôt qu'économique ou politique. Tout le monde pense la politique mais rare ceux qui passent à l'action politique pour enfin accepter son résultat à l'unanimité. Or, la stratégie est liée à l'État en ce qui concerne un territoire, et à l'entreprise du point de vue économique. Tant qu'on est loin de cette thématique, c'est qu'on n'arrive pas à penser l'individu pour le servir davantage. C'est un choix philosophique pour celui qui pense savamment afin de sauver soi-même alors lié à des impératifs majeurs par rapport à autrui qui partage avec lui une série de valeurs communes portant une telle responsabilité réelle autour du bien-être de tous. L'homme s'intéresse à l'homme dans une culture fortement ouverte et scientifique en intégrant les choix solides et en prenant les décisions objectives. Aussi, une force d'esprit fait naître à travers cette culture scientifique d'essence philosophique pour gagner des batailles aujourd'hui et demain sans se laisser emporter par la tactique des autres. C'est la stratégie qui fait donc dérouter celle-ci de manière à ce que la victoire soit portée sur des faits réels et des résultats probants. Loin de la guerre, c'est la paix qui compte le plus en portant des équations de pensée et des schémas de rentabilité. S'en servir de son intelligence, le stratégiste doit grandir les unités d'action afin d'être en mesure d'aller là où on a l'intention d y arriver. Arriver c'est penser, mais vers quelle direction ? Celle-ci se définit comme telle par rapport aux moyens, aux conditions et aux buts quand on pense en matière de stratégie.

Il ne saurait être question de parler que sur la stratégie elle-même alors elle fait partie de programmes des stratégistes. Toute stratégie est liée à ce que son cadre pratique soit lié à un résultat que ce soit militaire ou autre. Il est certain que la stratégie coïncide avec le domaine de la guerre, mais aussi avec la paix qui fait contrer la stratégie d'autrui. En ce sens, il y a aussi d'autres domaines stratégiques plus avancés à gagner tels que l'économie et le nucléaire, du moins du nucléaire civil. Elle varie selon le contexte par différents types : coercition, interdiction, intimidation, persuasion et dissuasion. Leur application se diffère en deux catégories majeures : l'offensive et la défensive. Celles-ci sont distinguées à leur côté par deux modes de fonctionnement ; l'un direct, et, l'autre indirect. Le premier s'occupe de persuasion, tandis que le second s'intéresse de dissuasion.

STRATEGIE COMME ACTION :

Cette conception stratégique est liée aux États. Ceux-ci sont gouvernés par deux logiques hiérarchiques majeures tantôt par les conflits, tantôt par les investissements des marchés. Il y a deux formes qui sont nées après la guerre froide alors dues à la rivalité économique : la géopolitique et géostratégie. Celle-ci est une manière d'analyser l'action politique dans un cadre mondial, tandis que celle-là s'intéresse plutôt aux relations existant entre la conduite d'une politique de puissance et le cadre géographique dans lequel s'exerce cette dernière ; autrement dit c'est l'influence de la géographie sur la politique. Tout État doit avoir une stratégie pour relier le pouvoir central des régions. La rente financière est fondamentale et, pour y arriver, il faut contrôler les ressources d'où elles viennent et là où elles s'investissent. La souveraineté nationale ne peut être assurée qu'accompagner de la stratégie économique en dominant son espace vital avant qu'il ne soit investi par les autres. L'investissement pour l'intérêt général au nom de l'État qui encadre, lui, le processus du développement, a pour objet de mettre la main sur les produits inventés et dérivés afin de monopoliser en gardant leur commercialisation comme ils ont fait certains pays tels que les États-Unis, le Japon et l'Allemagne dans le domaine de l'industrie. Mais toute avancée significative est liée en termes de stratégie à la culture dominante à la fois l'esprit et l'espace d'un territoire que les États agissent pour des raisons géostratégiques en fonction de l'évolution du monde, notamment par les superpuissances.

La lutte s'engage en termes économiques pour faire fonctionner un appareil, diffuser un modèle et lancer une culture de marque. Domination d'esprit et dépendance exercée. C'est ce que l'économique veut rattraper au nom de la croissance contre l'inflation. C'est une forme de « guerre pacifique » menée jusqu'au là par les pays industrialisés. D'où la concurrence n'est pas admise sinon elle tend à déstabiliser les concurrents. L'ancienne stratégie a changé de cap en maîtrisant territoires et marchés. C'est pourquoi le droit international semble trahi sa mission par le fait qu'il ne fonctionne qu'en discours plutôt qu'en pratique, notamment par les pays industrialisés face aux peuples faibles ou nommés autrefois par des «États voyous» ou l' «axe du mal». Manque de stratégie internationale ou absence de l'équilibre institutionnel mondial en terme de gouvernement mondial? De la sorte, le monde risque de s'isoler par le fait qu'il n'existe pas assez de dialogue politique commun et équitable autour du partenariat économique entre les pays riches et les pays pauvres.

Il semble que le capital est en crise morale et financière sans que la division du travail soit assurée pour autant. C'est ce qui a entraîné l'échec du libéralisme malgré l'intérêt juteux que cela apporte en investissement et en monopolisation. Signalons que le taylorisme n'a pas équilibré la donne économique aux yeux des économistes les plus chevronnés. En revanche, si le libéralisme passe par du moment très difficile, c'est qu'il a constitué son apogée avec et contre le communisme. Sa limite s'arrête-là, à savoir ce qu'ils comptent faire les libéraux pour sauver leur libéralisme. C'est peut être cette ligne unilatérale du libéralisme derrière laquelle l'équilibre stratégique est absent. D'où la stratégie se trouve loin d'être vue sur des bases essentielles pour traiter les problèmes posés et envisager d'autres solutions plus rationnelles. Le sens de la confrontation n'est pas admit comme remède à long terme, c'est que s'explique par le désordre et le terrorisme. C'est là où réside le débat idéologique qui cherche la quête de l'équilibre sans enliser dans le désespoir individuel et dans les guerres meurtrières collectives à l'intérieur de chaque Etat. Forme politique nouvelle ou faiblesse de la mondialisation ?Il n'aura pas d'intérêts économiques sans que l'ordre international soit sécurisé pour évincer toute menace que ce soit humaine ou naturelle. La prochaine stratégie, s'il va en avoir une, elle sera celle qui contribuera davantage à l'équilibre des États et l'ouverture des sociétés par un nouveau dialogue qui refondera cette image héritée de la Seconde Guerre mondiale de manière beaucoup plus stable, sécurisée et compétitive. Or, le monde n'est pas loin d'elle dont l'ordre mondial semble déséquilibré par le fait qu'il est dominé toujours par les mêmes superpuissances sans élargir le forum des autres nations. Il faut admettre une telle évolution pour s'inscrire dans un processus nouveau et maîtrisé plutôt qu'ancien et dangereux. C'est une forme de dialogue politique qui est en jeu en acceptant d'autres peuples et cultures. Cela a ruiné la recherche des richesses et a fait déplacer le centre de gravité notamment dans les pays pauvres en raison de leur main-d'œuvre disqualifiée qui est la plus moins chère au monde. D'autres enjeux de grande ampleur se poseront sans doute à la communauté internationale dès le début de ce XXI e siècle qui entame son cycle avec la crise financière internationale et ses retombées dans le temps par d'autres formes de régressions inquiétantes

(*) Chercheur universitaire