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Présidentielle française : Les sondages seront-ils démentis ?

par Salem Ferdi

La France vote aujourd'hui. Si les sondages, qui disent systématiquement la même chose depuis des mois, ne sont pas démentis par les urnes, les français commenceront, dès le premier tour, à indiquer la porte de sortie à l'hyper-président sortant, Nicholas Sarkozy.

Les derniers sondages ne font que confirmer, en l'amplifiant un peu, la tendance constatée au cours des dernières semaines : le candidat socialiste François Hollande est en tête crédité entre 29 et 30% au premier tour, Nicholas Sarkozy se situerait entre 26 et 27%. Au deuxième tour, l'écart entre les deux hommes est encore plus significatif avec un pourcentage de 54 à 57% pour le candidat socialiste. On assisterait donc, dès demain, au premier acte du «dégage Sarkozy»? Mais bien entendu, cela reste à confirmer par les électeurs français. Les sondages, eux-mêmes, soulignent l'existence d'un niveau important d'indécis ou d'hésitants. Ils seraient 38% à ne pas savoir encore de manière définitive comment ils vont voter, ce qui crée une marge d'incertitude incitant à la prudence. C'est ce qui explique d'ailleurs le fait que le candidat socialiste s'abstient de reprendre à son compte les préconisations faites sur sa gauche par Jean-Luc Mélenchon. Il s'agit de ne pas effrayer l'électorat du centre sachant que le report des voix à gauche , pour battre Sarkozy, est quasi-automatique. Le président sortant, qui cristallise un fort rejet, aura le désavantage de ne pas rassembler dans son camp à droite. Sa campagne ultra-droitière ne semble pas avoir réussi à débaucher l'électorat de l'extrême droite et lui a aliéné l'électorat du centre. Les constats sont là : Nicholas Sarkozy est le président sortant avec la plus faible côte de popularité. Et dans son camp, il y a comme un air de résignation même si Nicholas Sarkozy proclame qu'il va démentir les sondages. Finalement, l'un des enjeux de ce premier tour est de compter les différentes forces en présence. François Bayrou, ancien président de l'UDF, découvre un centre rétréci et risque de ne pas être le «troisième homme» de cette élection contrairement à 2007 où il avait obtenu 18,5%. Avec des sondages plutôt faibles tournant autour de 10%, le candidat centriste n'a pas les moyens de peser sur le second tour. Il devrait, selon les prévisions, s'abstenir de faire un choix pour le second tour et de laisser ses électeurs faire comme bon leur semble. Le «centre», que l'on créditait de 20%, semble s'être effondré devant des candidatures fondées sur des choix affirmés. Et aussi du fait que le candidat François Hollande, peu radical, parait aspirer une bonne partie de l'électorat centriste.

LA SURPRISE MELENCHON

Finalement, la troisième place , à moins d'un effondrement imprévisible de Nicholas Sarkozy au premier tour à la manière de Jospin en 2002, se joue entre Marine Le Pen, candidat du Front National et le très surprenant Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche). Crédité au début de 5% des intentions, le candidat du Front de gauche a fait une campagne remarquable s'affirmant franchement à gauche. Il a réveillé une demande de gauche, fondamentalement, insatisfaite par le discours et le programme aseptisé du Parti Socialiste. La réussite est remarquable avec en bout de campagne des intentions de vote qui ont atteint les 15%. Les sondages sont d'ailleurs hésitants sur qui sera le 3ème, Mélenchon ou Marine Le Pen. Certains sondages donnent une petite avance à la candidate d'extrême-droite. Mais la surprise, s'il y en a, pourrait venir d'un Jean-Luc Mélenchon qui aura été le phénomène le plus inattendu de cette campagne.