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Djaballah n'est pas à sous-estimer

par Kharroubi Habib

La loi fait obligation aux nouveaux partis de convoquer leur congrès constitutif avant de prétendre activer sur le terrain et éventuellement prendre part à la prochaine compétition électorale. Passage obligé auquel certains d'entre eux se sont rapidement soumis, preuve qu'ils disposent déjà d'un ancrage partisan conséquent. Pour beaucoup, c'est déjà la galère car ils se résument à leurs membres fondateurs. Obligés qu'ils sont de satisfaire à cette obligation, ils ont lancé une opération de racolage à coup d'espèces sonnantes et trébuchantes pour réunir un parterre de «congressistes» qui donnera l'illusion qu'ils ont de la stature organique. Le subterfuge donnera une existence légale à leurs sigles, mais bien peu d'entre eux acquerront la crédibilité de formation disposant d'une base militante.

Parmi les premiers cités, le Front pour la justice et le développement, que préside le revenant Abdallah Djaballah, est celui qui a fait la plus probante démonstration de vitalité aussitôt son agrément obtenu, en drainant aux assises de son congrès constitutif quelques milliers de participants. Il s'agissait pour Abdallah Djaballah de montrer d'entrée de jeu qu'il faut compter avec lui et sa formation dans les joutes politiques et électorales dont le pays va être la scène.

La forte affluence constatée au congrès constitutif du FJD sonne comme une revanche pour Djaballah, qui a ainsi fait la preuve qu'il demeure une figure charismatique qui n'a rien perdu de l'attrait qu'elle exerce malgré les déboires traversés. Aussitôt créé sous sa houlette, le Front pour la justice et le développement (FJD) a siphonné cadres et militants à El-Islah et Ennahda, les deux précédentes formations islamistes dont Djaballah a été le fondateur et président, avant d'en être tour à tour évincé par des complots politiques que l'on a dit téléguidés par les officines du pouvoir. Il semble que Djaballah et le FJD ratissent plus large encore puisqu'ils auraient obtenu le ralliement d'une frange de la base du MSP et de celle de l'ex-FIS.

Le pied remis à l'étrier, Djaballah n'entend pas jouer les seconds rôles. Il ambitionne de faire du FJD la force dominante au sein de la mouvance islamiste, mais sans qu'elle devienne un épouvantail pour les républicains laïco-nationalistes. Son discours inaugural des travaux du congrès constitutif du FDJ a été imprégné de cette préoccupation. Djaballah s'est certes affirmé islamiste sans ambiguïté, mais a fait référence en tant que projet à réaliser par son parti à l'instauration d'une république démocratique et sociale basée sur les principes de l'islam, comme stipulé dans la déclaration du 1er Novembre 1954. Il s'est également déclaré pour «construire une véritable démocratie, où la séparation des pouvoirs sera effective et l'alternance au pouvoir à travers des élections libres et transparentes sera assurée».

A n'en point douter, il va falloir compter avec Djaballah et son FJD. Ils ne s'installent pas sur la scène politico-partisane pour se contenter du rôle de faire-valoir. Ne l'oublions pas, Djaballah n'a jamais fait mystère de son ambition à briguer la plus haute charge de la nation. Son come-back a pour objectif final ce but, plus qu'un succès spectaculaire aux prochaines législatives. Tout ce que feront Djaballah et le FJD sera sous-tendu par la volonté de faire aboutir cette ambition. Il ne faut pas les mésestimer.