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Lutte contre le terrorisme: Les «5+5» divisés

par Yazid Alilat

La 7è réunion des ministres de la Défense des pays membres de l'initiative «5+5 Défense», tenue dimanche à Nouakchott, et à laquelle avait participé le ministre délégué auprès du ministre de la Défense nationale, M. Abdelmalek Guenaïzia, n'a abouti à aucune action concrète et commune pour le renforcement de la lutte contre le terrorisme dans le Sahel. L'ordre du jour de cette réunion a porté sur «la validation des résultats des activités liées à l'exécution du plan d'actions de l'année 2011 et à l'approbation de celui de l'année 2012", selon un communiqué du ministère de la Défense nationale. La même source précise que

les ministres de la Défense des pays membres ont procédé à la signature de la «déclaration conjointe de Nouakchott» et ont confié la présidence tournante de l'initiative au Maroc au titre de l'année 2012. L'initiative baptisée ?'5+5 défense'' avait pour but la sécurité en Méditerranée. Avec l'expansion de la menace d'Aqmi, le processus s'est étendu au Sahel, où opèrent plusieurs groupes d'Al-Qaïda au Maghreb islamique, ainsi que des groupes dissidents touaregs d'origine malienne et nigérienne. Avec le conflit libyen, la situation s'est encore compliquée avec la circulation dans la région d'armes de guerre, dont des missiles. A Nouakchott, pourtant, le secrétaire général du ministère libyen de la Défense a rassuré en indiquant que les armes détenues par d'ex-rebelles libyens ne constituaient «aucun danger» pour la stabilité et la sécurité de la Libye. «Ces armes sont entre des mains sûres. Elles ne constituent aucun danger pour la stabilité et la sécurité de la Libye», a déclaré Youssef Ahmed Al-Maghouch. Les craintes concernent les armes sorties illégalement de Libye, comme ces missiles ?'exocets'' qui se sont volatilisés dans la nature, entre les frontières libyennes et le vaste Sahel. Les ministres de la Défense des ?'5+5'' se sont séparés apparemment sans une stratégie commune de lutte contre les groupes terroristes d'Aqmi. La déclaration du ministre mauritanien de la Défense, à la fin de cette réunion, explique mieux les divergences qui règnent au sein de cet ensemble: «tous les pays du 5+5 sont mobilisés pour combattre le terrorisme». C'est en fait une façon de voir les choses, puisque si Nouakchott s'est alignée sur la position algérienne de ne pas ?'engraisser'' les terroristes en payant les rançons, ce n'est pas pour autant la même approche du côté des pays de la rive nord de la Méditerranée. La France, par la voix de son ministre de la Défense Gérard Longuet, ainsi que l'Espagne, sont toujours dans les conditions de satisfaire aux exigences des groupes d'Aqmi pour libérer leurs ressortissants enlevés. Cette dissonance a été perceptible, selon des observateurs, à Nouakchott, où les partenaires des deux rives ne partagent pas les mêmes objectifs, ni la même vision en matière de lutte contre le terrorisme. Beaucoup estiment, par ailleurs, que les réunions des ?'5+5 défense'' aboutissent rarement à des positions communes, sinon proches en matière de traitement du dossier du terrorisme dans le nord de l'Afrique, tellement les divergences sont importantes. Et particulièrement sur le volet des négociations avec les groupes terroristes, une démarche adoptée d'ailleurs par la France, qui ne s'en cache pas, comme l'a si bien démontré le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, en laissant entendre que des négociations sont en cours pour la libération d'otages français détenus par Aqmi. Par ailleurs, le commando qui avait enlevé deux ressortissants français le 24 novembre à Hombori, dans le nord-est du Mali, aurait été arrêté en territoire malien, selon des sources sécuritaires maliennes. «Le commando auteur de l'enlèvement des deux Français de Hombori a été arrêté par les services de sécurité du Mali», a affirmé une de ces sources, selon laquelle les deux otages ne se trouvaient pas avec le commando au moment de son arrestation. Les deux Français, Serge Lazarevic et Philippe Verdon, avaient été kidnappés par des hommes armés vers 01H00 du matin à leur hôtel de Hombori et emmenés vers une destination inconnue. Leur enlèvement a été revendiqué la semaine dernière par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui a également revendiqué celui de trois autres otages européens, le lendemain à Tombouctou, également dans le nord du Mali. Au total, douze Européens, dont six Français, sont retenus dans le Sahel par Aqmi et un groupe présenté comme dissident, le Mouvement unité pour le jihad en Afrique de l'Ouest.