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Paiement de rançons à Aqmi: Washington conforte la position algérienne

par Yazid Alilat

La stratégie algérienne de lutte contre le terrorisme et contre le paiement de rançons aux groupes d'Aqmi est devenue un cheval de bataille de Washington, qui a appelé les Nations unies à examiner de près cette épineuse question. Lundi, le coordonnateur américain de la lutte contre le terrorisme au département d'Etat, M. Daniel Benjamin, a appelé le Conseil de sécurité de l'ONU à examiner de près la question de versement de rançons à l'organisation Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Il a, devant le comité contre le terrorisme du Conseil de sécurité de l'ONU, et pour expliquer la stratégie américaine pour le contre-terrorisme du président Barack Obama, déclaré qu'»aucun groupe terroriste n'est aussi notoirement connu que l'Aqmi en matière d'enlèvements contre rançons qui sont devenus l'une des sources principales des revenus pour les groupes liés à Al-Qaïda». Il a ainsi réaffirmé la position américaine sur ce dossier, indiquant que les Etats-Unis «encouragent vivement le comité contre le terrorisme du Conseil de sécurité à se concentrer davantage sur cet aspect de la menace terroriste, qui s'étend au-delà de l'Aqmi».

La démarche américaine en matière de lutte contre le terrorisme et contre le paiement de rançons aux terroristes s'imbrique en fait avec la politique algérienne en matière de criminalisation du paiement de rançons. Les déclarations de M. Benjamin illustrent également la similitude de vue des Etats-Unis sur cet aspect de la lutte antiterroriste et contre les groupes d'Aqmi en particulier. Cette démarche algérienne de criminaliser le paiement de rançons aux groupes terroristes pour la libération d'otages a suscité, durant l'année 2010, une large adhésion de pays influents et d'institutions internationales. Cette politique a déjà permis l'adoption par le Conseil de sécurité de l'ONU de la résolution 1904 qui introduit des dispositions criminalisant le versement des rançons aux terroristes. Ces dispositions, selon des observateurs, ne sont pas suffisamment strictes pour cerner tous les aspects et les formes que peut prendre le paiement d'une rançon. Une raison qui a fait que l'Algérie milite jusqu'à présent pour que l'ONU inscrive cette question à son ordre du jour en vue d'ouvrir la voie à l'élaboration d'un instrument juridique plus contraignant.

A travers le coordonnateur de la lutte antiterroriste du Département d'Etat américain, Daniel Benjamin, les Etats-Unis ont déjà adhéré à cette démarche et la soutiennent. Sur la politique de non-versement des rançons aux terroristes, il avait estimé en novembre dernier que ?'l'Algérie, en particulier, a été très franche'', relevant que ?'le recours aux enlèvements contre une rançon par des groupes terroristes, notamment au Sahel, pour assurer leur survie, souligne l'urgence de couper cette source de financement''. ?'Obtenir un large accord sur une politique sans concessions des gouvernements des pays riches serait un très bon commencement pour mener à bien cette politique'', a-t-il dit. Les 7 et 8 septembre prochains à Alger aura lieu une conférence sur le partenariat entre les pays du champ (Algérie, Mali, Mauritanie et Niger) et les partenaires extra-régionaux dans les domaines de la sécurité et du développement. Une conférence sur la lutte antiterroriste qui prendra les contours d'une guerre déclarée contre Aqmi et le paiement de rançons contre la libération d'otages.