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Contrefaçon:Tout ce qui brille n'est pas or !

par J. Boukraâ

Le marché national de l'or continue de s'alimenter dans le circuit informel et la contrefaçon. Ainsi et suite à de nombreuses plaintes déposées par des citoyens qui se disent victimes de certaines pratiques illicites, une campagne de contrôle touchera prochainement les bijoutiers activant dans la wilaya d'Oran.

Selon des sources bien informées, certains pseudo-bijoutiers n'hésitent pas à mélanger des pièces de 10 dinars et le métal doré des pièces de 20 et 50 dinars avec l'or. Un phénomène nouveau qui vient s'ajouter à d'autres pratiques frauduleuses qui gangrènent le secteur. Selon un bijoutier membre de l'association des bijoutiers de la wilaya d'Oran, «ce phénomène ne concerne pas les bijouteries légales. Toutefois cette pratique peut exister chez les bijoutiers informels qui activent sans registre de commerce, sans facture et sans certificat de garantie notamment les bijoutiers ambulants qui occupent des tables». Selon notre interlocuteur, entre 400 et 500 bijoutiers informels exercent à Oran. Aussi, le marché national demeure caractérisé, en dépit de tous les nouveaux instruments de contrôle mis en œuvre par le phénomène de la contrefaçon. Un responsable de l'UGCAA avait déclaré auparavant qu' «environ 15 tonnes d'or contrefait, de moins de 18 carats (entre 18 et 14 carats), avec de faux poinçons, circulent sur le marché informel, ce qui représente 40% de l'or circulant sur le marché parallèle, représentant quelque 30 milliards de dinars». Ces bijoux «trichés» sont importés frauduleusement ou fabriqués dans des ateliers clandestins. Ces derniers échappent à tout contrôle. Les réseaux de contrebande s'approvisionnent notamment en Turquie, en Italie et en Syrie. La vigilance du consommateur reste la seule arme pour lutter contre ces pratiques frauduleuses. Ainsi, le client ne doit acheter de bijoux que chez les commerçants formels et doit exiger la facture réglementaire mentionnant le titrage légal de 18 carats ainsi que le poids du bijou. Une opération similaire lancée en 2007 s'est soldée par la saisie de plus de 8 kg d'or, dont 5 kg avaient des faux poinçons et 1 kg d'or qui s'est avéré être mélangé avec du cuivre. Signalons par ailleurs que le marché de l'or en Algérie connaît une hausse vertigineuse. Tel est le constat fait au niveau des différentes bijouteries d'Oran. Depuis quelques semaines, le prix de l'or a connu des augmentations allant de 30 à 40% par rapport à l'année dernière (2010). Dans les bijouteries du centre-ville, le prix du gramme ouvragé importé d'Italie est proposé entre 4.500 et 5.000 DA. Pour le bijou de fabrication locale, le gramme d'or est cédé entre 3.800 et 4.200 DA. Le gramme de l'or cassé oscille entre 3.000 et 3.100 dinars. Par contre, chez les bijoutiers artisans notamment à M'dina Jdida, le prix du métal jaune est nettement inférieur à celui proposé dans les autres boutiques.

Cette hausse des prix de l'or a poussé certains bijoutiers à baisser rideau devant le manque de clients. Les bijoutiers sont unanimes à reconnaître que, depuis quelque temps, leur commence stagne devant la flambée du prix de l'or, situation jamais vécue auparavant. Selon notre interlocuteur, le chiffre d'affaires des bijoutiers a baissé de 60 à 70% suite à la hausse du prix du gramme.