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Béni-Saf: La vaccination par les chiffres

par Mohamed Bensafi

En collaboration avec la SPO (Société de pédiatrie de l'Ouest), l'hôpital de Béni-Saf, de Rachgoun (Oulhaça), sous la houlette du Dr Belahmar, a organisé le week-end dernier, au complexe touristique «Syphax», la 4ème Journée de pédiatrie.

Cette manifestation médicale, qui a vu une forte présence de médecins et spécialistes, venus de tous azimuts, a été aussi marquée par la présence du Pr Jean-Paul Grangaud, membre de la Commission nationale du programme de vaccination. Pas moins de dix communications étaient au menu. En ouverture, c'est le Pr Grangaud qui viendra justement pour parler du programme national de vaccination et dont nous allons sacrifier l'essentiel de notre livraison. Et juste après le lunch, «Le Quotidien d'Oran» lui a ouvert son micro, écoutons-le : «Le programme de vaccination est un programme qui a effectivement fait beaucoup de progrès depuis qu'il a été lancé dans le pays. Il y a eu d'abord, en 1969, un décret qui a nous a permis de continuer à administrer les vaccins qui étaient faits jusque-là, même avant 1962. La vaccination était obligatoire et gratuite. Il y a eu ensuite, en 1976, le programme élargi de vaccination qui a été consolidé avec l'introduction de la vaccination contre la rougeole. On a aussi introduit le vaccin «polio vivant» à la place du «polio tué» qui était combiné avec le vaccin DTP». «Mais un peu avant, en 1972, poursuit Grangaud, il y a eu le vaccin oral qui était administré. Ce qui permettait d'avoir une meilleure immunité au niveau du tube digestif de l'enfant. (Nous noterons au passage que le virus de la polio, qui se transmet par voie orofécale, est un germe commensal (entérovirus) qui se loge, sans nous inquiéter, dans nos intestins et où, dans la majorité des cas, fait développer une immunité durable qui protège l'individu toute sa vie. La maladie s'exprime lorsque le virus traverse la muqueuse intestinale pour rejoindre les centres nerveux). «Dès lors, continue notre interlocuteur, on a vu régresser la polio d'une manière assez importante. Puis il y a eu l'introduction du vaccin de l'hépatite B et plus récemment, en 2007, celle du vaccin contre l'hemophilus influenzae de type B. Un germe qui peut être responsable de méningites et d'infections respiratoires aigues ou graves. Et si vous avez suivi la régression dans les chiffres de la mortalité infantile, c'est évident de dire que les vaccins ont été pour beaucoup dans le recul de cette maladie. A titre indicatif, en 1970, quand les premiers chiffres sont tombés, on avait une mortalité de 140 décès par année pour 1.000 naissances. Des bébés qui décédaient avant la fin de la 1ère année. Aujourd'hui on est à 23 pour 1.000. C'est pour vous dire que malgré tout, des résultats palpables ont été accomplis depuis».

 Nous profiterons alors d'un temps d'arrêt, marqué par notre interlocuteur pour lui placer une question : «Professeur, quels sont alors, à votre avis, aujourd'hui les urgences ?». Ce dernier répond instantanément : « Je peux dire qu'il y a 03 impératifs. Le premier est qu'il faudrait nécessairement introduire les vaccins qui ont été déjà utilisés aux Etats-Unis et en Europe depuis une vingtaine d'années maintenant. Le second est que si on veut introduire ces vaccins on doit se doter d'un système de surveillance épidémiologique. Ceci nous permettra de déterminer le nombre de cas des maladies que l'on veut éviter. Car c'est bien de vacciner contre l'hemophilus mais que l'on ait l'indicateur qui nous permet de savoir si telle ou telle maladie a diminué, par excellence les méningites à hemophilus. C'est-à-dire pouvoir être constamment en contact avec le terrain. Ça sera pareil pour les pneumocoques. A chaque fois que vous mettez en place un vaccin, il faudrait tenir compte de l'importance de la collecte de l'information, savoir si la maladie a reculé. Le troisième impératif est que ces nouveaux vaccins sont administrés contre un germe qui présente plusieurs types. Donc ce qu'il faut c'est avoir des laboratoires performants qui permettent d'identifier ces types de germes. Les vaccins coûtent, de plus en plus chers, parce que les technologies qui sont derrière, sont de plus en plus sophistiquées. A cet effet, il faudrait mettre en avant l'investissement nécessaire car, il ne faut pas oublier qu'une vaccination de la population est un investissement sur la santé publique. Je pense alors que les vaccins doivent passer dans les crédits d'équipement et non de fonctionnement», conclura J-P Grangaud. A noter que parler d'élimination du virus, c'est parler d'un (01) cas pour 100.000 habitants et de zéro (0) cas quand il s'agit d'éradication. En Algérie, les principales campagnes d'éradication et d'élimination de la polio ont eu lieu entre 1994 et 2003 : période au cours de laquelle 4 millions d'enfants (de 0 à 5 ans) étaient vaccinés chaque année. L'Algérie est aujourd'hui candidate auprès de l'OMS pour l'éradication de la polio. Depuis 2004, les campagnes se poursuivent dans les wilayas frontalières et dans les celles à faible couverture». Enfin, dans la même matinée, d'autres communicants s'étaient succédé pour présenter leur exposé, «l'Insuffisance rénale aiguë» par Dr Bendouma, «l'exploration en pneumo-allergologie» par Dr Zemirline du CHU Mascara et le «contrôle de l'asthme» par Dr Benzerga de CHU Mascara. Puis après une pause-café, les pédiatres Zidane de Chlef, Abbad de SBA et Djebbari du CHUO viendront pour nous parler successivement des maladies inflammatoires chroniques de l'intestin chez l'enfant, de l'otite moyenne aiguë chez l'enfant et des GNA post-infectieuses. L'après-midi sera consacré à quatre dernières communications à savoir le RAA (Rhumatisme articulaire aigu) par Dr Aglia du CHU SBA, l'infection urinaire chez l'enfant par Dr Zioueche un pédiatre privé installé à Ghazaouet, des maladies cœliaques par Dr Benzerga. Ce même thème fera l'objet d'un autre exposé complémentaire résumant la prise en charge et la conduite à tenir devant un malade cœliaque, présenté le Dr Bensenane, diététicienne à l'EHPS de Béni-Saf. La journée sera clôturée, comme elle a été ouverte, par une allocution du président de l'organisation. Ce dernier ne manquera pas d'informer les adhérents de la tenue du 8ème congrès de la pédiatrie, présenté cette année sous le thème «Néphrologie pédiatrique» qui se déroulera les 24 et 25 juin prochains au CHUO. Notons enfin le concours apporté par les laboratoires Biomil et Abdi Brahim pour le bon déroulement de cette manifestation. La 5ème journée est prévue pour le mois de mai 2012, toujours à Béni-Saf.