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Maroc : une performance terne éclairée par la promesse du TGV

par Boualem Alami

L'année qui s'achève au Maroc n'a pas été terrible : moins de 4 % de croissance, hausse de l'endettement à plus de 35% du PIB, une inflation à plus de 3% et un taux de chômage de 10%. Loin des prévisions de relance de la croissance, le Maroc aura passé une année molle dans le sillage de la lente reprise mondiale. Le lancement de la réalisation d'un TGV Tanger-Marrakech, via Rabat et Casablanca aura apporté quelques couleurs dans une année en demi-teinte.

Le taux de croissance n'a pas dépassé les 4%, comme prévu par la loi de finances 2010. Mais, globalement, tous les indicateurs macro-économiques sont restés scotchés dans l'orange voire légèrement dans le rouge. Des analystes constatent que la croissance n'a pas été au rendez-vous en 2010, et ne le sera pas en 2011, l'économie du Royaume étant fortement arrimée à l'économie internationale. ?'Une croissance forte ne sera pas au rendez-vous, ni en 2010, ni en 2011'', estime le Centre marocain de conjoncture (CMC). La révision à la baisse du taux de croissance en 2010, est surtout due à la baisse de la production agricole, touchée par les intempéries, qui ont également impacté les infrastructures et le bétail. Pour le CMC, cela a occasionné des pertes de production et de valeur ajoutée estimées à 0,7% du PIB. L'année 2010 a été marquée, selon le CMC, par un creux conjoncturel : une baisse des investissements publics et un recul généralisé des investissements directs étrangers (IDE) et des recettes fiscales de 3,5 % ; la consommation des ménages a été bridée et n'a pas connu les hausses des années précédentes, les ventes de voitures et de matériel électronique ayant été touchées par ce marasme économique. Sur le plan socio-économique, le taux de chômage est remonté de 9 à 10% en 2010, selon le Haut Commissariat marocain au Plan.

Salaires : la colère des syndicats

Le front social a été quelque peu agité du fait du gel des salaires qui a poussé les syndicats marocains à monter au front de la contestation. C'est que le pouvoir d'achat est en chute constante, avec une hausse quasi généralisée des prix des produits agricoles et industriels, à l'exception des produits subventionnés. En face, le gouvernement voit ses dépenses augmenter dangereusement durant les cinq premiers mois de l'année sur fond de baisse de ses recettes. Les dépenses ordinaires, dont celles des salaires, ont atteint près de 72 milliards de dirhams contre 61,6 Mds de DH à la même période en 2009, soit une hausse de 16,6 % à 10,2 Mds DH. Une charge difficile à tenir par le gouvernement qui risque de menacer les grands équilibres de la loi de finances 2010. Celle-ci consacre un peu plus de 60 milliards de dirhams pour les salaires des fonctionnaires et des travailleurs du secteur public.

Les équilibres budgétaires débordés

En 2010, le niveau consacré à la Caisse de compensation a débordé: les 15 milliards de DH qui devaient suffire à honorer les engagements pour toute l'année ont été consommés à la fin du 1er semestre, du fait d'une hausse vertigineuse de la facture pétrolière à plus de 33,2 milliards de dirhams, soit près de 31,3 %. Il fallait injecter pas moins de 10 milliards de DH supplémentaires pour finir l'année. Selon le ministre des Finances Salaheddine Mezouar, «la lutte contre la pauvreté via la compensation est une illusion». D'autant plus que tout le monde en profite : qu'ils soient riches, grands propriétaires terriens, industriels, ou pauvres. La question de la réforme de la Caisse de compensation va donc continuer à se poser en 2011.

Le TGV sauve la mise

La grande satisfaction de l'année 2010 au Maroc aura été le lancement des travaux de réalisation du Train à Grande Vitesse (TGV), qui va relier les villes de Tanger, à partir du détroit de Gibraltar, à Rabat, la capitale politique, puis Casablanca, la grande cité financière du Royaume, et Marrakech, la ville ?'Ocre'' qui brasse un impressionnant chiffre d'affaires tiré du tourisme. Le coût global du TGV marocain, qui sera mis en service avant fin 2015, est estimé à 20 milliards de dirhams, soit un peu plus de 2 milliards d'euros.