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Rapport Transparency International 2010: L'Algérie à la 105e place

par M. Saâdoune

L'Algérie se classe à la 105e place sur 178 pays notés dans le rapport 2010 de Transparency International sur l'indice de perception de la corruption, rendu public hier à Berlin, avec un constat global que les trois quarts des Etats de la planète sont perçus comme gravement corrompus.

 Formellement, l'Algérie «progresse» et gagne six places par rapport à 2009 où elle se classait à la 111e place sur 180 pays classés. Il faut rappeler que le classement de 2009 était une forte régression par rapport à 2008, où l'Algérie a été classée à la 92e place avec un IPC de 3,2, soit une régression de 19 places. Le « gain » de six places paraît de ce fait bien modeste. Le progrès peut être également relativisé en constatant que l'Egypte, qui se classait également, ex-æquo avec l'Algérie, à la 111e, gagne plus de places et se classe en 2010 à la 98e place. L'indice de perception de la corruption (IPC) de l'Algérie reste mauvais, passant de 2,8 sur 10 en 2009 à 2,9 en 2010, très loin du très « éthique » Danemark qui se classe à la première place avec un IPC de 9,3. On admet en général qu'une note égale ou inférieure à 3 est le signe d'un niveau élevé de corruption au sein des institutions étatiques et d'un climat peu propice au développement économique durable. La comparaison avec les autres pays du Maghreb est encore plus défavorable à l'image de l'Algérie. La Tunisie, premier pays maghrébin, se classe à une relativement honorable 59e place, en progression de 6 places avec un IPC de 4,3 contre 4,2. Le Maroc, deuxième maghrébin, est à la 85e place, gagnant 4 places avec une indice de perception de 3,4 contre 3,3. L'Algérie ne trouvera pas matière à consolation dans le fait que les deux autres pays maghrébins, la Mauritanie et la Libye sont plus mal classés. La Mauritanie est en effet classée vers le bas du tableau à la 143e place avec un IPC de 2,3. La Mauritanie perd 13 places par rapport à 2009, où elle se classait à la 130e place avec un IPC de 2,5. Le pays du colonel Mouamar Kadhafi, déjà très mal classé, enregistre un plongeon de 16 places vers le bas. La Libye passe en effet de la 130e place avec un IPC de 2,5 en 2009 à la 146e place avec un recul de l'IPC de 2,5 à 2,2.

Le rapport souligne que les trois quarts des pays étudiés enregistrent un indice de perception de corruption inférieur à la moyenne. L'IPC est établi grâce à des sondages réalisés auprès d'hommes d'affaires et de spécialistes.

La corruption du Sud est aussi une affaire du Nord

Le classement va de 10 points pour les pays « propos » à zéro pour les pays totalement gangrenés par la corruption. La présidente de Transparency International, Huguette Labelle, souligne que des efforts en matière de bonne gouvernance sont requis dans le monde. «Accepter que la corruption perdure est inacceptable ; trop de personnes pauvres et vulnérables dans le monde continuent à souffrir de ces conséquences. Nous avons besoin de voir une mise en œuvre plus importante des règles et lois existantes», a-t-elle ajouté. Le classement établi par TI place le Danemark, la Nouvelle-Zélande et Singapour en tête des pays perçus comme parmi les moins corrompus, avec un indice de 9,3. L'Afghanistan et la Birmanie sont ex aequo avant-derniers sur la liste avec un indice de 1,4, tandis que la lanterne rouge revient à la Somalie avec un score de 1,1. Si l'IPC s'est imposé comme une référence au niveau international, certains experts relèvent qu'il charge trop facilement les pays du Sud en omettant que la corruption est mondialisée. La perception des hommes d'affaires des pays du Nord intègre-t-elle comme un facteur de corruption le fait que l'argent détourné au Sud se place chez eux ? On peut en douter. Les pays développés sortent chaque année pratiquement indemnes dans le rapport de Transparency, alors que la corruption au Sud est aussi une affaire du Nord. Les classements de Transparency restent utiles. Ils le seront davantage si l'approche est plus fine.