On inscrit la présence juive dans la région depuis 10 siècles déjà. Mais si jusqu'à présent on parle de Séfarades poussés vers l'Afrique du Nord par les inquisitions espagnoles, le professeur Nadir Maarouf expliquera lors d'une conférence intitulée «Sidna Youcha entre histoire et hagiologie», initiée, ce jeudi, par l'ECOLYMET (association des anciens élèves, lycéens et medersiens de Tlemcen), que des tribus d'Afrique du Nord ont été judaïsées par un contemporain de Moïse (Sidna Moussa) qui n'est autre que Josué «Sidna Youcha». Certaines tribus accepteront cette religion mais sans prosélytisme d'où l'effet limité de son expansion.

Le professeur émérite de l'Université de Picardie, spécialiste de la typologie des espaces ruraux et l'historicité des phénomènes religieux, retracera d'abord les faits qui l'ont mené à faire des recherches concernant le patriarche de la région des Trara, des Ziaten et Ghelaïça: Sidna Youcha qui a su fédérer les autres prophètes. «Tout commencera lorsque le Capitaine Martin trouvera dans le Grand Touat algérien une idole taillée dans la pierre ayant la ferme d'un poisson, un indice archéologique qui se trouvait dans une synagogue. Martin suppose qu'il s'agit d'un culte voué à Josué qui a pris la direction du Maghreb à la suite de persécution des Pharaons à l'encontre des peuples d'Israël. D'où l'hypothèse implicite de la part de Martin suivant laquelle les Juifs de Tamenlit dans le Touat proviendraient d'une migration nord-sud à partir des côtes. Une hypothèse tentante et la référence à Josué ne l'est pas moins, car la toponymie côtière est assez significative de ces références à Josué un substrat païen. Il en est ainsi de la région des Trara décrite par René Basset, où une qabba côtière porte encore le nom de Sidi Yûcha (ou Nabi Yûcha)».

Mais, il y a l'histoire non avérée et la légende qui se confondent au point où les limites sont méconnues et même l'érudition de Nadir Maarouf n'arrivera pas à dire si Josué est vraiment enterré sur une plage située à quelques encablures de Ghazaouet portant le nom, justement, de ce prophète. Mais l'on sait tout simplement que jusqu'à quelques années avant l'indépendance, son mausolée qui a changé de destinée en se transformant en mosquée était un lieu de pèlerinage pendant 3 jours par les Juifs qui venaient de tout le Maghreb.