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Trois décès en avril: La violence conjugale de plus en plus meurtrière à Oran

par S. M.

La violence conjugale est en train de prendre une ampleur démesurée et inquiétante à Oran. Pour le seul mois d'avril dernier, on déplore trois décès, un tragique décompte qui dépasse étonnamment celui de toute l'année écoulée. Les observateurs tirent la sonnette d'alarme. Les violences dont sont victimes les femmes à Oran deviennent de plus en plus meurtrières.

 Dans les trois crimes recensés au cours du mois dernier, il y avait le caractère de préméditation caractérisant l'acte. Cette recrudescence des violences conjugales serait due, selon de nombreux experts, à de nombreux facteurs, en particulier la conjoncture économique difficile et les changements profonds de la société algérienne.

 Le nombre des femmes blessées par leur conjoint prend aussi l'ascenseur. Le service de médecine légale du centre hospitalo-universitaire d'Oran reçoit en moyenne entre 50 et 60 femmes victimes de violence domestique. La moitié des lésions constatées sont des ecchymoses, mais il y a également des hématomes, des fractures et des brûlures.

 La majorité des cas nécessitent des soins légers, alors que 11% exigent des sutures. Les trois quarts des femmes venant se soigner ne sont pas à leur première expérience. Ce service a recensé, l'année dernière, 621 femmes victimes de violence, dont la majorité était d'ordre conjugal. Le phénomène touche presque tous les groupes d'âge, de 18 à 78 ans.

 Il est à rappeler qu'une banque de données et de collecte de statistiques sur le phénomène de la violence contre les femmes vient d'être créée à Oran. Cette banque pilote au niveau national a pour rôle de collecter des informations et des données sur ce phénomène au niveau des services de la Sûreté, de la gendarmerie, des établissements hospitaliers et des associations à caractères social.

 «Le but est d'uniformiser les données statistiques avancées par les services concernés sur des cas de violence sur les femmes, ce qui permettra d'avoir une vision globale sur les cellules d'écoute encadrées par des psychologues et des sociologues».