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Vent de tempête annoncé sur le Soudan

par Kharroubi Habib

Le Soudan, déjà miné par la crise du Darfour, va devoir faire face à un proche avenir lourd d'incertitudes en relation avec les premières élections présidentielles, législatives et régionales multipartites depuis 1986 et surtout le référendum en janvier 2011 sur l'indépendance du Sud.

 L'une comme l'autre échéances sont grosses du danger d'une guerre civile. Malgré les engagements pris par le régime du président Omar El Bachir de respecter la volonté populaire qui s'exprimera dans les deux consultations électorales, la communauté internationale et les observateurs craignent que la situation va dégénérer aux résultats de celles-ci. Signe de cette inquiétude, la réunion en marge du sommet de l'Union africaine à Addis-Abeba uniquement consacrée au Soudan, qu'a présidée le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, à laquelle ont participé le président soudanais, ceux de l'Algérie, du Nigéria, du Tchad et le Premier ministre éthiopien Meles Zenawi.

 Au coeur de la rencontre, il y a eu la question de savoir comment la communauté internationale peut s'impliquer pour éviter au Soudan de tomber dans des conflits qui risquent de provoquer la dislocation du pays et un embrasement régional. La réponse à cette interrogation n'a pas dû être facile à trouver par les participants à la rencontre d'Addis-Abeba, au regard de la fragilité du régime en place à Khartoum qui doit organiser et gérer les deux échéances fatidiques et des convoitises internationales dont le Soudan fait l'objet et dont ceux qui les manifestent poussent à l'explosion du pays.

 Leurs agissements en ce sens sont en partie responsables de l'instabilité du pouvoir au Soudan et des conflits ethniques dont il est et continue d'être le théâtre au Sud jusqu'en 2005 et dans le Darfour présentement.

 Dans sa configuration actuelle, le Soudan est le plus vaste Etat africain et recèle des ressources énergétiques et des capacités agricoles énormes, dont certaines puissances étrangères veulent disposer. Leurs rivalités pour ce but ont poussé d'aucunes d'entre elles à faire la pression au plan des libertés et des droits de l'homme sur le pouvoir central soudanais et à attiser l'aspiration séparatiste des régions où existent ces ressources et capacités qu'elles convoitent.

 C'est un régime soudanais faible, dont le chef de file, Omar El Bachir, est sous le coup d'un mandat d'amener de la Cour pénale internationale (CPI), qui va devoir affronter et les éventuels troubles que provoqueront les scrutins présidentiel, législatif et local d'avril prochain, et ceux qu'entraînera le référendum sur l'indépendance du Sud.

 La population du Sud est majoritairement favorable à cette indépendance, dont le pouvoir à Khartoum a accepté la perspective. Sauf que, pour une fois sagace, le dirigeant libyen a dit tout haut ce que tout le monde sait, à savoir que si «le Sud a le droit de se dissocier du Nord par référendum, il y a danger de risque de guerre entre les populations qui peuplent cette région, ainsi qu'avec des voisins du nouveau micro-Etat qui se créera».

 La prévision de tempête à court terme pour le Soudan est une réalité que la réunion d'Addis-Abeba n'a pas cherché à occulter. A-t-elle trouvé les solutions qui permettraient au Soudan et à la région de s'en préserver ?