
A l'approche de l'Aïd El-Kébir, la
mercuriale des souks hebdomadaires à bestiaux, dans la wilaya d'Aïn Témouchent
connaît des hauts et des bas à tel point que le plus ingénieux des observateurs
risque de se perdre à l'issue d'explications fournies par les uns, des
commentaires faits par les autres et des conclusions arrêtées par d'autres
encore. Le marché à bestiaux (MAB) de Aïn El-Arbaâ, capitale de la plaine de la
M'leta, est connu par sa particularité d'être alimenté en cheptel par des
éleveurs d'occasion pratiquant l'élevage chez eux, le temps de les écouler
avant deux semaines, au plus, du grand jour J.
Très
habitués, agissant en fin connaisseurs et constituant un petit lobby
d'affairistes qui ne ratent pas les occasions, les spéculateurs tous azimuts
font du plagiat aux maquignons et aux bouchers. Les plagiaires arrivent les
premiers au souk de Aïn El-Arbaâ et scrutent convenablement les entrées. Les
vendeurs d'occasion n'auront même pas le temps de respirer aussitôt arrivés et
sont vite entourés par ces derniers. Comme les vendeurs d'occasion ne doivent
pas rebrousser chemin sans avoir écoulé les quelques moutons en leur
possession, et à force d'être martelés par les plagiaires, ils finiront par
céder. La scène ne s'arrête pas là, les spéculateurs changent de place à
quelques mètres du premier endroit et procèdent à la vente. Généralement, ces
derniers se cotisent pour acheter un bon panier de moutons. La marge est
multipliée autant le nombre des cotiseurs (pas plus de trois). Mine de rien ils
ne se contentent pas d'une plus-value de 1.000 DA. Se tenant tous les mardis
matin, le MAB de Aïn El-Arbaâ a connu une légère baisse de sa mercuriale. Les
connaisseurs disent que cela a un rapport avec la saison qui s'annonce tardive
en ce qui concerne les précipitations pluviométriques, et ceux qui disposent du
cheptel engraissé pour la circonstance de la rituelle fête de l'Aïd ont vu leur
stock d'aliments de bétail sur le point de s'achever. De l'avis des
connaisseurs, les prix du mouton ont atteint leur summum. C'est le fait à
rebours qui va certainement émettre son onde progressivement et crescendo
pendant les trois dernières semaines qui nous séparent de l'Aïd. Face à
l'activisme des plagiaires, les maquignons, revenant du MAB de Aïn El-Arbaâ,
prennent le relai au souk de Aïn Témouchent qui se tient les jeudis matin. A ce
niveau, les plagiaires ne s'en sortent pas et préfèrent jeter carrément
l'éponge. A partir de la semaine prochaine, ce sont les souks champêtres qui
vont prendre le relai.