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Mers El-Hadjadj: La bataille de la Magta'a revisitée

par T. Lakhal

Ambiance festive, fantasia et Karkabou, jeudi matin au pied de la stèle érigée à El-Magta'a (commune de Mers El-Hadjadj), en témoignage de la bataille qui a opposé, le 25 juin 1835, exactement à cet endroit, l'Emir Abdelkader au général Trézel, commandant en armes de la place d'Oran à cette date.

Forte présence sur les lieux, notamment celle du wali et quelques officiels, bien sûr aux côtés des membres de la Fondation Emir Abdelkader section d'Oran, qui ont tenu à témoigner de cette bataille mémorable pour les Algériens et prélude à la longue résistance contre l'envahisseur français.

Les présents ont été, par la suite, invités à prendre un repas au sein de la bibliothèque Mehdi Bouabdelli de Béthioua, avant d'assister à deux conférences relatant cette bataille.

En guise de clôture, les présents ont eu droit à quelques vers de poésie, tout à l'honneur du père fondateur

de l'Etat algérien.

Pour revenir à l'événement en lui-même, il faut rappeler que le 19 juin 1835, le général Trezel, un agressif qui venait juste de remplacer l'autre général Desmichels, fort d'une armada composée de 500 hommes entre fantassins et cavaliers, avec en plus tout un arsenal de logistique digne des grandes campagnes, décida de pénétrer l'arrière-pays oranais. Au niveau de Moulay Ismail, un endroit situé juste à la sortie de Boufatis en allant vers Oued Tlélat, l'Emir, avec ses trois mille hommes dont 1.000 cavaliers, accroche le général surpris par la fougue de son opposant. Fougue qui consistait à harceler par petits groupes et par les côtés ce convoi. Cela a duré deux jours et les troupes françaises, bien contrariées par les troupes de l'Emir, essayèrent de regagner Oran par Arzew. Et c'était là l'erreur du général qui a été acculé vers les marais sans le savoir, le coup final de l'Emir, aidé tout autant par la tactique (la guerre en mouvement au lieu de la guerre de position) que par la nature du terrain (marais), aura eu raison du général qui laissera tout de même une jambe et 4.000 hommes sans compter les prisonniers et les blessés. Peu d'entre eux ont pu se sauver en décidant dans le désordre de regagner Mostaganem beaucoup plus proche que leur garnisson d'Oran. Les troupes de l'Emir perdront beaucoup d'hommes, notamment des lieutenants comme Lagha Kaddour, Lagha Khelifa Ben Mahmoud, Mohamed Bendjillali El-Ourghi et Mecherfi Mohamed (pour lesquels la fondation doit avoir le devoir de mémoire à l'avenir pour tirer de l'oubli tous ceux qui ont combattu aux côtés de l'Emir et qui ont payé de leur vie et de leurs biens. Notons à ce propos Kaddour Debbi qui porte le nom du boulevard qui longe la station de télévision d'Oran. Cet homme, qui était l'ami du père de l'Emir, fut avant la colonisation française emprisonné avec ce dernier par les Turcs pour avoir contesté la conscription des jeunes Algériens dans l'armée othomane. Le 08 mai 1832, cet illusre combattant mourut au combat avec des centaines d'hommes à El-Braya. L'emprisonnement des femmes et des enfants est à l'origine du déclenchement de la bataille de «Kharg Nittah» (actuelle place Karguentah) qui se soldera par la libération des prisonniers. Cela pour l'histoire de ces hommes de l'ombre qui ont fait ce qu'est la vraie Histoire.