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Pour écrire l'histoire

par Sid'ahmed Cheloufi

L'université Aboubekr Belkaïd (faculté des lettres et des sciences humaines et sociales) a organisé trois journées d'études, les 3, 4 et 5 mai, ayant pour thème «L'Epigraphie arabe et l'Archéologie au service de l'écriture de l'histoire». Ont assisté, en plus des étudiants, plusieurs professeurs français de différentes universités et l'encadrement et l'animation ont été assurés par le docteur Boudjella Abdelmadjid, membre du secrétariat national de l'Union des historiens algériens et enseignant-chercheur au département d'histoire à Tlemcen, le Dr Mebkhout Boudewaya, chef de département d'histoire, le Pr Rachid Benkhenafou et le Dr Chaïf Okacha, doyen de la faculté des lettres.

Mme Ory Solange, de l'université d'Aix-en-Provence, spécialiste de l'épigraphie arabe, a animé une série de conférences sur l'histoire de l'épigraphie arabe et de son fondateur, Max Van Berchem, d'origine suisse (1863-1921). Ce chercheur, dira Mme Solange Ory, a une Formation bilingue et s'est orienté définitivement vers les études arabes malgré un cursus universitaire en Sciences exactes à Genève.

Il a préparé une thèse de doctorat intitulée «La propriété territoriale et l'impôt foncier sous les premiers califes». Avant de quitter l'Europe, il rend visite à Paris aux premiers grands maîtres orientalistes français (Barbier de Ménard, Clermont Ganneau), puis à ceux de Berlin (Sachau, Nöldeke). Avec ce bon bagage, il débarque en Egypte et parcourt les rues du vieux Caire, photographie monuments et inscriptions, longe le Nil à dos d'âne avec son professeur d'arabe et ami Ali Baghat, qui deviendra peu après le premier directeur du Musée du Caire.

Pourquoi ce fondateur de l'épigraphie arabe a-t-il choisi cette «aventure» dans un terrain aussi complexe, qui demande de la patience pour lire et répertorier les inscriptions des tombes, des monuments des fois enterrés dans le sous-sol, s'est interrogée Mme Ory, qui a elle-même choisi cet itinéraire en Syrie, au Yémen, en Turquie, en Tunisie, au Maroc et en Algérie qu'elle «adore».

Max Van Berchem, précisa la conférencière, a choisi l'archéologie et l'épigraphie (domaine encore vierge) pour trois raisons. Il a d'abord voulu démontrer que cette étude nouvelle éclairera l'histoire de l'origine de l'écriture arabe (le premier alphabet fut en effet découvert à Ougarit, un site phénicien sur le bord de la Méditerranée. Cet alphabet est apparu dans les années 1100 avant Jésus-Christ. Il est probablement né à Byblos, la plus grande cité de Phénicie qui s'adonnait au commerce maritime). La deuxième raison concerne l'enrichissement de la connaissance de la langue arabe pour les Occidentaux.

Le déchiffrement des inscriptions des monuments permet, explique la conférencière, de mieux saisir le sens des mots techniques employés dans l'architecture, ceux qui relèvent du vocabulaire politique, militaire, social et religieux. L'étude du contenu des inscriptions permet aussi une meilleure compréhension de l'histoire de la civilisation arabe : le déchiffrement des inscriptions révèle des noms propres, des dates d'évènements qui se sont déroulés en ces temps-là... Pour Max Van Berchem, la publication des inscriptions du monde arabe révélera la richesse de son passé.

Cette grande Dame n'a pas baissé les bras puisqu'elle continue de fouiller les pierres pour découvrir des trésors parfois enfouis sous terre depuis des milliers d'années. Que nos étudiants en archéologie suivent l'exemple de Mme Solange Ory et surtout sa méthode d'investissement et de recherche...