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Où va le baril ?

par Akram Belkaïd, Paris

L’impact de la crise économique et financière sur l’évolution des cours du pétrole fait partie des questions essentielles qui se posent à l’Algérie et à d’autres pays producteurs d’or noir. Le repli des cours va-t-il durer ? Faut-il s’attendre à une chute encore plus marquée ou au contraire anticiper un rebond ? Autant de questions sur lesquelles planchent nombre d’experts qui examinent les fondamentaux du marché pour tenter de dégager des prévisions à court et à moyen terme. C’est le sens de la dernière étude des analystes de Goldman Sachs (*).

 

Un repli à court terme...

 

Ces spécialistes sont formels. A court terme, le prix du baril risque de demeurer autour de 45 dollars. Plusieurs raisons sont avancées pour expliquer cette prévision. D’abord, note l’étude, les stocks de pétrole dans le monde sont très élevés, ce qui a un effet baissier sur le prix du baril. Aux Etats-Unis, les inventaires habituellement bas en cette période de l’année ont, par exemple, augmenté de 27 millions de barils. De façon plus générale, les stocks au sein de l’OCDE sont au plus haut depuis 10 ans à 2,7 milliards de barils, avec un surplus de 198 millions de barils au-dessus de la moyenne sur dix ans.

L’autre raison du maintien du prix du baril autour de 45 dollars concerne bien entendu la faiblesse de la demande. Habituelle locomotive du marché pétrolier mondial, la consommation étasunienne a ainsi diminué au cours des derniers mois de 1,8 million de barils par jour (mbj) à 18,7 mbj. En février, la demande mondiale a reculé d’un total de 6,1 mbj à 83,4 mbj, du jamais vu depuis quinze ans, si l’on excepte une brève période qui a suivi les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. A noter aussi que la baisse de la demande affecte les pays membres de l’OCDE (-3 mbj), mais aussi et surtout les pays hors-OCDE.

La Chine, elle aussi, contribue à la baisse mondiale de la demande en pétrole puisque sa consommation a baissé de 600.000 barils par jour en février dernier à 7,5 mbj soit un niveau équivalent à celui du début de l’année 2007. On sait que la Chine est un facteur essentiel pour le marché pétrolier. Depuis dix ans, les incertitudes à propos de l’évolution de sa consommation en or noir ont beaucoup influé sur les prix du baril, au point que de nombreux experts estiment qu’il faut désormais prendre en compte un « facteur Chine » dans le mécanisme de formation des cours du pétrole.

 

... mais un léger mieux en fin d’année

 

Mais ni la hausse des stocks pétroliers ni la baisse de la demande ne sauraient, selon Goldman Sachs, provoquer une décrue plus importante des cours du brut. Selon l’étude mentionnée, deux facteurs agissent actuellement pour équilibrer le marché et faire en sorte que le baril atteindra 55 dollars en juillet prochain. D’abord, les réductions de production de l’Opep sont en train de porter leur fruit puisque le marché va, tôt ou tard, anticiper leurs effets sur la demande mondiale dans l’hypothèse d’un redémarrage, même léger de l’économie. Et à ces réductions de l’Opep, s’ajoutent les effets de l’inexorable déclin de la production hors-Opep. Malgré les efforts des compagnies pétrolières privées, les fameuses « majors », les producteurs qui ne sont pas membres du Cartel ont du mal à la fois à augmenter leurs productions et à renouveler leurs réserves ce qui a un effet haussier mécanique sur le marché.

Enfin, Goldman Sachs parie sur une reprise modeste de l’activité mondiale ce qui, à terme, pourrait conduire à un baril à 65 dollars. Un niveau qui est loin du record de 150 dollars de juillet 2008 mais aussi des 80 dollars que les compagnies pétrolières occidentales affirment être le « bon prix » du baril.

 


(*) Energy Weekly, Higher prices slow the global rebalancing, 17 avril 2009.