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Journée nationale de la Commune: Où en sommes-nous ?

par El Yazid Dib

C'est cette commune que l'on veut ; celle qui incarne la volonté citoyenne, celle qui s'implique dans la dynamique économique, celle qui fédère et consolide la cohésion, celle qui sourit et sème l'espoir ! Où en sommes-nous de tout cela, en fait ?

Le premier Code communal de l'Algérie indépendante a été promulgué par l'Ordonnance 67-24 du 18 janvier 1967. Plus qu'un territoire, un nom et une date de naissance ; la Commune est un idéal interminable. Cinquante et un ans après le chemin continue. Ce texte fondamental était venu à point nommé organiser la toute nouvelle Commune algérienne. La considérant telle une «unité insérée dans l'Etat» ; le Code en question tenait ainsi à asseoir définitivement la Commune dans son cadre naturel, dans un pays totalement souverain et libéré d'une organisation territoriale inégale et partiale. Expression sans ambages de l'exercice de l'acte politique et citoyen ; la Commune a été de tout temps le socle essentiel de l'organisation sociopolitique du pays. Elle est à tous les rendez-vous nationaux. Si elle est le réceptacle final où viennent s'éclore et s'appliquer les dispositions législatives et réglementaires tous secteurs confondus ; c'est qu'elle est un organe imprescriptible dans le démembrement de l'Etat et un cadre privilégié de démocratie, de concertation et de partage. C'est à la Commune qu'échoit la citoyenneté et c'est en elle que s'éclot la démocratie locale.

Le maire par définition politique est un consensus populaire. Résultat d'une opération électorale d'addition de voix, il n'est pas le produit de l'administration. C'est une encaisse de l'urne. Il n'est pas un fonctionnaire banal et anodin qu'un acte pourvu d'autorité administrative arrive à le nommer selon une forme procédurale suite à un concours externe ni le dégommer selon une autre. Il est un partisan. Il émane, en principe d'une volonté populaire. C'est au parti, le sien à qui incombe le devoir d'assurer la production. L'administration tient ne lieu que d'un certificat d'authentification, voire de label. Si sur le plan politique toute personne portée sur une liste électorale était supposée remplir les conditions tacites de performance politique, il en serait autrement, la pratique le démontre ; quand ce candidat devient élu et de surcroît chef d'un exécutif communal. La partie est pénible plus que ne l'était la campagne électorale.

Quel que soit l'intitulé sous lequel il agit, ce personnage élu et public doit offrir une écoute attentive aux nombreuses doléances des citoyens. Comme les tous les maires qui étaient présents sont nouvellement élus, il leur faudrait accomplir en vue d'établir un diagnostic qui sans doute leur permettra, afin de parer aux lacunes ; de mobiliser les troupes, de créer un espace de partenariat, de rameuter les allies et de réduire les réticences. Ceci ne serait obtenable que grâce à des approches tendant d'abord à améliorer le statut matériel de l'employé communal, cheville ouvrière du plan de charge, le renforcement physique des capacités d'action du parc, une veille attentionnelle d'assiduité et de ponctualité, une disponibilité permanente et enfin un engagement passionnel. Faire adhérer tout le monde, d'entre élus, administrations, organismes, associations, tutelle et citoyens autour d'un défi : le bien être social est le principal challenge de tout chef d'exécutif communal. La préoccupation, disons classique d'une Commune se confine en rendant plus agréable et attractif le cadre de vie citoyen.

Malheureusement il est de ces maires qui n'ont pu endosser avec capacité la fonction de Président d'assemblée. Ils étaient juste des gardiens de bureaux où certains se prenaient pour des Directeurs généraux, alors qu'à la limite ils n'étaient que des correspondants à une tutelle parfois mal en point. On les voit, certains d'ente eux se faire prendre otages de leur idéologie partisane ou du clan les ayant mis en orbite de liste électorale. Ainsi l'histoire de chaque ville aura à retenir le palmarès de ses élus. Elle dira qui d'entre eux ne savait que parloter ou ajuster narcissiquement ses cravates et qui parmi eux trébuchait nuit et jour avec sueur et abnégation.

A la faveur de la révision des dispositions du code communal ; que l'on saisisse l'opportunité de rendre un peu plus efficace le rôle du maire et le retirer un temps soit peu de la prépondérance du wali, non pas en termes de droit de regard mais en attributions, en élevant son autorité, en hissant son statut. Car devant la population le wali est toujours le plus puissant. Comme il y a de ces élus municipaux qui n'aspirent qu'à une place à confort et lorgnent la sacrée indemnité qui a en fait pervertit la fonction bénévole et gratuite du mandat électorale. Ainsi le retour au bénévolat électif est plus que nécessaire. Il ne peut ainsi donner aux assemblées populaires que de vrais militants, pas des chercheurs d'emploi.

Malgré tout et par esprit honnêteté ; cette journée est l'œuvre de Bedoui, ex-ministre de l'intérieur qui depuis son installation avait voulu la consigner dans les annales de l'administration territoriale. Elle apparaissait comme une couronne de lauriers à arborer sur chaque tombe d'un disparu, sur chaque tête d'un retraité, sur chaque dossier d'un actif encore généreux et travailleur au service de tous. Ce n'est qu'une reconnaissance envers celles et ceux qui ont façonné dès l'indépendance cette infrastructure sociopolitique de base.

Cette journée ne doit pas être uniquement folklorique mais doit inciter les élus à plus d'initiative et plus d'engagement dans leur responsabilité et de faire de cette journée une halte d'évaluation et de bilan. Rien n'empêche un maire, d'aller en cette journée, comme lors de sa campagne électorale rencontrer ses électeurs et leur faire un point de situation.

En somme la finalité de l'institutionnalisation de cette journée ne se confine pas en un bout de papier cadré en dorure à remettre à un ancien maire. Elle vise à atteindre un niveau non seulement d'hommage mais aussi un nivellement de mentalité gestionnelle et une mise à niveau harmonieuse entre l'innovation et l'exécution. Ainsi ce 18 janvier est maintenant sacralisé. Les pouvoirs publics visaient par cette consécration d'ériger en obligation pour la Commune de revoir chaque année sa copie et se souvenir de son parcours et ses différentes histoires. Elle a des histoires d'instabilité et de drame, elle en a aussi celles de la joie et de la gloire. La commune enfin n'est pas une journée, elle est le jour et la nuit. Le temps.

Il est à l'honneur du ministre de l'Intérieur, Monsieur Brahim Merad, qui sait situer parfaitement les points faibles et les coins d'où grince toute faille communale; de mettre la commune dans le cœur de la collectivité territoriale. Il est également de son sens de commis de l'Etat et de sa culture passionnelle du patrimoine national, de relancer avec vivacité le projet du Musée national de la Commune. Tous les éléments muséologiques, historiques, archivistiques sont à la portée de sa main. Il suffit juste de dépoussiérer certains tiroirs. Et ce musée sera comme un digne mémorial élevé en hommage à celles et ceux qui ont eu à pérenniser le service public et faire demeurer l'Etat debout dans ses pires moments.