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Le choix entre deux maux

par Abdelkrim Zerzouri

Au moment où presque tous les pays amorcent un déconfinement prudent, autorisant les déplacements à l'intérieur de leurs frontières, les liaisons internationales restent, elles, enclines aux appréhensions de l'importation du Covid-19 par les voyageurs. La peur reste de mise face à la pandémie, dont la levée officielle n'a pas été prononcée. Pis, elle est renforcée par des alertes cycliques des spécialistes de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), rappelant qu'on n'est pas encore arrivé au bout du tunnel. Pas tant que le Covid-19 garde toute sa virulence. Et, pas tant qu'on n'a pas développé un vaccin contre cette maladie du siècle. Dans un souci purement économique, notamment l'urgence du sauvetage d'une saison touristique presque ruinée, les restrictions des déplacements entre pays commencent peu à peu à sauter à travers le monde. A l'intérieur de l'espace Schengen, où la réouverture progressive des frontières terrestres et aériennes a été entamée à la mi-juin, on annonce que la levée de tous les contrôles devrait avoir lieu au début du mois de juillet. Mais l'état des lieux demeure très compliqué quand il s'agit d'aborder la réouverture des frontières extérieures de l'Union européenne. Selon un constat global, sur tous les continents, la réouverture des frontières se fait d'une manière très sélective, avec maintien du principe d'isolement pour les pays où le taux de contamination par le coronavirus est élevé. En Afrique, excepté le cas tunisien, dont les frontières sont rouvertes depuis le 27 juin, avec condition de présentation d'un test PCR négatif fait au moins 72 heures avant le départ pour les voyageurs arrivant de régions à risque élevé, tous les pays du continent se résignent à un isolement jusqu'à nouvel ordre. L'Algérie n'échappe pas à la règle. Le président Tebboune a ordonné le maintien de la fermeture des frontières terrestres, maritimes et aériennes « jusqu'à ce que Dieu nous libère de ce fléau». Entendre jusqu'à la fin de la pandémie. Ne faudrait-il pas craindre que le principe de réciprocité entraîne un isolement du pays sur le plan international, avec tout ce que cela véhicule de néfaste pour l'économie nationale ? La menace pandémique n'étant pas clairement cernée, ne serait-on pas mieux attentif de mettre en place un mécanisme souple et adéquat, en adoptant les mesures qui s'imposent pour réduire le risque d'importation du Covid-19, en vue de la réouverture partielle des frontières pour permettre le redémarrage de la machine économique, intimement lié à la circulation des biens, des matières premières et de certaines catégories de personnes ? Certes, l'Algérie privilégie la santé du citoyen plus que tout autre aspect économique, mais le repli ou l'isolement du pays pourrait lui être à la longue fatal, notamment dans le décor d'un nouvel ordre mondial en marche. Il s'agit de faire un choix entre deux maux, en gardant une marge de manœuvre dans le mouvement mondial post-pandémique, ou qui se veut comme tel, et qui tend vers le rétablissement de liaisons internationales aussi partielles, ou conditionnées, soient-elles. Car, il est important de concevoir des stratégies sur la base de considérations qui tiendraient compte, surtout, du fait que le nouveau coronavirus devrait persister durant de nombreuses années, voire pour toujours.