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Dix neuf personnalités nationales interpellent la «sagesse et l'objectivité» du pouvoir

par Kharroubi Habib

Dix neuf personnalité nationales qui ont toutes refusé de prendre part au dialogue initié par le panel conduit par Karim Younes et censé avoir dégagé un consensus national pour l'organisation de l'élection présidentielle que le pouvoir de fait considère comme la sortie de crise la moins coûteuse pour le pays au plan politique, sécuritaire et économique, ont rendu public hier mardi un communiqué dans lequel ils suggèrent le report du rendez-vous électoral dont les préparatifs battent leur plein malgré la contestation et le rejet qu'il suscite dans l'opinion publique, la classe politique et la société civile. Les dix neuf estiment que la situation politique dans le pays justifie qu'ils suggèrent son report au constat que « s'aventurer à l'organiser comme annoncé, sans consensus national préalable attisera le mécontentement populaire et aggravera la crise de légitimité du pouvoir Bien plus, cette décision pourrait servir de prétexte aux immixtions étrangères ». Pour ouvrir la voie à une solution durable de la crise, ils préconisent à l'intention du pouvoir la prise de mesures d'apaisement pour réunir les conditions nécessaires au déroulement libre et transparent du prochain scrutin. Ces mesures au nombre de sept recoupent les revendications que font entendre chaque vendredi les marcheurs du mouvement populaire.

Une fois ces décisions prises, les dix neuf personnalités estiment qu'il sera possible d'envisager que « la prochaine élection présidentielle soit le couronnement d'un dialogue aboutissant à un consensus national et le point de départ d'une vie politique nouvelle dans le cadre d'une unité nationale renforcée par sa diversité politique et culturelle et qui dissipe toute crainte de l'institution militaire d'une autorité civile constitutionnelle ». Les signataires du communiqué qui ont souligné la responsabilité première du pouvoir dans l'impasse politique que vit le pays et lui ont demandé de faire preuve de sagesse et d'objectivité dans l'appréciation de la réalité qui prévaut depuis l'éclosion du Hirak, ont également interpellé celui-ci. Pour l'inviter certes à poursuivre son action avec le même degré élevé dans le pacifisme et de conscience qui sont ses qualités ayant soulevé l'admiration de par le monde, mais aussi à continuer à se prémunir contre ceux qui sèment le doute dans sa capacité ou qui dans ses rangs changent de chemin en cours de route et enfin contre ceux qui tentent de l'instrumentaliser, le démobiliser ou de parier sur son essoufflement. Ce nouvel appel sera-t-il entendu par le pouvoir qui ayant mis le cap sur l'organisation de l'élection présidentielle en se prévalant d'une adhésion populaire massive à sa démarche, semble déterminé irrévocablement à mener le processus électoral jusqu'à sa conclusion qui est le scrutin présidentiel du 12 décembre ? Sa gestion durcie à l'approche de cette échéance des protestations qui émanent de ses opposants ne prédispose pas à l'optimisme.