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La solidarité avec le Hirak comme paravent à l'ingérence extérieure

par Kharroubi Habib

Dès qu'il a surgi, le Hirak a d'emblée exprimé son rejet de toute forme d'ingérence extérieure et que sa révolution est une affaire algéro-algérienne qu'il entend préserver de toute tentative de l'étranger visant à influer sur son cours. Ceux d'entre ses « acteurs » qui ont pris part à l'audition organisée par la sous-commission des droits de l'homme sur la situation en Algérie ont manifestement ignoré cette ligne rouge fixée par le Hirak. Qui sont-ils et de qui ont-ils reçu délégation de parler au nom du Hirak ?

Les deux interrogations trouvent réponse dans la déclaration de la présidente de la sous-commission des droits de l'homme de l'Union européenne Maria Arena dans laquelle elle a exprimé une vision relative à la solution de crise qui devrait prévaloir en Algérie en parfait accord avec celle des partisans d'une transition et de la mise en place d'une constituante. Ce parti pris de la députée européenne fait fi de la diversité d'opinions sur le sujet que recèle le Hirak et qui n'autorise nul parmi ses acteurs à prétendre être son porte-parole qualifié. Dans le Hirak, il y a certes unanimité pour réclamer la fin du système politique algérien qui sévit depuis l'indépendance du pays et le départ de tous ses symboles. Unanimité également pour que sa révolution se poursuive pacifiquement jusqu'à réunir les conditions permettant cette rupture.

Mais le Hirak est divisé sur la stratégie à déployer pour atteindre cet objectif. Même s'ils sont les plus activistes, les partisans de l'option transitionnelle ne sont pas la majorité dans le Hirak. Sa majorité, elle, n'est pas contre l'option de l'élection présidentielle pour l'organisation de laquelle elle exige des garanties d'ordre institutionnel et législatif à même d'assurer sans équivoque la régularité et la transparence de son scrutin. En ce faisant la porte-voix d'un courant du Hirak qui plus est minoritaire et en relayant exclusivement ses revendications, Maria Arena a non seulement été dans l'ingérence flagrante mais aussi dans le déni de l'opinion majoritaire des Algériens.

Ce n'est pas propagande officielle que les Algériens dénoncent quasi unanimement la tentative d'ingérence européenne qui pointe avec la déclaration de la présidente de la sous-commission des droits de l'homme de l'Union européenne. Pour des présumés propos attribués à l'ambassadeur de Russie à Alger, pourtant moins franchement de parti pris sur la situation en Algérie que ceux de la députée européenne, les mêmes qui ont couru à l'audition par sa sous-commission ont véhémentement accusé Moscou d'ingérence et clamé que le Hirak saura faire pièce à cette sorte de complot contre sa révolution. N'est-ce pas un complot en gestation contre le Hirak qu'a tramé cette audition destinée à donner justification à l'Union européenne d'intervenir dans les affaires intérieures de l'Algérie.

Le pouvoir que les auditionnés de Bruxelles pensent avoir mis en difficulté en allant quémander le «soutien» de l'Union européenne au Hirak exploite judicieusement leur faute politique en la présentant comme confirmation que le courant du Hirak au nom duquel ils parlent et agissent travaille pour un agenda qui lui a été dicté par ses sponsors étrangers. Les invités de Bruxelles n'ont pas rendu service au Hirak.