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Intolérables pressions

par Mahdi Boukhalfa

L'Algérie fait face une nouvelle fois à de terribles pressions d'ONG de protection des droits de l'homme et du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Un bras de fer est en réalité engagé autour de la question sensible des migrants, cette fois-ci d'origine arabe, que l'Algérie, en toute souveraineté, a expulsés vers le Niger après avoir transité par Tamanrasset. Le débat, que l'Algérie refuse d'engager, se situe au niveau de la nature même de ces «migrants», non enregistrés par le HCR qui a manifesté son inquiétude pour leur sécurité. La Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme a également appelé les autorités algériennes à accorder sinon l'asile à ces migrants d'origine arabe, du moins suspendre leur refoulement. Car si pour le HCR il s'agit de «personnes vulnérables, venant de Syrie, de Palestine et du Yémen», formant un groupe de 120 personnes, pour les autorités algériennes le périple même de ces personnes et leur itinéraire pour arriver aux frontières sud du pays reste suspect.

Un des responsables des services de la migration au ministère de l'Intérieur n'hésite pas à évoquer de probables franchises terroristes, dont celle de Daech qui tente, après la débâcle en Syrie, de s'implanter au Maghreb, notamment en Algérie. C'est en réalité à ce niveau que se situe la différence entre les récriminations du HCR qui admet que près d'une centaine de ces «réfugiés» ne sont pas enregistrés par ses services, mais qui demande de pouvoir leur rendre visite afin d'évaluer leurs «besoins humanitaires» et «identifier» ceux qui ont besoin de la protection internationale. L'alibi des besoins humanitaires ne semble pas passer pour les autorités algériennes, soucieuses de rendre étanches les frontières terrestres du sud du pays aux mouvements suspects de membres de franchises terroristes fuyant la Syrie, le Yémen, la Libye et qui passent par le Mali et le Niger pour remonter plus au nord du pays.

Au ministère de l'Intérieur, on estime que ces «réfugiés» arabes pourraient être d'anciens djihadistes venus d'Alep, un des fiefs de Daech et du Front Al-Nosra. Or, le chemin détourné de leur arrivée sur le territoire national par les frontières de l'extrême sud, en dehors des itinéraires classiques, les rend potentiellement suspects et inquiétants. Récemment, les autorités algériennes avaient affirmé que les réfugiés arabes qui arrivent par les voies légales et demandent tout autant par des voies légales l'asile politique ou le statut de réfugiés sont les bienvenus. Mais, pas ceux qui transitent par les frontières sud, par le Mali, le Niger et même la Mauritanie. Les autorités algériennes, qui sont devant un phénomène migratoire nouveau, refusent en fait que cette question soit instrumentalisée par les pays occidentaux à travers les ONG et organisations onusiennes.

Car ce qui inquiète à Alger, c'est que ces migrants, qui fuient des zones de combat et de conflit en Syrie, au Yémen, ont pris les mêmes routes migratoires que celles des terroristes, avec tous les risques d'infiltration de réseaux djihadistes. Or, les pays de l'Union européenne, ainsi que les Etats-Unis, sont en train de fermer systématiquement leurs frontières devant les nouvelles vagues migratoires, dont celles de ressortissants arabes, et dans le même temps une organisation de l'ONU demande à l'Algérie de faire des efforts pour accueillir ces «réfugiés». Un tel paradoxe n'existerait pas si la question migratoire n'a pas été instrumentalisée par les bailleurs de fonds des ONG de défense des droits de l'homme et les organisations onusiennes.