Ain Fouara et sa romance contre-idyllique avec son amant Abou marto réapparaît, encore une fois, dans l'hémicycle
parlementaire. Cette immunité accordée dans l'expression dépasse, parfois, les
mandats de la politique pour s'instaurer, à des centaines de kilomètres, dans
de la pierre de la surenchère et d'une fausse religiosité. L'on n'osera jamais
dire que Ain Fouara est une affaire strictement sétifienne. Qu'elle n'a rien sous ses absences de jupe des
sous-vêtements politiques. Elle est, à elle seule, une fois saccagée un menu
pour ceux et celles qui en manquent. L'on a vu des Sétifiens
et bien d'autres dire que sa nudité n'était jamais une offense, envers leur
regard séculaire. Ceux-ci sont ceux qui sont nés là, à sa proximité, qui ont
vécu à l'ombre de leur insouciance, qui ont grandi avec autant que grandissait
l'attachement à une rue natale ou à un lieu banal. C'est la cité, la leur, une
partie de leur vie, de leur histoire, à défaut d'autres histoires. D'autres,
parmi ceux-ci ou bleus résidents se sont vite éveillés en redécouvrant
viscéralement leur décence pour crier à l'immoral, au premier coup de burin,
qui a défiguré un visage marbré, silencieux et inoffensif. Ils s'inquiètent de
son devenir et par désir de ne plus la revoir, ils forcent le destin à
l'expédier vers un étal de musée. Là, il vient en mémoire dans les années
rouges, cette statue d'Hercule, nu grandeur nature, en combat contre l'hydre de
Lerne et que certains édiles municipaux de l'époque voulaient la détruire, car
siégeant en pleine cour de la mairie. Les débats furent houleux entre les élus.
Le plus extrémiste prônait la destruction pure et simple. L'un, à moitié modéré
suggérait un habillage adéquat. L'autre, plus excentrique allait pour
l'élimination de son appareil génital, coupez-les lui ! Le plus philosophe
parmi les augustes délégués rétorqua, non sans sourire en sourdine : «le problème
c'est qu'il les a en bronze !» Ain Fouara ne les a
pas, hélas.
Et puis,
tout un chacun s'interroge sur la thématique d'une telle intervention
parlementaire. Le (la) député d'Alger aurait pu, en tout évidence de droit et
de légitimité, parler des grands problèmes que vit la capitale. Elle a été élue
pour ça non ? La folie de la circulation, la densité de l'habitat, la
convoitise du foncier, la spéculation immobilière, l'abandon des périphéries,
le maquillage façadier centralisé, les inégalités sociales criardes, les
frasques littorales auront été le beau canevas d'une belle tirade verbale de
l'élue. Rien ne justifie cette argumentation faussaire de clamer que le mandat
du député est national. Que nenni. Il l'est quand une affaire l'est. Mais Ain Fouara, comme les lions de la mairie d'Oran ou la rebaptisation de rue, l'hôtel d'Orient de Batna ou autres
dépendent des attributions des élus locaux, de la société civile et des
habitants. Sauf si, l'aubaine d'en discuter rapporte quelques grains au moulin
des appareils politiques, en perte d'énergie. On aurait aimé lire ou entendre
les députés de Sétif s'inscrire, en primauté, dans ce registre. Seul Belayat Hasnaoui du MPA a émis,
avec courage, son avis clair, net et précis. La nature a horreur du vide, le
micro en a la même face au silence ou à l'inertie des autres.