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Résolution du Conseil de sécurité sur Ghaza: L'Algérie a introduit un amendement «capital»

par Mohamed Mehdi

Mardi, 40e jour du cessez-le-feu, Israël continue de violer unilatéralement l'accord de Charm Al-Cheikh, en poursuivant ses attaques meurtrières contre les civils de Ghaza et en ne respectant pas le volet des aides humanitaires préconisé par le «plan de paix», et ce, en total accord avec l'administration Trump.

Après plus de cinq semaines de l'accord de cessez-le-feu, les restrictions israéliennes empêchent l'aide humanitaire d'entrer à Ghaza. La majorité des habitants de l'enclave manquent de produits de première nécessité pour faire face au froid hivernal et aux fortes pluies, alors que des dizaines de milliers de tonnes d'aide sont toujours bloquées aux points de passage en raison des restrictions et des procédures israéliennes.

Les organisations humanitaires et celles liées aux Nations Unies, comme l'UNRWA, font état de plus de 200.000 tonnes de vivres et d'aide humanitaire qui sont stockées en Égypte, en Jordanie et dans les territoires de Palestine occupée.

Hamas, FPLP, Jihad et FDLP rejettent la résolution du Conseil de sécurité

Mardi, les principales factions palestiniennes, Hamas, FPLP, FDLP, Jihad Islamique, ont rejeté unanimement la résolution américaine adoptée, la veille, par le Conseil de sécurité de l'ONU sur l'avenir de Ghaza, considérant que le texte entériné correspondant à une «mise en tutelle» de la décision palestinienne et «sape l'autorité des Nations Unies».

Pour le Mouvement Hamas, cette résolution «ne répond pas aux revendications et aux droits politiques et humanitaires du peuple palestinien» en imposant «un mécanisme de tutelle internationale à la bande de Ghaza», ce que «rejette le peuple et les factions palestiniens».

«De plus, cette résolution sépare la bande de Ghaza du reste des territoires palestiniens et tente d'imposer une nouvelle réalité qui bafoue les principes fondamentaux et les droits nationaux légitimes de notre peuple, le privant ainsi de son droit à l'autodétermination et à la création d'un État palestinien avec Jérusalem pour capitale», ajoute le communiqué du Hamas.

Sur la question du désarmement, le Mouvement rappelle que «résister à l'occupation par tous les moyens est un droit légitime garanti par le droit international et les conventions internationales» et que «les armes de la résistance sont liées à l'existence de l'occupation, et toute discussion relative à la question des armes doit demeurer une affaire intérieure nationale, inscrite dans un processus politique garantissant la fin de l'occupation, la création d'un État et l'autodétermination».

Pour le Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP), cette résolution «est inapplicable» car elle «ignore la volonté nationale et n'est pas contraignante pour le peuple palestinien».

«Le FPLP rejette catégoriquement la résolution du Conseil de sécurité concernant la bande de Ghaza» qui tente «d'imposer une tutelle par le biais du soi-disant «Conseil de paix», auquel ont été octroyés des pouvoirs de transition et de souveraineté qui reproduisent l'occupation sous une nouvelle forme, marginalisent le rôle des Palestiniens et sapent l'autorité des Nations Unies».

Le Front populaire estime que la résolution soumet «le retrait de l'armée sioniste et la cessation des hostilités (...) aux conditions mêmes de l'occupation», et «restreint la reconstruction et l'aide humanitaire à ses diktats», tout en «accentuant la séparation entre la Cisjordanie et Ghaza» avec une «remise en cause du rôle et des responsabilités de l'UNRWA envers les réfugiés palestiniens».

Enfin, le FPLP «rejette les clauses relatives au désarmement et condamne la qualification de la résistance comme terrorisme».

De son côté, le Front démocratique de libération de la Palestine (FDLP) a déclaré que «la résolution 2803 du Conseil de sécurité est désormais confrontée à une épreuve concrète». Il s'agit, selon la déclaration, pour les «responsables de sa mise en œuvre, à prendre des mesures pour mettre fin aux violations israéliennes du cessez-le-feu, et d'accélérer l'élaboration d'un plan de mise en œuvre précis et assorti d'un calendrier précis, garantissant le retrait de l'ensemble de la bande de Ghaza».

De plus, affirme le FDLP, le texte de la résolution «ne stipule pas clairement le droit sacré du peuple palestinien à un État palestinien pleinement souverain et indépendant, avec Jérusalem pour capitale, dans les frontières du 4 juin 1967».

Le Front démocratique souligne que la partie américaine doit «assumer ses responsabilités afin de mettre fin aux violations quotidiennes du cessez-le-feu par Israël et d'ouvrir les points de passage sans condition» pour «l'acheminement d'une aide humanitaire diversifiée et essentielle». Le Jihad islamique estime, lui, que la résolution américaine, «est rejetée par l'ensemble de notre peuple et ses forces, car elle vise à atteindre des objectifs que l'occupation n'a pas réussi à réaliser malgré ses guerres répétées». «Plus grave encore, cette décision sépare la bande de Ghaza du reste des territoires palestiniens, imposant une nouvelle réalité qui contredit les principes fondamentaux de notre peuple et le prive de son droit à l'autodétermination, notamment de son droit de résister à l'occupation, un droit reconnu par toutes les lois, conventions et normes internationales».

«Imposer à une partie de notre peuple, sans son consentement ni son approbation, un organe de gouvernance dirigé par les États-Unis et doté d'une légitimité internationale constitue une violation du droit international humanitaire», note encore le communiqué du Jihad islamique.

Attaf : «Permettre au peuple palestinien d'établir son Etat indépendant et souverain»

Le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l'étranger et des Affaires africaines, M. Ahmed Attaf, a indiqué, mardi, que l'Algérie est parvenue, lors des négociations sur le projet de résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies concernant le «Plan de paix pour Ghaza», à y introduire un amendement «d'une extrême importance», visant à «permettre au peuple palestinien d'établir son Etat indépendant et souverain», rapporte l'APS.

Lors d'une conférence de presse qu'il a animée au siège du ministère, M. Attaf a précisé que l'Algérie «est parvenue durant les négociations à introduire un amendement d'une extrême importance à cette résolution, un amendement qui stipule que l'objectif final de cette résolution est de réunir les conditions favorables pour ouvrir la perspective d'une solution politique au conflit israélo-palestinien et permettre au peuple palestinien d'établir son Etat indépendant et souverain».

Ahmed Attaf explique que «la résolution adoptée ne porte absolument pas atteinte aux fondements d'une solution juste, durable et définitive au conflit israélo-palestinien, telle qu'approuvée par la communauté internationale et conformément aux résolutions pertinentes de la légalité internationale».

Il souligne que la résolution adoptée rappelle également «toutes les résolutions antérieures du Conseil de sécurité relatives à la question palestinienne». «Ces résolutions constituent la doctrine onusienne pour permettre au peuple palestinien d'accéder à ses droits légitimes et légaux, à travers la fin de l'occupation de ses territoires, la concrétisation de son projet national et l'établissement de son Etat indépendant et souverain», dit-il encore à ce propos.