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Ghaza: Les Palestiniens rejettent toute tentative d'imposer une tutelle internationale

par Mohamed Mehdi

Lundi, 39e jour du cessez-le-feu, Israël continue de violer unilatéralement l'accord de Charm Al-Cheikh, en poursuivant ses attaques meurtrières contre les civils de Ghaza et en ne respectant pas le volet des aides humanitaires préconisé par le « plan de paix », et ce, en total accord avec l'administration Trump.

Dans la nuit de dimanche à lundi, l'armée sioniste a bombardé plusieurs régions de Ghaza faisant plusieurs martyrs et blessés. Une frappe aérienne sioniste a visé des zones situées à l'est de Khan Younes, dans le sud de la bande de Ghaza, alors que l'artillerie a ciblé la partie est du camp d'al-Bureij, dans le centre de l'enclave.

A Beit Lahia, dans le nord-ouest de Ghaza, au-delà de la Ligne jaune, des tirs d'un drone israélien ont fait un martyr. Plusieurs Palestiniens ont été blessés par des tirs de drones, loin de la Ligne jaune, dans le quartier d'al-Shujaiya, à l'est de la ville de Ghaza. Toujours à al-Shujaiya, une source à l'hôpital baptiste, citée par Al Jazeera, a fait état du martyr d'un enfant suite à des tirs de l'armée israélienne qui ont fait un autre martyr dans la région d'al-Atatra, au nord de la bande de Ghaza, rapporte Al Jazeera qui cite une source au sein des services d'intervention et de secours.

Vers 14h, les bombardements d'artillerie ont repris sur Khan Younes blessant un père et sa fille, au-delà de la Ligne jaune, à Bani Suheila. Sur la situation humanitaire, le directeur du Bureau des médias du gouvernement à Ghaza, Ismail al-Thawabta, a appelé, hier lors d'une conférence de presse, à « contraindre Israël à respecter les termes de l'accord » du 11 octobre. «La bande de Gaza est le théâtre d'une catastrophe humanitaire sans précédent, où plus de 288.000 familles palestiniennes vivent un véritable calvaire, confrontées à des conditions climatiques extrêmes et à une absence totale des ressources minimales nécessaires à leur survie », a déclaré al-Thawabta.

Le responsable a indiqué que Ghaza a besoin actuellement de « 300.000 tentes et abris mobiles », reprochant à la communauté internationale de « n'avoir pas agi comme il se doit » sur ce dossier, et soulignant la persistance de l'occupation dans sa politique de « restrictions empêchant l'entrée de tentes, de bâches imperméables et de couvertures », et en « maintenant les points de passage fermés, retardant la mise en œuvre de l'accord de cessez-le-feu et se soustrayant à sa responsabilité d'appliquer le protocole humanitaire (...) poursuivant de nouvelles formes de génocide ».

L'intervenant appelle à l'entrée de « moyens de chauffage sûrs pour les enfants, les malades et les personnes âgées » et des « revêtements de sol pour éviter que les tentes ne se transforment en bourbiers », ainsi que des « couvertures, matelas et matériaux d'isolation thermique », des « unités de santé mobiles avec services d'eau et d'assainissement » et des « fournitures d'énergie alternative et d'éclairage ».

Les factions palestiniennes rejettent le projet de résolutionaméricain au Conseil de sécurité

Les factions et forces palestiniennes ont rendu public, dimanche, un «mémorandum politique » dans lequel ils mettent en garde contre « les dangers du projet de résolution américain soumis au vote du Conseil de sécurité », considérant qu'il s'agit d'une « tentative d'imposer une tutelle internationale à la bande de Ghaza et de promouvoir une vision favorable à l'occupation». Les factions palestiniennes estiment qu'en « transférant l'administration de Ghaza et les efforts de reconstruction à un organisme international supranational doté de larges prérogatives », le texte proposé « ouvre la voie à une hégémonie étrangère sur le pouvoir de décision national palestinien ».

La déclaration considère que « toute action humanitaire doit être gérée par les institutions palestiniennes compétentes, sous la supervision des Nations Unies et des organismes internationaux compétents, et dans le respect de la souveraineté palestinienne et des besoins de la population », rejetant toute « instrumentalisation politique ou sécuritaire de l'aide (humanitaire) ni utilisation à des fins de modification de la situation à Ghaza ».

Le mémorandum dénonce le « chantage sous contrôle étranger » et rejette la « marginalisation de l'UNRWA » dont ils réclament de « préserver le rôle (...) en tant que témoin international de la question des réfugiés et de leurs droits inaliénables ».

La déclaration des factions palestiniennes souligne également leur rejet de « toute clause relative au désarmement de Ghaza ou à toute atteinte au droit du peuple palestinien à résister et à se défendre » et rappellent que « ce droit est inaliénable et internationalement garanti », ajoutant que « toute discussion relative aux armes doit demeurer une affaire nationale interne, liée à un processus politique garantissant la fin de l'occupation, la création d'un État et l'exercice de l'autodétermination ».

Le mémorandum juge que le rôle attribué, par le projet de résolution américain, pour la force internationale, transformerait cette dernière « en une entité au service de l'occupation par une coordination directe avec celle-ci ».

A ce sujet, les factions et forces palestiniennes affirment que « toute force internationale devrait être pleinement soumise au mandat et à la supervision directe des Nations Unies et opérer exclusivement en coordination avec les institutions palestiniennes officielles », avec pour missions de « protéger les civils, l'acheminement de l'aide humanitaire et à la séparation des forces », sans conférer à l'occupation « aucune sorte d'autorité ou coordination sur le terrain ». La déclaration appelle aussi à la « mise en place de mécanismes de surveillance internationaux afin de tenir Israël responsable de ses violations continues et de la sécurité des civils, ainsi que de la famine qui frappe la population du fait de son contrôle des points de passage de Ghaza ». Les factions palestiniennes concluent leur mémorandum en affirmant que le texte proposé par le groupe des pays arabes et musulmans, membres du CS, pour la gestion de la bande de Ghaza « représente l'option la plus acceptable » et que tout accord concernant l'enclave doit reposer sur « la libre volonté du peuple palestinien, sur l'unité de la terre, du peuple et de la cause ».