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Economie: Le tourisme à la recherche de la bonne recette

par El-Houari Dilmi

  Un projet de loi définissant les règles générales d'usage et d'exploitation touristique des plages, a été adopté, la semaine dernière, par l'Assemblée populaire nationale (APN). Comment professionnaliser et moderniser le tourisme balnéaire en Algérie, tout en assurant une meilleure gestion des espaces littoraux, a été la problématique abordée, hier dimanche, par Arezki Chenane, professeur en sciences économiques à l'Université «Mouloud Mammeri» de Tizi-Ouzou.

Intervenant sur les ondes de la Radio nationale, l'économiste a d'abord salué l'effort d'investissement dans le secteur du tourisme avec de nombreuses nouvelles infrastructures qui voient le jour, «mais beaucoup reste à faire, notamment avec la nouvelle loi sur l'investissement qui accorde des avantages certains dans le secteur du foncier touristique», a-t-il estimé. «Les collectivités locales, les communes notamment, n'ont pas vraiment les moyens de développer le tourisme à l'échelon local comme c'est le cas au niveau des 14 wilayas côtières, faute d'organes capables de structurer ce secteur, exploiter les niches fiscales que génère ce créneau et répondre à la demande des touristes nationaux et étrangers», a expliqué l'invité de la Radio.

Et d'ajouter : «Il faudrait abandonner cette idée ancrée dans nos esprits selon laquelle le tourisme se limite à la seule saison estivale, cela est faux, le tourisme, pour se développer, doit être une pratique tout au long de l'année et pendant les quatre saisons», a-t-il plaidé. Et pour mieux exploiter les niches fiscales dont disposent les communes côtières, «il faut prélever toutes les autres taxes et pas seulement la taxe de séjour. Beaucoup d'autres taxes comme celle sur la restauration, les jardins publics, les parcs nationaux protégés ou encore les sites historiques et archéologiques ne sont pas prélevées à aujourd'hui, ce qui favorise l'activité informelle préjudiciable au Trésor public», a également expliqué le professeur en sciences économiques à l'Université «Mouloud Mammeri» de Tizi-Ouzou.

Un autre créneau comme celui de l'hébergement chez l'habitant, les maisons d'hôtes ou le tourisme d'affaires, est négligé par les communes, malgré les avantages qu'offre la loi dans ce domaine», a déploré l'économiste. «Le déficit qu'accuse le parc hôtelier, notamment au niveau des wilayas côtières, profite à l'activité informelle avec des particuliers qui louent leurs habitations en totale illégalité, tout cela doit être encadré par la loi», a-t-il indiqué, ajoutant que les offices de tourisme, installés au niveau des wilayas, «ne remplissent pas véritablement leur mission».

Le secteur du tourisme en Algérie «doit être hissé à un niveau de véritable industrie quand on connaît les effets d'entraînement que peut générer ce secteur sur toute l'économie du pays», a encore estimé l'hôte de la Radio. «Le tourisme aujourd'hui n'est plus un choix mais un impératif dans le cadre de la diversification économique, avec plus de 200 zones d'expansion touristique qui existent aujourd'hui», a ajouté l'économiste, révélant que le secteur du tourisme contribue pour moins de 1% au PIB.

L'introduction de la digitalisation pour améliorer l'attractivité du secteur du tourisme durable et respectueux de l'environnement, le tourisme de masse, avantages et inconvénients, ont été les autres points abordés par l'invité de la Radio.