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Autopsie d'une guerre express : 14 jours, 3 capitales, zéro vainqueur

par Laala Bechetoula

-I. Prologue : le feu sous la cendre

Tout commence dans le silence. Le 13 juin 2025, sans déclaration préalable, Israël engage une opération préventive contre plusieurs sites nucléaires iraniens. Baptisée « Rising Lion », l'opération vise les complexes de Fordow, Natanz, Isfahan et Tabriz, avec un soutien tacite – mais décisif – de Washington. Les frappes, décrites comme chirurgicales, provoquent plus de 220 morts, essentiellement des techniciens, scientifiques et personnels de sécurité. L'Iran promet une riposte « réfléchie et proportionnée ». Le compte à rebours d'un conflit à demi-officiel est enclenché.

-II. Riposte calibrée, conflit régional évité

Entre le 15 et le 17 juin, l'Iran active plusieurs fronts. Des drones et missiles atteignent Haïfa, Rehovot et Beersheba. On dénombre 13 morts côté israélien, tous civils. Le Hezbollah, les Houthis et les groupes irakiens chiites multiplient les démonstrations de solidarité. Mais l'Iran, fidèle à sa ligne, évite tout basculement dans un conflit total. Israël, de son côté, renforce sa riposte. Mais malgré l'intensité des échanges, aucune déclaration de guerre officielle n'est émise. Le conflit reste dans l'entre-deux : ni paix, ni guerre, ni paix armée.

III. Entrée fracassante des États-Unis : «Midnight Hammer»

Le 22 juin, la donne change. Le président Donald Trump, dans un style qui lui est propre, autorise une série de frappes aériennes directes contre Fordow, Natanz et Isfahan, cette fois par des bombardiers furtifs B-2 et des missiles de croisière. L'opération, baptisée «Midnight Hammer», vise à « éliminer la menace nucléaire iranienne ».

Mais le Pentagone lui-même nuance rapidement : les installations, profondément enfouies, n'ont pas été détruites mais simplement endommagées. Le programme iranien serait ralenti de quelques mois, tout au plus.

-IV. La riposte iranienne : frapper sans tuer

Le 23 juin, l'Iran choisit une réponse atypique : frapper la base américaine d'Al Udeid au Qatar, cœur logistique du CENTCOM au Moyen-Orient, mais après avoir prévenu Doha et Washington. Six missiles balistiques sont tirés, aucune victime n'est à déplorer.

Téhéran assume une riposte symbolique, mesurée et politiquement maîtrisée. Le message est clair : l'Iran peut frapper l'Amérique, mais choisit la retenue. Une stratégie de dissuasion à visée diplomatique plus que militaire.

-V. Trêve bancale et déclarations triomphales

Le 24 juin, Trump annonce un cessez-le-feu bilatéral immédiat. L'Iran respecte l'engagement, Israël tarde, puis bombarde une dernière fois des cibles près de Téhéran, avant de se taire. Trump déclare alors avoir « ramené la paix au Moyen-Orient ». Le lendemain, les marchés se calment, le pétrole chute, et les chancelleries saluent un «apaisement temporaire». Personne n'a vraiment gagné, mais chacun prétend avoir évité le pire.

-VI. Post-scriptum stratégique

Cette guerre express, sans nom ni déclaration, aura duré 14 jours, coûté plus de 700 vies, perturbé les flux énergétiques mondiaux et démontré plusieurs constantes géopolitiques :

l'Iran reste un acteur stratégique qui maîtrise sa riposte, y compris contre les États-Unis, sans céder à la provocation. Israël demeure militairement dominant, mais politiquement isolé dans la gestion de ses actions offensives.

Trump joue avec le feu pour récolter les lauriers du pompier. Sa posture unilatérale rappelle les logiques de l'Amérique de 2003, en plus théâtrale. Enfin, le grand absent de cette guerre fut encore une fois la Palestine, laissée dans l'ombre, malgré son rôle central dans les équilibres de la région.

-Conclusion : une guerre pour mémoire

La guerre n'a pas eu lieu. Pas vraiment. Elle s'est déroulée dans les couloirs de la dissuasion, les interfaces numériques des drones, les tweets de la Maison-Blanche, et les calculs de missiles qui n'ont pas explosé. Mais elle a laissé des traces. Sur les cartes. Dans les esprits. Et dans cette vérité désarmante : le monde est capable de vivre 14 jours à un souffle du cataclysme... sans jamais l'appeler par son nom.